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De vendeur de tacos à l’apprentissage de la Pro B : la dévorante ascension de Tommy Ghezala

Pro B - Meneur de l'ALM Évreux, Tommy Ghezala est à la tête d'un invraisemblable parcours. Découvrez-le.
De vendeur de tacos à l’apprentissage de la Pro B : la dévorante ascension de Tommy Ghezala
Crédit photo : Sabine de Leest

« Les difficultés que j’ai rencontré au cours de ma vie, font de moi l’homme que je suis. Et pour rien au monde, je ne changerais mon parcours. » Pour certains, le chemin emprunté paraît simple, évident. Pour d’autres, comme Tommy Ghezala (29 ans, 1,85 m), il est plus sinueux, et rien n’indique que la réussite sera au bout. À l’image d’ailleurs de son ami d’enfance, Kalidou Koulibaly, footballeur, aujourd’hui défenseur central de Naples et parmi les tous meilleurs à son poste dans le monde. Si Koulibay a débuté à Saint-Dié-des-Vosges (2006-2009) avant d’atterrir en 2014 dans le sud de l’Italie au sein d’une ville déchaînée par la passion du ballon rond, cela ne serait peut-être pas arrivé si entre temps le FC Metz ne l’avait pas rappelé pour lui signifier qu’il n’était finalement plus « trop juste physiquement » pour intégrer le centre de formation. Et embrasser la carrière qu’on lui connait. Le centre de formation justement, voilà une case par laquelle n’ait jamais passé Tommy Ghezala. Tombé dans une famille de rugbymen, c’est tout naturellement vers le monde de l’ovalie que le Déodatien s’est tourné pendant ses jeunes années. « Mon père, Ahmed, jouait en 2e division sous le maillot du Colmar RC, une bonne équipe à l’époque. C’était un pilier qui castagnait pas mal, en rigole-t-il. Et pour ma part, j’ai joué pour la sélection Alsace-Lorraine en benjamin en tant que demi de mêlée. » Bien qu’épanoui sur le rectangle vert aux entraînements la semaine et en match les week-end, le jeune homme décide pourtant de plaquer le rugby, un jour, pendant que ses deux frangins continuaient à ferrailler sur le pré.

« Je décide d’aller sur basketinforum.com, rubrique Emploi… »

« J’ai toujours été bon dans beaucoup de sport. Au collège, j’avais un prof de sport, un ancien basketteur (Stéphane Leroy), qui avait décidé d’ouvrir une classe basket dont je suis le parrain depuis septembre. J’ai donc décidé de l’intégrer. Pas mal de jeunes évoluaient dans les clubs des alentours dont celui de Sainte-Marguerite. Et plus tard, lors d’une réunion parent-prof, celui-ci a dit à ma mère : « En 3 mois, votre enfant a rattrapé tous les gamins qui évoluent en club depuis 5 ans. » » Ce n’est qu’à l’âge de 14 ans que Tommy Ghezala a pris sa première licence de basket, à Saint-Marguerite justement, village de 2.000 âmes limitrophe de Saint-Dié-des-Vosges. Au-dessus de la mêlée, dominant dans les catégories par lesquelles il passait, il allait jusqu’à décrocher l’accession en Nationale 3. « J’ai quand même eu l’honneur de découper le filet, se remémore-t-il à une terrasse d’un café proche de l’hôtel de ville d’Évreux. Tous les gars ont touché une petite prime, sauf moi, à mon étonnement. J’en ai fait part au président mais il l’a mal pris. Bon, il faut dire que j’avais été mal conseillé à l’époque… » L’année qui suit, plus dans les plans du président, Tommy Ghezala est rétrogradé en Pré-nationale « alors que jouer en Nationale 3 représentait un truc énorme pour moi. » Déçu par ce traitement, c’était tout naturellement qu’il quittait le club en fin de saison.

