Peu de temps mais « un vrai chantier » : les Bleus lancés dans un contre-la-montre avant la Coupe du Monde
Vincent Collet a fait le décompte : « 15-16 entraînements » avant le début de la Coupe du Monde, maximum. Et encore… « Celui de ce (mardi) soir n’en était pas véritablement un », tempérait le sélectionneur, à peine arrivé à Pérols, le traditionnel quartier montpelliérain de l’équipe de France. « On a fait cinq heures de bus pour venir, on ne pouvait pas trop tirer sur les joueurs. » Peut-être pourra-t-on finalement compter le match amical de lundi contre la Tunisie (93-36) dans la catégorie entraînement, tant l’adversité était relative : une sorte de séance grandeur nature, en somme.
Dans le jeu, tourner la page de 2022
À Pau, malgré la faiblesse tunisienne, les Bleus ont pourtant affiché des intentions intéressantes, surtout une application remarquable, sans baisse de concentration alors que tout poussait à la légèreté. Comme s’ils étaient conscients de l’urgence avant le grand rendez-vous canadien du 25 août, comme s’il fallait réellement maximiser chaque minute passée sur le parquet avant Jakarta. « Cela nous a permis de dérouler des systèmes, de voir certaines choses », avance Vincent Collet. Notamment une vraie volonté de se partager le ballon : 29 passes décisives lundi. « La dernière chose que j’ai dite aux joueurs ce soir (mardi), c’est d’être capable de maintenir ce niveau de renversements (de balle) face à une opposition plus forte », poursuit le sélectionneur. « On comptabilise ces renversements : nous sommes persuadés que plus on en fait, plus on est efficace. L’année dernière, c’est quelque chose qui manquait beaucoup. On jouait beaucoup trop direct, tout droit. »
Un EuroBasket 2022 qui ne restera effectivement pas dans les annales de par la qualité de jeu développée, à cause notamment de l’absence des deux facilitateurs que sont Nando De Colo et Nicolas Batum. À Cologne puis Berlin, les Bleus ont lassé, frustré par leur manque de maîtrise des fondamentaux, agacé par une immense propension à gaspiller des minutions (20 balles perdues minimum lors des phases finales). Et cela était parti d’une préparation bancale… « Elle n’était pas parfaite », acquiesce Moustapha Fall, directement concerné par ce constat puisqu’il avait réintégré l’équipe en toute dernière minute en Allemagne. « Dès le début, on sentait qu’il y avait plus de faiblesses qu’aux Jeux Olympiques. Il manquait des cadres, il y avait des blessés, j’avais moi-même joué sur une jambe. On était allé jusqu’en finale mais sans réellement avoir notre destin en mains, surtout en profitant des faiblesses adverses. Cette année, ce n’est pas la même chose. On est tous au complet, tous de bonne humeur et on va essayer de monter en puissance. On veut proposer un meilleur basket que l’an dernier, avoir plus de consistance, être plus en contrôle. »
La raquette du Monténégro, premier vrai test
D’où l’importance d’optimiser tous les instants des trois prochaines semaines. « Quoiqu’on fasse, la préparation sera trop courte », regrette Vincent Collet, qui a dû adapter ses plans mi-avril après un nouvel accord entre FIBA et NBA sur la période de mise à disposition des joueurs. « On a tellement peu de séances que ce n’est pas évident de mettre des choses en place. J’espère qu’on aura tout notre jeu en place d’ici 10 jours. » D’ici là, l’ancien entraîneur des Metropolitans 92 est obligé de se cantonner à une portion congrue : 5 systèmes, exactement, utilisés jusqu’ici, avec un sixième en préparation pour le Monténégro ce mercredi. « Je réduis très fortement la voilure. Il n’y a pas à être frustré, il faut s’adapter. Petit à petit, on va rajouter des choses, ça nous permettra d’observer ce qu’il nous manque. Contre des équipes plus huppées, on verra si l’on peut jouer avec un catalogue réduit ou si l’on peut étoffer. L’important est la progression défensive, il y a un vrai chantier aussi. On veut plus de variétés défensives. On a commencé à travailler sur la zone contre la Tunisie et on ne voudrait pas s’arrêter là. Avant d’avancer, il faut stabiliser les premiers apprentissages. »
À ce titre, le match contre le Monténégro fera office de premier marqueur d’envergure. « On l’attend avec impatience », souligne Vincent Collet. Qualifiée pour la Coupe du Monde, la petite nation des Balkans a une vraie carte à jouer à Manille avec un groupe abordable (Mexique, Égypte, Lituanie) et se présente à Montpellier avec un superbe secteur intérieur : Nikola Vucevic, le double All-Star des Chicago Bulls, et Bojan Dubljevic, l’ancienne icône de Valence. « C’est une bonne chose, il faut qu’on soit confronté à de la difficulté pour continuer à progresser et avancer », insiste le technicien normand, rejoint par Moustapha Fall. « On sait qu’on n’aura pas toujours des oppositions comme la Tunisie, et heureusement d’ailleurs. On va monter en température. L’important est de trouver de la cohésion d’équipe, à la fois offensivement et défensivement. » Pour offrir une nouvelle victoire aux 10 700 spectateurs de Montpellier ? Pas nécessairement, même si évidemment, ce serait préférable. « Le résultat est secondaire, on veut surtout travailler sur les aspects que l’on doit améliorer. » Soit tout le principe d’un contre-la-montre…
À Montpellier,
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