Drame à l’espagnole : les Bleuets s’écroulent en finale de la Coupe du monde U19
Il est resté de longues minutes prostré sur sa chaise. La tête enfouie dans son maillot, Alexandre Bouzidi voulait à sa manière se couper de cette soirée hongroise, proche de l’idylle mais au final, terriblement cruelle. Si près d’un premier titre mondial, garçons et filles confondus, les U19 français ont été battus après prolongation contre l’Espagne (73-69). Alors que le Roannais – agressé de partout par la défense espagnole – tentait d’oublier, Lamine Kebe, les deux mains sur les hanches, regardait une nouvelle fois le tableau d’affichage avant de soupirer. L’air de se dire que cette médaille d’or, si hypothétique en début de tournoi, était loin d’être utopique. « On n’est pas loin », lui dira quelques minutes plus tard Joseph Owona, le médecin de cette délégation U19 et ancien professionnel à Bordeaux et Nantes, lors de la cérémonie protocolaire en bord de terrain.
« Si on prend un peu de recul et qu’on observe d’où on vient et là où on est arrivé, il y a quand même beaucoup de fierté », tente de positiver le technicien français. « On n’est pas loin de l’emporter : ça se joue sur une possession, sur des petits détails… » Des détails qui valent, au final, de l’or. Cette fin de match très mal négociée accompagnera sans doute les Français une longue partie de la nuit, jusqu’à leur départ de Debrecen sous les coups de 6 heures du matin ce lundi. Ces Espagnols, à la grinta et à la culture de la gagne inimitables, n’en sont pourtant pas à leur coup d’essai. Les Bleuets, victorieux de l’Espagne en préparation, ont affiché un visage bien plus conquérant qu’en phase de poule (défaite 88-69) mais cela n’a pas suffi à leur bonheur…
La sortie douloureuse de Zacharie Perrin
Alors que les Bleuets se dirigeaient tout droit vers la victoire finale, la Roja a pris deux rebonds offensifs coup sur coup avant que Jordi Rodriguez (18 points) ramène l’Espagne à hauteur à 18 secondes de la fin du temps réglementaire pour envoyer tout ce beau monde en prolongations.
JORDI RODRIGUEZ TIES THE GAME 🗡️🗡️🗡️#FIBAU19 pic.twitter.com/7B4Y3wfcQ8
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« C’est une action décisive et c’est ce qu’on va avoir tendance à retenir mais le match ne se joue pas à ce moment-là du match », tranche le sélectionneur français, par ailleurs coach de la NM1 du Pôle France. « À ce moment-là du match, il aurait fallu faire un petit effort supplémentaire mais la fatigue nous rattrape, les garçons ont beaucoup donné pendant dix jours. » Si précieux dans la lutte aux rebonds et impressionnant de maîtrise avec ses 20 prises, Zacharie Perrin, bêtement exclu pour cinq fautes à 46 secondes de la fin du 4e quart-temps, manquait surtout à la raquette française. À cœurs vaillants, les Bleuets ont cravaché jusqu’au bout mais à bout de souffle et peut-être à court d’idées, les tricolores n’ont pas réussi à aller au bout de leur quête.
« Cette compétition peut être fondatrice »
La prolongation est d’ailleurs symptomatique de la rencontre des Français, tiraillés entre un manque de précision et l’envie de bien faire. Vingt-huit pertes de balles en route, c’est bien trop pour renverser les champions d’Europe U18. Dominants physiquement et athlétiquement, les tricolores ont manqué de meneurs aguerris pour valider leur très belle compétition par une médaille d’or. Et pourtant, cette génération 2004-2005, notamment privée de ses quatre joueurs draftés en NBA (Wembanyama, Rupert, Coulibaly, Cissoko), n’est pas passée loin du coup parfait. « On est forcément déçu car on n’a pas le résultat escompté au bout du compte mais on a quand même regardé l’Espagne dans les yeux », résume parfaitement Melvin Ajinca, le cousin d’Alexis. « Très honnêtement, on ne pensait pas en arriver là avec cette équipe. » Ultra-dominants dans la raquette (54 à 29) et dans le sillage d’un Zacharie Perrin rafraîchissant (14 points et 20 rebonds pour 31 d’évaluation) et d’un Melvin Ajinca (21 points et 4 rebonds pour 13 d’évaluation) clutch mais maladroit (7/19 aux tirs), ces Bleuets ont rappelé que le basket français possédait un réservoir de talents impressionnants.
Peut-être pas ce soir, ni demain et après demain mais dans quelques jours, l’équipe de France U19 saura apprécier cette médaille d’argent à sa juste valeur.
Deuxième finale mondiale de suite pour le basket français dans cette catégorie d’âge mais il ne faut pas s’en contenter. pic.twitter.com/cMxi4rjqcM
— Théo Quintard (@TheoQuintard) July 2, 2023
Cette nouvelle médaille d’argent après la génération 2002 en 2021 et ce 4e podium à une Coupe du monde U19, le basket français doit les savourer mais ces jeunots ne comptent pas s’en satisfaire. « Une fois qu’on aura appris de cette défaite, on reviendra plus fort », assure Zacharie Perrin, élu dans le cinq majeur de la compétition et meilleure évaluation (25,1) et rebondeur (10,9) du tournoi. « Je pense que cette compétition peut être fondatrice pour le devenir de cette génération. Il faut s’en souvenir pour aller chercher de belles choses. On n’a que 18 ans et on a tous un bel avenir devant nous. C’est le message qu’on a voulu faire passer aux gars avec Halvine (Dzellat-Diakeno, le capitaine) dans le vestiaire. »
L’Espagne, elle, a encore une fois joué un sale coup à la France. Seulement dix mois après la claque infligée aux Bleus en finale de l’EuroBasket à Berlin (88-76)… Symbole de la domination espagnole sur le basket français en sélections jeunes, la Roja a remporté son 44e match contre la France en 59 oppositions. Aux Juan Carlos Navarro, Pau Gasol et autres membres de cette incroyable génération 1980, succèdent les Jordi Rodriguez, Izan Almansa et Rafael Villar, appelés à devenir les nouveaux bourreaux des Français et médaillés d’or dans cette catégorie d’âge 24 ans après le dernier aîné…
De notre envoyé spécial Théo Quintard, à Debrecen (Hongrie),
Une première depuis 12 ans pour les États-Unis
Battus pour la première fois en catégories jeunes par la France, les États-Unis ont subi une nouvelle désillusion avec une défaite contre la Turquie (84-70) lors du match pour la 3e place. Victorieuse des quatre des cinq dernières éditions, Team USA, privée de ses meilleurs éléments, est donc absente d’un podium à un Mondial U19 pour la première fois depuis 2011.
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