                   

« Je connais absolument personne dans le milieu du basket, je joue à Sainte-Marguerite » répète et insiste-il, montrant bien la situation un peu désespérée dans laquelle il allait s’embarquer. « Alors je décide d’aller sur basketinforum.com, rubrique emploi et je vois une annonce concernant une séance de détection au centre de formation de Quimper. Je poste un message en disant que je suis intéressé. Je reçois une réponse dans la foulée en me demandant si j’étais certain de venir. Je dis oui et la personne me donne une date. C’était en avril 2011. » Passé la détection – « je fais un super entraînement » – ce n’est que 3 semaines plus tard que la réponse intervient et elle est positive. « C’est la marge de progression que j’avais par rapport aux autres joueurs qui avait séduit le club. » Direction la Bretagne, à 1000 kilimètres du cocon familial. Pour la première fois de sa vie, Tommy Ghezala prend son baluchon. Mais très vite, il déchantait, les promesses n’étaient pas tenues par le club : un contrat stagiaire dont il n’a jamais vu la couleur, pas de versement d’argent pour aller faire ses courses, l’incapacité d’obtenir une voiture du club « alors qu’on était pour certains comme moi à 30 minutes à pied de la salle, ça nous est arrivé de frauder le bus. » Pas à l’aise et « sentant la douille venir », il décidait finalement, après deux semaines passées sur place, de rentrer chez lui, dans ses montagnes vosgiennes. « Quelques années après quand je suis revenu à Quimper pour un match de Nationale 1, l’épisode était revenu sur la table. À l’époque, les gens du club avaient dit que j’avais le mal du pays et que c’était la raison de mon départ. Du coup, mon image avait été un peu écorchée chez les supporters. »

Caissier dans un tacos, surveillant dans un collège, obtention du bac en candidat libre :   « La vie était belle ! J’étais au max ! »

Déçu par cet épisode, et soucieux de montrer que ses déboires étaient déjà derrière lui pour ne pas inquiéter ses parents chez qui il était revenu, il prenait d’abord une licence, cette fois-ci avec Saint-Dié-des-Vosges. « J’ai demandé en même temps au club s’il pouvait me trouver un appartement. Je touchais les APL. Et au même moment, j’ai un très proche ami, Hakim, qui tenait un fast-food spécialisé dans les tacos. Son affaire marchait super bien à Saint-Dié et il m’a demandé si je voulais rejoindre son équipe et gérer le snack. Ça tombait pile au bon moment car j’avais besoin d’argent ! » Si son principal rôle était de gérer la caisse, il n’hésitait pas à mettre la main à la pâte en enfilant le tablier pour cuisiner. « Je vivais avec 500 euros par mois. Sachant que je payais ma voiture, mon assurance, la box internet, les courses, etc. Il y a des mois où c’était très compliqué. » Et comme tout tombait à point, les contrats avenirs faisaient leur apparition. « Saint-Dié m’en avait fait un à partir de février 2013 ». Après 6 mois à vendre des tacos, c’est vers l’éducatif que le Franco-Algérien se dirige. « Là je touche environ 800 euros par mois. Donc c’est bien mieux. La vie était un peu plus simple. » Et après avoir loupé son bac une première fois pour un petit point, il décidait de le repasser en tant que candidat libre. « Le bac STG ! J’avais bossé ma matière principale qui était la communication (coefficient 12). J’avais le choix de choisir mon sujet. Du coup, j’ai démarché le commercial du club de basket de Saint-Dié, j’ai fait un truc carré (sic) et j’ai eu 16/20 permettant de décrocher le bac haut la main. » Un sésame qui lui permet de  »monter en grade » et de devenir surveillant au collège Joseph Julien Souhait. « Je joue ma 3e année en N3. Mon salaire en basket augmente, et j’ai un SMIC en tant que surveillant. La vie est belle ! J’étais au max ! »

 

« Sur un plan tactique, Ludovic Pouillart c’est un très bon coach. Sur un plan humain, en revanche… »

