Le pionnier Henry Fields est décédé : adieu à l’une des premières légendes américaines du championnat de France
Henry Fields, ici en mai 2018, s’est éteint à l’âge de 86 ans
Premier Français drafté en NBA (en 1960, au 64e rang, par les Minneapolis Lakers), Jean-Claude Lefebvre a changé une vie sans le savoir. Quelque part aux États-Unis, à l’aube des années 60, un nouvel engagé dans l’US Army s’est souvenu d’un article de Sports Illustrated consacré au géant français au moment de choisir sa destination pour son service militaire. Ce sera Orléans. Cet homme, c’était Henry Fields. Et il n’a plus jamais quitté la France avant de s’éteindre cette semaine à l’âge de 86 ans à Toulouse rapporte BasketEurope…
Premier étranger intronisé à l’Académie du basket français, en 2014, Henry Fields a laissé une trace indélébile. D’abord joueur amateur à l’OC Orléans, tout en étant champion du monde militaire avec les États-Unis, le New-Yorkais est devenu le premier Américain noir du championnat en étant embauché par le Paris Université Club en 1962. Première division, oui, mais statut de joueur amateur tout de même, avec un chèque de 500 francs par mois à la clef. « À peine de quoi se payer une chambre de bonne glaciale, quand le moindre stagiaire était mieux payé que moi », raconta-t-il à Sud Ouest en 2019. « Personne ne s’en doutait mais la nuit, je m’enveloppais dans trois ou quatre couvertures récupérées à l’armée. » Ce qui ne l’empêche pas de jouer un rôle instrumental dans le doublé Championnat – Coupe du PUC en 1963.
Le meilleur pivot américain du siècle ?
Ensuite passé par le Stade Français, l’Olympique d’Antibes et l’AS Monaco, il remportera un titre de champion France supplémentaire (avec Antibes en 1970), tout en étant élu meilleur joueur étranger du championnat. Également sacré à deux reprises à l’échelon inférieur (avec Antibes en 1968 et Monaco en 1973), Gentleman Fields a durablement modifié le basket français. « C’était une révolution », s’est souvenu son ex-coéquipier au PUC, Michel Rat, interrogé par L’Équipe en 2018. ‘Fields était un grand rebondeur, il jouait un basket vertical, c’était nouveau pour le Championnat, il nous a amené une dimension supplémentaire, ce qui nous manquait pour être champions de France en 1963. » Ainsi, il se targuait d’avoir été élu meilleur pivot américain du siècle en 2000…
Passionné par le jeu, Henry Fields s’est ensuite attaché à transmettre. Déjà avec Antibes, il était entraîneur – joueur lors du titre en 1970. Puis il coachera Tararen Rennes, Ville-d’Avray, et même un temps les pivots des Bleus. En 1998, l’Américain décide de s’installer à Auterive, en périphérie toulousaine, et y fonde son club de basket, l’US Auterive (ou l’USA), dans une région de rugby. La salle y porte son nom et des générations de petits Auterivains ont pu bénéficier de ses conseils éclairés sur le jeu. Les conseils d’un pionnier. Les conseils de la première légende américaine du championnat de France.
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