Hyères-Toulon champion, une histoire de résilience : « Du pain rassis au pain béni »
William Dumas, premier repreneur du club, dans les bras d’Oumarou Baradji après le titre
Six ans après la fin de son chemin de croix en Pro A, symbolisé par une dernière défaite à Gravelines (63-79), le HTV est de retour dans le giron de la LNB, enfin en Pro B où il était censé évoluer à partir de la saison 2018/19.
Entre-temps, Hyères-Toulon a vécu six années de purgatoire dans l’anonymat des championnats nationaux, avec une avalanche de coups durs : la cession des droits sportifs au Paris Basketball, deux saisons fauchées en plein vol par le Covid, la fermeture forcée du gymnase des Rougières pour un problème de toiture, celle de l’Espace 3000 à cause de la structure du bâtiment, la rétrogradation en ligue régionale, les 400 000 euros de trou, la démission en pleine présaison du coach Vincent Chetail, celle par SMS de Laurent Sciarra, la saison cauchemar en NM1 avec une relégation sportive, etc. Mais la roue a fini par tourner… Sacré champion de France NM1 mardi contre Tours (92-77), le HTV a vécu une soirée exceptionnelle, qui le replace dans la cour des grands. Sur le parquet du Palais des Sports, entre deux étreintes, parole à ceux qui ont redressé le club.
William Dumas (GM et repreneur du HTV en 2018) : « Je revois quand Monsieur le Maire est venu me voir dans mon bar-restaurant. Il m’a dit qu’il faudrait que j’aille aider le club. Je me suis retrouvé au Golf Hotel avec Valentin Castel et cinq mecs. Je me suis dit : « Waouh, on part de loin » ! On a charbonné, on a eu des mecs en or pendant toute cette période. J’ai une grosse pensée pour Val’, pour tous ceux qui sont passés pendant ces six ans et ont fait un job de fou.
Au moment de la redescente pour la NM3, j’avais donné quatre ans pour la NM1. On a réussi à le faire, malgré deux années Covid. On a vécu la montée la plus compliquée de la Terre avec Lolo Sciarra. On se retrouve en NM1 et on nous annonce qu’il y a 400 000 euros de trou : on n’a même pas bu une bière ensemble alors qu’on est champions de France 2022. Trouver 400 000 euros en trois semaines, il fallait le faire. S’il n’y avait pas eu Vincent Masingue et toutes les personnes qui nous ont aidé… Ensuite, on a connu des débuts compliqués en Nationale 1 car on n’avait pas bien préparé la saison, pour les raisons évoquées. Mais on s’est battu en coulisses. Des histoires comme celles de ce titre, il n’y en a pas beaucoup en fait. Ce sont des histoires de potes, d’hommes. »
Vincent Masingue (ancien président et assistant-coach de l’équipe de NM3) : « C’est inespéré car vu d’où l’on vient, on ne s’attendait pas à ça. Il n’y a pas de gros talent dans le groupe, mais une équipe qui arrive à dominer la NM1 avec une défense exceptionnelle et un état d’esprit remarquable. Pour le HTV, c’est de l’or en barre. C’est du pain béni alors qu’on a mangé beaucoup de pain rassis ces derniers temps, notamment l’année dernière. Il y a beaucoup de problèmes en série qui sont arrivés et aujourd’hui, c’est tout l’inverse, il y a tout qui va bien : on a le public, le partenaire, les finances, la montée en Pro B. Parfois, il faut juste tenir un peu pendant la tempête pour que l’horizon ne s’éclaircisse… Cette montée arrive au bon moment pour le club qui en avait besoin, aussi. Il n’y a eu que des coups durs. Des fois, c’est bien que ça tourne un petit peu… Les salles, les 400 000 euros de trou, le repêchage, les anciennes histoires, Laurent Sciarra qui s’en va, etc : au milieu de tout ça, on a tenu ! C’est bien de rester vivant et qu’il se passe ce genre de choses derrière… C’est une belle histoire ! »
Le parcours du HTV depuis sa rétrogradation en NM3
- 2018/19, NM3 : Vainqueur de la Poule A (21v-1d), demi-finaliste des playoffs (défaite contre Lille 2)
- 2019/20, NM2 : 8e de la Poule A (8v-11d), saison interrompue
- 2020/21, NM2 : 2e de la Poule A (4v-2d), saison interrompue
- 2021/22, NM2 : Champion de France
- 2022/23, NM1 : 4e de la poule basse (9v-25d), relégué sportivement en NM2 mais repêché
Propos recueillis à Toulon,
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