Meilleur marqueur de sa poule en NM3 avec 20 points de moyenne, Tommy Ghezala fonce à Joeuf (NM2), tout juste promu, afin de passer un cap supplémentaire. « La première année, je fais des bons matchs et la deuxième année, j’explose. Le fils du coach était muté à Paris comme prof d’EPS, je prends donc sa place et là je fais une saison de malade (15,5 points, 6 passes décisives, 16 d’évaluation). Je suis élu à titre honorifique MVP de l’équipe à la fin de la saison. » Des performances qui ne passaient pas inaperçues dans la division et notamment aux yeux de Ludovic Pouillart, l’emblématique coach de Gries-Oberhoffen. « Leur équipe avait perdu un seul mach à domicile, je laisse deviner aux gens contre qui » en sourit-il. Large vainqueur d’Aubenas en ¼ de finale des playoffs de NM2, le village alsacien accédait officiellement pour la première fois de son histoire à la NM1. Une aventure à laquelle il allait prendre part dès août 2016, tout heureux de découvrir une nouvelle étape dans sa carrière qui ne cesse de croître. « Je connaissais un peu le championnat pour être allé voir plusieurs matchs de mon ami Doudou M’Bodji à Souffel’. J’étais émerveillé, c’était un truc de fou. Et là d’être un joueur de NM1, c’était un énorme accomplissement. » La recette est connue des acteurs du basket français, avec Ludovic Pouillart, il n’y a pas de fatigue qui soit. « Là, j’ai l’impression d’apprendre le basket. Mon cerveau fume. Sur un plan tactique, Ludovic Pouilart c’est un très bon coach, il m’apprend énormément. Sur un plan humain, en revanche, c’est l’inverse. En tout cas, je passe de Joeuf où je m’entraîne 3 fois dans la semaine, à Gries où je m’entraîne 9 à 10 fois. Du lundi au dimanche. Pas de jour off ! » S’il reconnait qu’il n’y a pas une grande différence entre la Nationale 3 et la Nationale 2, « c’est un autre monde entre la Nationale 2 et la Nationale 1. C’est professionnel ! »

 

« Ludovic Pouillart a été patient avec moi au début car il savait qu’il fallait que je prenne le temps d’apprendre. Mais comme beaucoup de coach, il aimait mon enthousiasme, ma rigueur. » Sauf qu’à la trêve hivernale, le club est tout en bas du classement, l’apprentissage de la NM1 est rude. Le recrutement est loupé aussi. « Le coach avait déjà changé 4 ou 5 joueurs jusqu’à trouver enfin son meneur, Ovidjius Varanauskas. Après la trêve, je perds ma place de titulaire, je suis 6e homme, je joue entre 20 et 22 minutes. Un rôle qui me convenait très bien aussi. Au final, on s’est maintenu facile, on loupait même les play-offs pour un match. » Signataire d’un contrat 1+1, Tommy Ghezala n’envisagait pas de partir. Continuer l’aventure lui paraissait évident. Pour le club aussi, tout du moins au départ des négociations. « Elle était toute petite cette négo. À défaut d’être un petit peu augmenté, je restais sur les mêmes bases salariales. Au mois de juin, j’étais toujours à Gries, je continuais de m’entraîner. Un jour, je croise le coach à la salle. Je lui demande où ça en est. Il me dit que c’est réglé, il me tape dans la main. Le vendredi, le club faisait mon contrat et je devais signer au cours du week-end. Les yeux dans les yeux, il me dit on va travailler ton shoot cet été. J’étais content. Le lundi, mon agent m’appelle, le club ne me signe plus. Lui comme moi, on ne comprenait pas. Pouillart ne m’a jamais appelé… »

De la déception d’une rétrogradation aux joies d’une finale de Coupe de France à Bercy avec Kaysersberg

Sur le carreau, le Vosgien découvrait la face sombre du monde professionnel. « Je sais aussi que ce n’est pas la première fois que Ludovic Pouillart posait une carotte à un joueur. J’aurais préféré qu’il me dise qu’on part sur un autre joueur. Je ne l’aurais jamais mal pris. Il n’a eu aucun honneur. » Les mots sont forts, à l’image de l’amertume qu’il garde en lui au moment de raviver les souvenirs. Les pistes menant à Rueil, Challans sont déjà obsolètes. Retour à la case Saint-Dié-des-Vosges pour vivre chez ses parents et enchaîner les aller-retours en voiture jusque Kaysersberg histoire de s’entretenir physiquement avant que l’indéboulonnable Fabien Drago ne lui fasse une proposition pour la saison. « Par défaut, j’accepte. C’était la première fois de ma vie que je descendais d’un niveau. Je l’ai pris comme un petit échec. Je reviens à mes 3 entraînements hebdomadaires. » Exigeant envers lui-même, bosseur invétéré, et pour ne pas laisser de place à l’abattement après la mésaventure griesoise, Tommy Ghezala ne se contentait pas que de ses trois séances par semaine. Tous les jours, il se rendait à la salle pour retrouver au plus vite la NM1. « Dans l’équipe, on n’était que trois joueurs à ne vivre que du basket pendant que les autres avaient un boulot à côté. » Leader de la saison régulière (20 victoires – 6 défaites), le KABCA abordait les play-offs avec sérénité et pouvait se concentrer sur la finale de Coupe de France amateur face à Toulouse.

