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Du placard de Rouen au trophée de MVP de la Champions League : le fabuleux destin de Chima Moneke

Il ne sera ni le premier ni le dernier. Citons Devin Booker, coupé par Nancy lors de sa première expérience professionnelle et désormais à la tête de quatre campagnes d’EuroLeague consécutives, ou Austin Hollins, passé tout près de la guillotine à Denain pour terminer à l’Étoile Rouge. Aussi classique soit-elle finalement, la trajectoire de Chima Moneke fait pourtant partie des belles histoires du basket européen.

Indésirable en Normandie…

Il y a moins de quatre ans, alors un simple rookie en provenance d’UC Davis, l’Australo-Nigérian s’était retrouvé écarté par Rouen, son premier employeur. Prometteur en Leaders Cup Pro B (10,8 points à 59% et 6,2 rebonds pour 15,2 d’évaluation), il s’était complètement effondré dès l’ouverture du championnat (4,3 points à 29% et 3,3 rebonds). De quoi se retrouver mis à l’écart par Alexandre Ménard, qui se montrait alors cinglant dans les colonnes de Paris Normandie. « Ce n’est pas facile de s’adapter quand on est rookie. Je le vois faire des efforts mais il y a encore des progrès à effectuer comme lorsqu’il a perdu le ballon sur une remise en jeu contre Quimper. Il faut gommer ça, ce n’est pas possible quand on est professionnel. C’est une faute. J’aimerais qu’il se concentre sur les rebonds et les tirs extérieurs. […] Ses stats ne répondent pas à nos attentes. Gagner sans lui montre peut-être que l’on joue mieux. »

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Chima Moneke a démarré par un échec à Rouen
(photo : Gérard Héloïse)

De fait, devenu indésirable à Rouen, Chima Moneke s’était retrouvé envoyé en tribune pendant six semaines, avant que Denain ne pense à lui en troisième option. Kristofer Acox malheureux dans le Nord, son pigiste Jonathan Augustin-Fairell rapidement blessé, les Dragons l’avaient fait venir un peu en désespoir de cause. Mais personne n’avait eu à le regretter. Surtout pas Rouen qui a embauché Lasan Kromah à la place et a filé jusqu’en finale du championnat, et surtout pas Denain qui a été transformé par Moneke dès son arrivée. « C’est quelqu’un de sympa, un bon copain », soulignait alors Rémy Valin dans La Voix du Nord. « Il a les qualités et les défauts de sa jeunesse. Il ne fait pas de bruit, mais il apporte son énergie. Avec ses points et ses rebonds, on est mieux. » Initialement embauché comme pigiste médical, il avait ensuite rapidement été prolongé jusqu’à la fin de la saison (14,2 points à 57%, 6,6 rebonds et 1,7 passe décisive).

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Denain a permis à Moneke de se relancer
(photo : Christophe Delrue)

« Tellement de gens m’ont dit que je n’en serais pas capable »

La suite est connue : une saison à Quimper pour s’affirmer comme le meilleur sixième homme de Pro B (15,8 points à 57%, 6,6 rebonds et 1,7 passe décisive) puis un apprentissage express du niveau supérieur à Orléans (13,7 points à 63%, 6,5 rebonds et 1,5 passe décisive). Capable depuis le début de changer un match par ses qualités athlétiques et son intensité, l’international nigérian a appris à se stabiliser émotionnellement lors de ses trois saisons en France. L’heure de l’envol a sonné : Manresa a tenté le pari Chima Moneke et vit un véritable conte de fées depuis. L’ancien rookie erratique du RMB s’est transformé en MVP de Champions League (13,1 points à 57%, 6,1 rebonds, 1,2 passe décisive et 1,3 interception), trophée officiellement remis à l’intérieur cet après-midi à Bilbao.

« Tout le monde peut voir le trophée de MVP ou la sélection dans l’équipe idéale mais je vous promets qu’il y a beaucoup de jours où cela ne ressemblait pas à ça. Tellement de gens m’ont dit que je n’en serais pas capable et c’est pour ça que je joue avec autant d’émotions, de colère. J’ai toujours envie de prouver à certains qu’ils ont eu tort. Encore maintenant car je passe tellement de temps loin de ma famille. Je n’ai pas vu mes parents depuis 2009, mes frères depuis 2019 et il y a beaucoup de jours qui sont difficiles. Ce trophée veut dire beaucoup pour moi car je sais qu’ils me regardent. Dans deux semaines, mes frères seront avec moi, c’est ça le plus important. […] De la Pro B au trophée de MVP ? Le mot le plus important est « croyance ». J’ai toujours cru en moi, même quand je n’avais aucun CV. Si vous m’aviez rencontré il y a trois ans, vous auriez vu que j’avais le même swag ou la même confiance qu’aujourd’hui. J’ai eu une vision que tout cela arriverait un jour donc ça ne parait pas si invraisemblable que cela. »

Dimanche, maintenant qu’il a la cerise, Chima Moneke tentera de s’offrir le gâteau en remportant la finale de la BCL contre Tenerife. « C’est une saison magique et je ne veux pas qu’elle s’arrête », soufflait-il, ému. MVP de Champions League, à un match d’un trophée de champion d’Europe, meilleure évaluation de Liga Endesa (et donc MVP potentiel), pas mal pour quelqu’un qui n’avait plus le droit de fouler le parquet du Kindarena lors de l’automne 2018 non ?

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Avec 13 points, 13 rebonds et 4 passes décisives, le MVP a encore dominé vendredi en demi-finale
(photo : FIBA)

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