Céline Dumerc et les progrès des Bleues : « On a fait un vrai pas en avant »
Céline Dumerc était présente mardi soir au siège de la FIBA pour le tirage au sort des Jeux Olympiques
« Vous avez gardé le meilleur pour la fin », nous a lancé Céline Dumerc, souriante, en se présentant dans la zone mixte improvisée au siège de la FIBA, sur les rives du Lac Léman, après Carmelo Anthony, Penny Taylor, Tony Estanguet et Boris Diaw.
Quelques instants plus tôt, la GM de l’équipe de France venait d’apprendre la composition du groupe de l’équipe de France pour les Jeux Olympiques de Paris. Ce sera l’Australie, le Canada et le Nigéria, au sein d’une poule qui aurait clairement pu être relevée, mais qui aura le moins le mérite de la densité. Pendant que le sélectionneur Jean-Aimé Toupane est resté évasif en visioconférence, la Tarbaise s’est montrée plus prolixe à Mies.
Céline, on a le sentiment que vous n’avez pas hérité du groupe de la mort, mais peut-être le plus homogène…
Oui. C’est effectivement un groupe assez homogène. Quand on prend juste les résultats de la dernière Coupe du Monde (en 2022), l’Australie et le Canada sont quand même des équipes qui finissent dans le Top 4 (respectivement 3e et 4e, ndlr). Il y a deux gros, et derrière le Nigéria. Donc ce n’est pas simple. Après, est-ce qu’on s’attendait à mieux ? Franchement, c’est le tirage de Jeux Olympiques donc on savait que chaque groupe aurait sa difficulté, quoiqu’il arrive. Il faudra jouer et gagner les matchs pour s’en sortir.
La réaction de Céline Dumerc sur le tirage au sort de l'équipe de France 🇫🇷 pic.twitter.com/ZGYfWOt1Zp
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) March 19, 2024
Vous aviez une chance sur deux de tomber sur les Américaines dès le premier tour. Est-ce une bonne nouvelle de les éviter ?
Ah non. Pour moi, ce n’est pas une bonne ou une mauvaise nouvelle. Si tu les as au premier tour, ça veut aussi dire que tu ne les joueras pas en quart de finale. Donc ça dépend vraiment de quel côté on regarde. Ce format-là ne permet pas de se projeter trop loin. C’est pour ça qu’on n’a aucune idée de qui on jouera en quart, si on arrive à s’en sortir. On va déjà se concentrer sur nos premiers adversaires. On ne disait pas qu’il fallait absolument éviter telle ou telle équipe. Mais sincèrement, quand je vois le Groupe C (USA, Belgique, Japon, Allemagne), je suis contente de ne pas y être quand même. Je ne suis pas non plus hyper contente d’être dans le Groupe B hein, mais ça fait partie du process.
« Contente de ne pas être dans le Groupe C »
Pouvez-nous parler plus précisément des caractéristiques de vos trois adversaires ?
L’Australie est une nation qui est dans le top mondial depuis des années. C’est une équipe qui rate rarement les évènements mondiaux. On l’a vu à la dernière Coupe du Monde (3e), avec le retour de Lauren Jackson qui était assez fou. C’est un jeu assez dense, avec des bonnes individualités. En plus, elles restent souvent sur leur territoire les années olympiques pour se préparer. Là, ce sera un petit peu différent avec une sélectionneuse qui officie aussi en WNBA (Sandry Brondello, à New York, ndlr). Elles risquent d’avoir une préparation plus compliquée que leurs habitudes.
Le Canada monte en puissance avec un coach espagnol (Victor Lapeña) qui les fait très bien jouer. Je pense qu’elles cherchaient un deuxième souffle. La génération précédente avait eu des bons résultats mais il leur a manqué le petit truc pour aller chercher une médaille. Le choix d’avoir embauché un coach étranger y est sûrement pour quelque chose et elles auront à cœur d’aller le plus loin possible dans cette compétition, sachant qu’elles ont échoué au pied du podium lors de la dernière Coupe du Monde.
Quant au Nigéria, on a toujours tendance à dire que les équipes africaines sont un peu moins fortes mais pour l’avoir vécu lors des qualifications de la Coupe du Monde, ça n’avait pas été simple (défaite 65-67 à Belgrade). C’est une équipe qui progresse, avec beaucoup de joueuses qui viennent en Europe ou en WNBA. C’est un basket qui reste assez particulier, avec beaucoup d’agressivité. À nous de savoir contenir ces forces-là. Car sans se mentir, cela reste l’équipe la plus faible du groupe. Mais pour moi, il n’y a pas de petit dans les Jeux Olympiques.
L’Australie reste un très bon souvenir récent pour les Bleues (70-57), avec une victoire marquante en ouverture de la Coupe du Monde 2022, qui fut l’un des premiers matchs de référence de l’ère Jean-Aimé Toupane…
Oui, c’était très bien mais c’était le premier… Le premier match d’une Coupe du Monde où on n’a pas poursuivi sur la même lancée derrière. Il faut s’en souvenir, il faut s’en rappeler, on avait fait une très belle performance là-bas. Il y avait tout un contexte aussi : elles jouaient chez elle, elles étaient certainement passées à côté et leur parcours ensuite est peut-être dû à cette défaite contre nous. Cet été, elles ne pourront pas nous refaire la même chose puisqu’on ne les joue pas en premier. On essayera de rééditer cette performance !
« On repart toujours de zéro avec les équipes nationales »
Vous sortez d’un TQO en Chine qui a été extrêmement convaincant. L’échantillon reste assez faible, seulement trois jours, mais on a l’impression d’une vraie montée en puissance…
C’est très bien. C’est vrai qu’on a fait un beau TQO, surtout qu’il n’était pas simple à aborder, en pleine saison en club. On récupérait Marine (Johannès) et Gabby (Williams), qui n’avaient pas été là l’été précédent, il y avait très peu de temps, avec un voyage de l’autre côté de la planète. On ne savait pas trop ce qui allait se passer et au final, on a été très rigoureuses. Le jeu proposé a été vraiment convaincant. Ce qui nous a permis d’écraser la Chine, même si la Chine d’il y a six semaines ne sera pas la Chine de cet été. Il faut relativiser. On est contents du travail accompli en si peu de temps mais on va encore repartir à zéro. C’est toujours pareil avec les équipes nationales, c’est un nouveau départ à chaque campagne.
Reste que ce que demande Jean-Aimé Toupane n’avait encore jamais été aussi bien effectué… La méthode Toupane est-elle enfin pleinement comprise ?
J’aimerais vous dire que oui, c’est super, qu’elles ont tout assimilé. Mais non. Ce n’est pas comme ça la vie d’une équipe nationale. Oui, je pense qu’il y a eu un vrai pas en avant. Mais en fait, ce sont souvent des petits pas : on peut faire deux pas en avant et un en arrière parfois. Non, il y a encore des choses qui doivent encore continuer à être mises en place, appréhendées, assimilées. Il y a nous, le groupe, et des adversaires qui vont vouloir nous contrer. C’est pour ça qu’on fait des préparations. On va s’y atteler dès début juin.
⏰ Le programme de l'équipe de France féminine aux JO de #Paris2024
📆 29 juillet : France – Canada
📆 1er août : France – Nigéria
📆 4 août : France – Australiehttps://t.co/UWBq2qa97z— BeBasket (@Be_BasketFr) March 19, 2024
Propos recueillis à Mies,
Commentaires