Élie Okobo, le tacle puis l’orgueil
« Les gars, c’est juste un temps-mort… » Evan Fournier avait beau de tempérer l’affaire en zone mixte, le mal était déjà fait. Une vidéo déjà vue des centaines de milliers de fois sur X (ex-Twitter), qui a affolé les réseaux sociaux. Il faut dire que la séquence a de quoi interpeller : un coach qui prend volontairement un joueur à partie pour en encourager un autre. En l’occurrence, Vincent Collet qui tacle publiquement (car il ne pouvait ignorer la perche micro tendue au-dessus de lui) Élie Okobo afin d’inciter Sylvain Francisco à se lâcher. « Sylvain, détends-toi… N’écoute pas Élie. Élie, il ne veut pas jouer mais ne fais pas comme lui s’il te plaît, d’accord ? Sois à fond. »
🇫🇷🗯️ Vincent Collet pendant le temps mort : "Sylvain, écoute pas Elie il veut pas jouer !"#LIBFRA pic.twitter.com/vHkNBS7bd0
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) August 29, 2023
Le tout au plus fort de la tempête, à +8 pour le Liban (25-33, 15e minute), après un premier passage anonyme du Monégasque, tout juste sorti après 9 minutes improductives (0 point à 0/1, 1 rebond et 1 passe décisive). « Son comportement ne me satisfaisait pas », a-t-il ensuite expliqué. « C’est son rôle à Vincent », approuvait tout de même Evan Fournier. « Quand on est sur le terrain, on ne capte pas tout. Vincent a une vision plus globale du truc. S’il sentait ça, il le dit. Et qu’a fait Élie après ? Ça a marché. »
« Je me suis réveillé en seconde mi-temps, et voilà »
Relancé à la 28e minute (50-55), le Bordelais n’a plus été ressorti du parquet ensuite. Et pour cause, il a certainement livré son plus beau passage international en 35 sélections sous le maillot bleu. Dans le seul dernier quart-temps, il a compilé 12 points à 4/6, 3 passes décisives et 1 interception, avec la panoplie complète du parfait attaquant : du tir lointain, des drives, de la création de jeu. Et même un peu de défense… « Les mots de Vincent Collet ? Je me suis réveillé en seconde mi-temps, et voilà », a-t-il répondu, dans sa sobriété traditionnelle devant les micros. « Je ne voulais pas me prendre la tête, jouer au basket, montrer que je suis encore un joueur de basket et que je peux apporter à cette équipe. »
Des ambitions légitimes pour l’un des meilleurs sixièmes hommes de l’EuroLeague, réduit à la portion congrue depuis le début à la Coupe du Monde, tant par sa faute que celle du staff. Dépassé par la dimension physique des arrières canadiens en ouverture, l’enfant de l’Élan Béarnais avait passé les 15 premières minutes de la seconde mi-temps à s’enliser défensivement (de 40-43 à 52-85), sans qu’il ne soit jugé préférable de le sortir à un moment donné. Deux jours plus tard, il n’avait eu droit qu’à 3 minutes et 51 secondes de jeu. Pour un bilan indigne de son statut : 1 point à 0/6 et -3 d’évaluation en cumulé. « Il souffrait dernièrement », confirme Nicolas Batum. « Il traverse des moments difficiles, ça arrive à tout le monde. On a essayé de le remettre en place, Vincent lui a parlé directement, et moi aussi. Il a eu une grosse réaction (après le temps-mort). Parfois, tu as peur que ton coach te challenge mais c’est une bonne chose. Il a été très bon et je suis vraiment content pour lui. »
Toujours dans le coup pour Paris 2024 ?
Une réaction d’orgueil, tout à son honneur, qui aura au moins le mérite de lui permettre de ne pas complètement hypothéquer son avenir immédiat en équipe de France, contrairement à ce qui est arrivé à Théo Maledon ou Timothé Luwawu-Cabarrot l’an dernier. Même si les trois derniers matchs tricolores français à Jakarta sont sans enjeu, Vincent Collet tente de faire passer le message qu’ils sont désormais la première rampe de préparation vers Paris 2024. Et pour vivre l’olympiade à la maison, censée représenter le rêve d’une carrière, mieux vaut ne pas faire trop mauvaise impression maintenant… « Je suis content qu’il ait été l’un des artisans de la victoire à la fin et surtout qu’il ait montré un visage beaucoup plus enthousiaste et conquérant en seconde mi-temps », salue le sélectionneur. « Il faut profiter de ces moments pour montrer un autre visage et faire des choses qu’il n’avait pas pu faire sur les deux premiers matchs. Ce qu’il a très bien fait après la pause pour nous permettre de gagner le match. » Car oui, accessoirement, l’équipe de France a battu le Liban (85-79). Une victoire siglée Élie Okobo. Qui y aurait cru à la pause ?
À Jakarta,
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