Le miracle Matthew Strazel : les Bleus sauvés d’un énorme couac contre le Japon !
Matthew Strazel lors de son 3+1 contre le Japon, pour arracher la prolongation.
« Je vais aller faire un petit bisou à Matthew », a lâché, à notre attention, l’analyste vidéo Bryan George en quittant la tribune de presse. Et un de notre part, aussi. Et de la part de tout le basket français. Parce que là, le jeune meneur de l’AS Monaco a tiré l’équipe de France d’un pétrin incommensurable. De quoi, concrètement ? De l’une des plus grandes défaites de son histoire, déjà. Et surtout d’un vertige absolu pendant trois jours, à un souffle d’une élimination prématurée dès le premier tour de ses propres Jeux Olympiques. Matthew Strazel a sauvé les Bleus de 72 heures sur un fil, et d’un faux 1/8e de finale horriblement stressant contre l’Allemagne. Au lieu de cela, victorieux 94-90 après prolongation, les hommes de Vincent Collet se retrouvent dans une situation idéale, engagés dans une finale de groupe programmé vendredi face aux champions du monde.
« Matthew a quasiment sauvé le tournoi ! »
Et pourtant, à 16 secondes de la fin, comment imaginer un tel scénario ? Les Bleus étaient menés 80-84, avec un seul panier marqué depuis la 34e minute, un triple d’Evan Fournier à l’entame de la dernière minute. Presque sans espoir viable de s’en sortir. « On ne peut pas donner de consigne pour un 3+1 », retrace Vincent Collet. On peut juste espérer un miracle. Et c’est ce qui s’est passé. « Je leur ai dit qu’on n’avait pas forcément besoin d’un 3-points », reprend le sélectionneur. « Mais on n’a pas pu scorer rapidement. Evan aurait pu shooter, sauf qu’il n’était pas ouvert, c’était une bonne idée de renverser le ballon, il est arrivé entre les mains de Matthew. Son tir est excessivement difficile, j’ai même cru qu’il allait être contré. On ne peut jamais s’attendre à un 3+1 mais on le prend. »
🗣️ Victor Wembanyama : « C’est le plus gros shoot de la vie de Matthew ! »
— BeBasket (@Be_BasketFr) July 30, 2024
Un shoot en déséquilibre vers la gauche, avec une faute légère de Yuki Kawamura, qui vient confirmer deux choses. La première, c’est que Matthew Strazel est béni des Dieux : à 21 ans, le voici déjà quadruple champion de France et auteur d’un shoot historique sur la plus grande scène mondiale. La seconde, c’est qu’il n’a aucune peur. La première fois qu’on l’a vu en pro, un soir d’octobre 2019 en EuroLeague, on avait découvert un gamin sans peur, capable d’enquiller trois shoots longue distance contre Baskonia en seulement 13 minutes. Une forme d’insouciance, ou d’imperméabilité, dont il ne s’est jamais défait depuis : c’est d’ailleurs, aussi, grâce à cela qu’il est aux JO aujourd’hui, brillant lors de sa toute première sélection à Brest contre la Croatie, pas intimidé par le contexte. « Il peut avoir ce petit éclair de folie, ce petit je n’ai pas peur, qu’on a connu avec un Thomas Heurtel », applaudit Rudy Gobert. « C’est un joueur que je n’ai jamais vu reculer, peu importe le niveau », relève Victor Wembanyama, son coéquipier depuis l’équipe de France U19. « La première fois que j’ai joué contre lui, on avait 10 ou 11 ans, c’était Nanterre contre Marne-la-Vallée. Il était le plus petit sur le terrain, l’un des plus jeunes, mais il avait cette fouge, cette volonté d’être un leader, un scoreur. Depuis le début, j’ai toujours qu’il avait cette personnalité et ce feu en lui. Ça ressort dans les gros matchs. »
Des émotions évitables
Alors on retiendra cela. Et les 26 900 spectateurs du Stade Pierre-Mauroy ont quitté la salle avec le palpitant au maximum et des émotions pour une vie. Mais comment en est-on arrivé là, des vice-champions olympiques suspendus à un miracle face au Japon, 26e nation mondiale, intercalée entre le Mexique et l’Iran ? « Mais quel statut on a ?! Vice-champion d’Europe, vice-champion olympique, c’était il y a 2-3 ans les gars », réfute Evan Fournier. La réalité est que cette équipe de France-là est friable face à n’importe qui. Il y eut certes un côté irrationnel avec Yuki Kawamura (1,72 m), talentueux liliputien, MVP du championnat japonais, auteur du match de sa vie (24 points à 9/26, 7 rebonds et 6 passes décisives), même s’il est – heureusement – essoufflé sur la fin (3/16 dans le quatrième et en prolongation). Il y eut un Japon possédé par ce qui aurait pu être l’une des plus grandes victoires de son histoire, malgré l’expulsion de son meilleur joueur, Rui Hachimura (24 points à 10/16), dès la 32e minute. Et il y eut surtout, avant la prolongation maîtrisée (6-10) grâce au réveil de Wembanyama (8 de ses 18 points), une incapacité permanente à contenir le jeu des hommes de Tom Hovasse, malgré un staff français pianotant en permanence sur son banc pour trouver les bonnes options : small-ball, switchs permanents, Coulibaly dans le cinq de la deuxième alors qu’il n’avait pas joué auparavant…
« Il faut mieux connaître nos forces », lance Victor Wembanyama, dans une phrase pleine de sous-entendus. « Il faut faire confiance au coach et au scouting. Ce sur quoi, ils nous ont fait mal, c’est sur ce quoi on a travaillé. Il faut peut-être avoir une confiance aveugle dans le scouting report pour être mieux préparé. » À la hauteur de celle que l’on peut porter à la vision d’un Matthew Strazel balle en main dans le money-time…« Il a quasiment sauvé le tournoi », lance Nicolas Batum. Et lui sait de quoi il parle. Le héros de Saitama peut accueillir quelqu’un à sa table.
À Villeneuve-d’Ascq,
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