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France – Chine, aux portes du grand monde : « Nous avons tout à gagner »

À 10h jeudi matin, l'équipe de France sera opposée à la Chine en quart de finale de la Coupe du Monde féminine. Satisfaites de s'être sorties de la première phase, les Bleues sont conscientes que leurs chances sont limitées face à l'équipe de Xu Han (2,05 m). Mais elles espèrent atteindre le dernier carré pour la première fois depuis 1953 !
Crédit photo : FIBA

« Il ne faut pas oublier d’où l’on vient et il est important de préciser que notre poule était dure », sourit Alexia Chartereau. Il est vrai que les Bleues ont déjà enregistré une première satisfaction majeure dans cette Coupe du Monde : en ce mardi 28 septembre 2022, elles sont toujours à Sydney et pas dans l’avion du retour. Ce qui était loin d’être gagné à la base, au vu de la cascade de forfaits (Sandrine Gruda, Marine Johannès, Endy Miyem, Olivia Epoupa, Alix Duchet, Valériane Vukosavljevic…) et de l’exceptionnelle densité du groupe A. Mais forte de ses deux succès marquants contre l’hôte australien et son ex-bourreau japonais,l’équipe de France s’en est sortie et a gagné sa place dans le tableau final. « C’était déjà un gros pari de nous mettre en quart de finale, pas grand monde ne nous voyait ici au départ », renchérit la capitaine Sarah Michel.

La Chine, nouvel épouvantail

Il y a pourtant un bémol à apporter à ce joli tableau, un tenace sentiment de gâchis qui continue d’envelopper l’atmosphère depuis mardi. Alors que les filles de Jean-Aimé Toupane avaient l’occasion de se faciliter l’accès au carré final, avec des oppositions contre la Belgique ou Porto-Rico, elles ont finalement cédé contre la Serbie (62-68), battues par un tir désespéré de Sasa Cado dans la dernière minute. Si la défaite aurait pu complètement boucher l’horizon de l’équipe de France en la précipitant dans les bras de l’invincible Team USA, le tirage n’a finalement fait que l’obstruer en lui attribuant la Chine. Le chemin sera long, exigeant et difficile mais il a au moins le mérite d’exister… « Par rapport aux États-Unis, c’est un moindre mal de jouer la Chine », souffle le sélectionneur, rejoint par Alexia Chartereau. « Nous avons toutes eu la même réaction après le tirage. Même si ce sera dur, nous étions forcément un peu contentes et plutôt rassurées. On ne va pas se mentir : c’est mieux de jouer la Chine. »

Xu Han et ses 2,05 m, une muraille sur la route de l’équipe de France (photo : FIBA)

Les chances tricolores sont peut-être plus élevées que face à Team USA mais il n’empêche que la sélection de l’Empire du Milieu ressemble de plus en plus à un nouveau géant du basket mondial. À créditer d’une victoire sensation face à l’Australie l’an dernier à Tokyo (74-72), invaincue en poule, elle avait toutefois cédé dès le premier match couperet, en quart de finale, contre la Serbie. Un vécu collectif que la Chine pourra opposer à la toute nouvelle escouade tricolore puisque dix des douze joueuses étaient déjà présentes aux JO. Dans la nouvelle hiérarchie planétaire, l’équipe de Zhang Wei – meilleure défense du tournoi avec 57,4 points encaissés par match – se classe ainsi à la deuxième place théorique. « On les voit en second derrière les États-Unis », acquiesce Jean-Aimé Toupane. L’ancien bâtisseur de Clermont-Ferrand a eu l’occasion d’observer leur jeu métronomique de près puisque son début de mandat a été entaché par une véritable déroute à Belgrade en février contre ces mêmes Chinoises (70-101). « La Chine est une très grande équipe, qui travaille pratiquement toute l’année ensemble », dit-il. « Elles sont en place depuis cinq – six ans. »

Pour une première depuis 69 ans ?

De fait, sachant qu’un scrimmage a également été organisé à Paris en août (encore soldé par une défaite mais beaucoup plus convaincant), les Bleues ne partiront pas dans l’inconnu jeudi. « Les Chinoises jouent bien ensemble car elles évoluent ensemble toute l’année », embraye Alexia Chartereau. « Ça va être un match dur dans l’intensité. Ce sont des filles hautes à tous les postes. Elles aiment vraiment le jeu de relance, elles aiment courir. Maintenant qu’on sait ça, à nous d’essayer de bloquer cet aspect et de prendre l’avantage sur ce qu’on peut faire. » Et accessoirement de moins souffrir qu’à l’accoutumée au rebond, secteur défaillant depuis le début de l’été. Malheureusement, lorsqu’on se rappelle de la nouvelle gabegie face à la Serbie (25 rebonds à 44, 16 rebonds offensifs abandonnés) et que l’on aperçoit l’angoissante silhouette des tours jumelles Yueri Li (2,00 m) – Xu Han (2,05 m) à l’horizon, il n’y a pas vraiment de quoi être serein… « Nous sommes en difficulté mais on essaye de mettre des choses en place pour le match de demain et j’espère que ça marchera », tente de rassurer Jean-Aimé Toupane. « On peaufine notre plan de jeu. Même si elles sont grandes et mobiles, il faudra batailler pendant 40 minutes pour les tenir éloignées du cercle. »

Kendra Chery et les Bleues devront exister au rebond pour espérer survivre (photo : FIBA)

Peu les voyaient franchir l’obstacle du premier tour, peu les voient gravir la montagne chinoise, mais ces Bleues-là sont pourtant face à leur destin, avec la possibilité d’adoucir une histoire contrastée avec la Coupe du Monde. Demi-finaliste lors de sa première participation en 1953, l’équipe de France n’a plus atteint le dernier carré depuis cette date-là ! « Je sens mon groupe concentré et excité d’avoir cette opportunité de jouer un quart de finale de Coupe du Monde », avance le sélectionneur. « Il y a une volonté de bien faire et d’avoir une réaction après notre défaite de la Serbie. Il reste de la déception mais la force de cette équipe est sa capacité à vite passer à la prochaine étape. On se dit qu’on a encore une chance et l’opportunité de continuer l’aventure. Ce groupe n’a pas envie de s’arrêter là. » Depuis cinq éditions, le quart de finale sonne pourtant à chaque fois le glas des ambitions tricolores, avec cinq éliminations consécutives à ce stade. « C’est LE match à gagner dans une compétition si l’on veut avoir un résultat élevé », reconnait Alexia Chartereau. « Une part du travail est fait en sortant de la poule mais nous sommes toutes des compétitrices : maintenant qu’on est là, on veut toutes aller plus loin, on veut forcément décrocher le dernier carré. » Auquel cas la Coupe du Monde de l’équipe de France serait considérée comme une authentique réussite pour la première de Jean-Aimé Toupane. A contrario, une défaite – selon la physionomie du match, cependant – ne viendrait pas remettre en cause le constat d’une compétition encourageante pour l’avenir, quoique irrégulière, puisque le contrat de base a été rempli. « Nous avons tout à gagner », résume Sarah Michel. « Tout le monde place la Chine en favorite du match. C’est une bonne équipe mais nous avons aussi des choses à faire valoir… » Pour le véritable acte de naissance de la nouvelle génération ?

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