Evan Fournier : « Je suis plus serein que pour la demi-finale »
Evan, qu’est-ce que ça provoque chez vous de pouvoir devenir champion d’Europe demain soir ? Est-ce que ça va être le match de votre vie ?
Pour être honnête, pas du tout. Je suis beaucoup plus serein qu’hier. Avec mes différentes expériences en équipe de France, j’ai plus eu d’appréhension sur la demi-finale parce que j’en ai le plus perdu tout simplement. Personnellement, je me suis vu passer à côté de grandes choses en demi-finale et ça marque. Quand tu perds pour la première fois en équipe de France en 2014, tu te dis que tu passes à côté d’une finale mondiale. L’année d’après à domicile, tu perds un Euro que tu étais censé gagner, ça marque. Et rebelote en 2019. Les demi-finales m’impactent plus que les finales. Une finale, il n’y a pas de calculs et aucun stress à avoir. En demi-finale, il y a le match pour la troisième place et tu te bats pour pas-grand-chose. Être troisième, c’est pour dire aux gens que tu ramènes quelque chose et je redoutais beaucoup ça.
Vous nous disiez que contre la Slovénie, vous n’éprouviez pas de rivalité particulière. Contre l’Espagne, est-ce que tu en sens une ?
Dans notre groupe par rapport aux Slovènes, ce n’est pas qu’il n’y a pas de rivalité. Mais il y a quelque chose de grandissant quand même. Je pense que nous sommes deux nations qui vont s’affronter durant de longues années. Ça a commencé en 2017 et ça va déjà faire trois ans qu’on se joue dans les compétitions internationales. Pour moi et pour notre groupe, c’est plus une rivalité que contre les Espagnols. L’Espagne, c’est vraiment par rapport aux anciens. Pour être honnêtes avec vous, Boris (Diaw) donnait l’impression que c’était un joueur. Il voulait mettre son short, ses chaussures et mettre des « coups » (il sourit.). Notre coach, les kinés, etc, ils ont vécu beaucoup de mauvais moments contre l’Espagne et ça se ressent chez eux. Chez nous les joueurs moins, car des mecs comme Rudy (Gobert), Thomas (Heurtel) ou moi, on arrive en 2014 et on gagne contre eux. Certes, on perd en 2015, mais ce n’est pas pareil. Je ne suis même pas sûr que du côté des joueurs, il y a une aussi grosse rivalité. Nous sommes au courant de l’historique, mais je n’ai jamais eu de haine contre eux.
« Il faut apprendre de ses erreurs »
Comment voyez-vous l’évolution de l’équipe au fil de la compétition ? Il y a eu du chemin parcouru…
Oui. Chaque compétition a son histoire. Je me méfie beaucoup des préparations où tout va bien et des phases de poules où tu marches sur tout le monde. Il faut apprendre de ses erreurs et quand tu gagnes, ce n’est pas forcément la meilleure chose pour apprendre. Nous avons eu pas mal de passages à vide, même en 1/8e et en 1/4 de finale. L’important, c’est d’avancer et de progresser. Maintenant, nous sommes dans une position qui est plutôt confortable. Nous avons de la marge, on se connaît. Le fait d’avoir eu pas mal de mauvais passages ça nous renforce dans l’idée qu’en faisant un match complet, nous pouvons battre n’importe qui.
Au début de la compétition, comment vous imaginiez l’Espagne ? Vous la preniez au sérieux pour la médaille ou plutôt pour une équipe en reconstruction?
Je pense que s’il y avait un pronostic à faire, je n’aurai pas misé sur l’Espagne en finale. Ils étaient dans une poule plutôt ouverte, ils sont montés en puissance. L’Espagne a un savoir-faire particulier en Europe et est extrêmement bien coachée par le coach le plus titré de l’histoire en Europe sur les compétitions internationales (Sergio Scariolo). C’est un très grand coach avec une très grande connaissance et qui propose beaucoup de choses différentes. C’est très embêtant, car ils arrivent toujours à trouver une solution. L’Espagne a une notion d’équipe qui est très marquée et ça ne tourne jamais autour des individualités. Ça se ressent dans leur groupe chaque année, peu importe les joueurs présents. C’est la force de l’Espagne.
« Vincent Collet est un très bon tacticien »
Qu’est-ce que Vincent Collet a fait pour faire progresser constamment ce groupe depuis le début de la préparation ?
Vincent, on le connaît. C’est un très bon tacticien et il a beaucoup évolué depuis que je suis en équipe de France. Il est très bon pour analyser les matchs et pointer du doigt ce que nous faisons mal, pourquoi on le fait mal et comment on peut s’améliorer. Notre rôle, c’est juste d’intégrer ce qu’il nous dit, le comprendre quand il y a la vidéo et essayer de changer les choses sur le terrain. Encore une fois, le staff a fait du très bon boulot.
Vous parliez de Lorenzo Brown au début de la préparation sur le fait qu’il ne comprenne pas un seul mot d’Espagnol. Au vu de sa compétition, est-ce que ça vous agace un peu ?
Il est dans l’équipe qui jouera face à nous. C’est comme ça. La question m’a été posée avant, j’avais donné mon avis. Maintenant, nous sommes dans la compétition et on ne regarde pas qui est qui, on joue les mecs que nous avons en face de nous et on ne se pose pas de questions. Il n’y a pas de frustration à avoir, c’est autorisé et il est là. C’est vrai qu’il fait une très belle compétition, l’Espagne en est là en partie grâce à lui et ça sera une des clés du match de demain.
Quel message souhaitez-vous faire passer à vos supporters pour demain ?
Qu’ils viennent déjà (Il rit.) Et qu’ils nous poussent pour ceux qui font le déplacement. Ça donne un vrai élan quand on est sur le terrain. C’est aussi pour ça que j’ai dit que je préférais jouer l’Allemagne chez elle, car on se nourrit de l’énergie des fans, que ce soit pour nous ou contre nous. Parfois, quand c’est sur terrain neutre, la salle peut être un peu trop spectatrice et pour une finale, on n’a pas envie de ça. C’est pour ça que si les supporters français peuvent être là pour nous pousser et nous donner de l’énergie, ça peut faire la différence.
Bon maintenant ramenez tous vos culs a Berlin et retournez la salle. Merci #EuroBasket
— Evan Fournier (@EvanFourmizz) September 16, 2022
Propos recueillis à Berlin,
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