 

Le petit club alsacien connaissait par cœur les lieux pour avoir déjà disputé deux finales (2010, 2016). Pas à 100% de ses moyens ce jour-là à cause d’une blessure au dos, Tommy Ghezala dispute tout de même la rencontre et est même dans le 5 majeur. « J’ai fait un match de merde. Plusieurs fois, le coach me sortait mais la douleur, à froid, réapparaissait. Il m’a remis d’ailleurs sur le parquet à 3 minutes de la fin après avoir était presque 15 minutes assis. J’ai rien dit mais je n’étais pas bien… En plus, je perdais un ballon important, derrière and one sur lay-up avec une antisportive. Finalement, on file en prolongation. Mais à la fin, on a perdu (81-73). Mais ça été une bonne expérience que de jouer à Bercy. » Très vite, la déception de la défaite allait être atténuée par la montée du club en Nationale 1. L’objectif de la saison était atteint, la formation du Haut-Rhin ralliait la division supérieure grâce à la réforme de la FFBB (les 2 premiers des 4 poules de NM2 montaient). « Et puis ça s’est terminé un peu en eau de boudin. Le coach m’a dit qu’il ne voulait pas me garder. Je lui ai dit que de toute manière je ne comptais pas rester, je voulais un autre projet. Sauf qu’il l’avait mal pris au point de me dire que si j’étais redescendu en NM2, c’est peut-être parce que je n’avais pas le niveau de la NM1. »

« J’ai toujours adoré sa grinta, la folie qu’il a dans son jeu »

Et pour prouver à son ex-coach qu’il était bien au niveau de la NM1, le Franco-Algérien avait saisi la première opportunité qui s’était présentée à lui : Aubenas. Et aussi pour éviter de revivre un été galère après l’épisode Griesois. Excepté un bref passage de deux semaines à Quimper à ses 18 ans, c’est réellement à 25 ans que le Vosgien quittait sa région du Grand-Est. « Je le suivais depuis ses saisons à Saint-Dié, révèle Marc Namura, actuel assistant de l’ALM et ancien coach de l’US Aubenas. J’ai toujours adoré sa grinta, la folie qu’il a dans son jeu. J’avais besoin de soldat. Bien que je ne le connaissais pas, il m’avait été recommandé. Là où beaucoup de clubs prenaient des étrangers à son poste, je voulais un meneur français mais aussi quelqu’un pour contrôler le tempo. Sauf qu’avec lui, ce n’était pas possible ! Il a un coeur énorme, même sur le banc il se dépensait tout autant pour encourager ses coéquipiers. Il a dû mal à se canaliser ! »

Si Marc Namura a été débarqué le 31 décembre, remplacé par Zoran Durdevic, il continuait à suivre l’évolution de son meneur de jeu. De son côté, malgré ses efforts incessants, Tommy Ghezala n’aura pas réussi à éviter la relégation du club en NM2. « Le timing de se séparer de Marc était très surprenant. Zoran est un sacré personnage, j’aime bien, mais avec lui on n’avait gagné que deux matchs. Quant à moi, je m’étais blessé contre Saint-Quentin le 5 janvier 2019. Résultat : désinsertion partielle de l’ischio. Je loupe plusieurs semaines même si mon kiné (Mathieu Gottini) a fait du super travail pour que je revienne plus vite que prévu. » Malgré des statistiques honorables (11,6 points, 2,8 rebonds et 4 passes décisives en 28 minutes), les clubs ne se bousculaient pas au portillon pour s’attacher ses services. Le voilà catalogué comme un bon meneur d’une équipe de bas de tableau de NM1.

 

Pont-de-Chéruy, la révélation : « un groupe extraordiaire, une vraie famille »

Hors de question pour ce leader de vestiaire de revenir en Nationale 2. L’été passe, mais aucun club ne lui fait une proposition concrète. Une fois de plus, comme dans un jeu société, Tommy Ghezala retourne à la case départ, à Saint-Dié-des-Vosges, et devient sparring-partner du GET Vosges. Entre temps, il a connu les joies des rassemblements avec la sélection de l’Algérie du sélectionneur Bilal Faid. En Algérie comme en Turquie, il participe à des stages. Une expérience qui continue encore à l’heure actuelle à défaut de connaître réellement les joies des matchs officiels. « Malheureusement, l’organisation n’est pas le point fort de la Fédération. On loupe des compétitions comme ça été le cas avec les qualifications à l’AfroBasket 2021 » regrette-t-il.

« Fin octobre 2019, je reçois donc deux appels sucessifs pour être pigiste : Épinal justement, et le plus surprenant… Kaysersberg. C’était assez drôle alors que le coach avait parlé dans mon dos surtout après m’avoir dit que je n’avais pas le niveau de NM1 (rire). Mais je refuse car si je suis pigiste en NM1, je ne peux plus retrouver de clubs par la suite dans la même division. » Finalement, la patience eu ses raisons. Pont-de-Chéruy souhaite l’enrôler mi-novembre. Bien que promu en Nationale 1, le club isérois réalise un excellent début de saison. Meneur du SOPCC et beaucoup sollicité par son coach, Marc-Antoine Pellin n’était pas mécontent de recevoir du renfort. « Je ne le connaissais pas du tout, explique par téléphone l’ancien meneur emblématique de Roanne et Orléans. En venant ici, il allait apprendre beaucoup de choses, il n’avait plus carte blanche comme à Aubenas. Il y avait peut-être un peu moins de contrôle quand il jouait mais c’était tout de même intéressant. Individuellement il est très fort, mais la difficulté pour lui c’était de faire en sorte que tous les joueurs autour de lui soit concerné. Et je remarque qu’avec le temps, il s’est nettement amélioré. » De même que dans le style vestimentaire selon les dires de l’actuel poste 1 de Lyon SO. « C’est quelqu’un qui aime beaucoup chambrer. Un jour je l’ai attaqué sur une paire de chaussure Air Force. Je peux vous dire qu’on ne l’a plus jamais revu. Il l’avait rangé au placard, et je crois même que depuis il l’a donné. » « (rire) C’est vrai qu’à l’époque le mélange noir avec un peu de bleu ce n’était pas top ! J’ai fait une erreur. » Comme le dit l’adage, le meilleur moyen de se faire pardonner est d’avouer sa faute. Voilà qui est fait.

« Je suis tombé sur un groupe extraordinaire. Une vraie famille. Encore aujourd’hui, je discute avec tous les gars sur un groupe WhatsApp. C’est ça qui nous a permis de faire d’excellents résultats. Et puis moi, j’avais faim. Je me suis intégré très facilement comme si ça faisait déjà 2 ans que j’étais là. Jouer avec Marco (Pellin), c’était génial. Quand je débutais le basket, je le voyais jouer à la télévision. Je me disais « Mais c’est qui ce petit ? Il est trop fort ! » En étant avec lui, j’ai énormément appris. » Même quand il s’agit de se faire gronder par l’ancien champion de France 2007. « Sur une fin de match à Chartres, qu’on avait perdu d’ailleurs, il a fait une erreur. Je l’ai engueulé (sic) et je sais qu’il m’a boudé pendant 3 jours, c’était marrant. Autant il m’a boudé, autant il n’osait pas se confronter par rapport au respect qu’il avait pour moi. »

Après une première saison de bon calibre tant sur le plan collectif (3e du classement au moment de l’arrêt de la saison en mars 2020) que sur le plan individuel (11,5 points dont 50% à 3-points et 4,2 passes décisives pour 12,8 d’évaluation en seulement 19 minutes de jeu en 12 matchs), le natif de Saint-Dié prolonge sans hésiter, « d’autant que j’en avais marre des déménagements et je me sentais super bien là-bas. » Marc-Antoine Pellin parti chez le voisin Saint-Vallier, Moatassim Rhennam lui confie alors les clés de la boutique pour l’exercice 2020/21. Et ce, grâce à une relation de confiance que les deux hommes entretenaient. Résultat des courses ? Une saison révélatrice, la meilleure de sa carrière avec le titre de meilleur intercepteur (2,5) et 2e passeur (7,3) de la division, le tout en marquant en moyenne 11,5 points par match.

Évreux, malgré l’intérêt du Havre :
« Bienvenue en Normandie, même si ce n’est pas chez nous »

Désireux de rallier la Pro B cet été et même poussé par Moatassim Rhennam (aujourd’hui coach de Lyon SO), Tommy Ghezala a écarté les nombreuses propositions émanant des clubs de Nationale 1. Même si l’intérêt du Havre ne le laissait pas indifférent, « financièrement c’était très intéressant. » Mais sa rencontre avec Neno Asceric à Saint-Chamond, lors d’un des tous derniers déplacements de l’ALM en juin dernier, aura été décisive. Le soir même, après avoir échangé à l’issue de la rencontre, le technicien serbo-autrichien passait en revue des vidéos du joueur. Séduit par son jeu et son état d’esprit, il donnait son accord verbal quelques jours après « alors que pendant ce temps, le STB faisait le forcing et je ne pouvais pas me satisfaire d’un simple accord de principe, j’avais peu de garanties. » Ghezala signera bien à Évreux et prendra même la peine de téléphoner à Hervé Coudray pour lui annoncer son choix. « À la fin de notre conversation, il me souhaite la bienvenue en Normandie même si ce n’est pas chez eux » se souvient-il.

« J’aurais pu faire le reste de ma carrière en Nationale 1, mais mon challenge était d’aller en Pro B. Aujourd’hui, je veux devenir un joueur solide, m’installer dans cette division. » Signataire d’un contrat de deux ans, le Vosgien a le temps de s’y installer justement, lui qui est actuellement en plein apprentissage du monde LNB. Même si sa venue dans l’Eure aurait pu se faire plus tôt comme le révèle l’intéréssé. « Quand j’étais en galère de club après Gries, j’ai failli signer ici. Je devais être le pigiste médical d’Ibrahima Sidibé. Sauf que ça ne s’est pas fait. L’excuse qu’on m’a sorti – et pas qu’une fois quand je souhaitais aller en LNB – c’est que je n’avais jamais joué en Pro B, critère indispensable pour beaucoup de clubs. Au final, Évreux avait signé Sidy N’Dir qui sortait d’une Université américaine. Personne ne le connaissait… » Un prémisse de la venue de Tommy Ghezala dans la capitale euroise, un club tremplin comme il le décrit. Des dires qui reviennent souvent sur les lèvres des joueurs passant ou ayant passé par le club aux 35 saisons LNB. Marc-Antoine Pellin n’est pas surpris de voir son ami rallier les joutes de la Pro B. « Il y a deux façons de jouer en Pro B. Soit t’es là pour faire souffler un Américain, soit t’es capable de vraiment jouer. Aujourd’hui, il en a les capacités. Son futur ? Tout va dépendre de son intelligence de jeu. Il a tout ce qu’il faut pour le reste. Ce qui va faire la différence, ce sont les choix qu’il va prendre et s’il est capable de mener une équipe vers le haut de tableau. Ça, pour les entraineurs de Betclic ELITE, c’est quelque chose qui compte beaucoup. »

Déterminé à prouver que sa place n’est pas usurpée, comme en témoigne ses 16 points contre Nancy lors de la 1ère journée de Pro B, qui avait de quoi surprendre Sylvain Lautié comme il l’avait reconnu en conférence de presse ou même le public ébroïcien – « Je ne connais pas ce joueur, je ne sais pas d’où il vient » pouvait-on entendre dans les gradins depuis la table de presse – Tommy Ghezala a faim. « Je suis avec un coach qui tactiquement est l’un des tous meilleurs de ma carrière. Il va faire de moi un meilleur joueur. Et puis je suis ravi de retrouver Marc, trois ans après. C’est une belle histoire. Et ceux qui pensent que c’est du piston, ce n’est pas le cas. Neno fait ses choix en fonction de son équipe, et non pour faire plaisir à Marc. Et ce n’est pas comme si le coach avait un petit réseau. Lui aime bien les joueurs au parcours atypique. Et pour ma part, je viens de nulle part. Je ne me fixe aucune limite. » Avant de penser à un avenir dans les sommets du basket français, le Déodatien va tenter de véhiculer son âme défensive à ses coéquipiers. Sur une pente glissante, l’ALM Évreux pointe à la 17e place du classement et sa défense prend l’eau au fil des journées (97,4 points encaissés de moyenne). Mais pour cela, il faudra « ouvrir la boîte à la gifle » comme dirait-on dans le jargon de l’ovalie.

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