« Avec les tripes et la tête », les Bleuets terrassent la Lituanie à l’issue d’un match fou !
« Ça avait beau ne pas être une finale, j’ai rarement vécu autant d’émotions sur un match », savourait Victor Wembanyama, dans la foulée du buzzer final. Dans ses yeux pouvait-on lire un intense bonheur et surtout l’immense satisfaction d’avoir su éviter l’écueil lituanien en quart de finale de la Coupe du Monde U19 (84-79, a.p.), au terme d’une partie extrêmement relevée.
L’intensité défensive en meilleure arme
Surtout qu’une petite demi-heure auparavant, cette issue heureuse n’était encore qu’un lointain mirage. Après 30 minutes d’un véritable mano a mano (53-51), les Bleuets semblaient sur le point de craquer, éprouvés par le collectif balte. Dominykas Stenionis et Augustas Marciulionis, fils du Hall of Famer Sarunas, enchaînaient les actions positives et le momentum avait clairement basculé en faveur de la Lituanie (57-62, 34e minute). Et puis, les protégés de Frédéric Crapez ont décidé de dresser les barbelés. Clément Frisch fut dans tous les bons coups, Lucas Ugolin (malheureusement blessé suite à une mauvaise chute) aussi, l’équipe de France vola quatre ballons de rang pour se remettre dans le bon sens (64-62, 37e minute). « Avec la préparation très courte qu’on a eu, on doit d’abord se reposer sur des valeurs défensives, celles de l’équipe de France », soulignait Victor Wembanyama. « Et comme on a ça dans les veines, on s’en sort bien. Au fur et à mesure des matchs, on voit qu’on arrive à trouver différents moyens et différentes tactiques pour créer les tirs les plus difficiles possibles pour les adversaires. Il y a eu de très bons choix de la part des joueurs et du coach. »
Mais comme il n’aurait pas été possible de battre cette équipe lituanienne avec seulement de l’intensité défensive, il y eut également d’autres ingrédients. C’est là qu’intervient le réveil de Matthew Strazel, en délicatesse jusque-là avec son shoot (15/40) et auteur d’un match de patron (23 points à 8/14 et 5 passes décisives en 36 minutes). « Je leur en devais une à tous », avoue le meneur de l’ASVEL. « J’étais en galère avec mon tir depuis le début de la compétition. J’essayais de trouver d’autres choses mais sans mon adresse, c’est compliqué, ça reste l’une de mes forces. Je me devais de répondre présent aujourd’hui, je sais qu’on a besoin de moi pour ces matchs couperets. » Le Francilien aurait même pu être le héros de la rencontre si Victor Wembanyama n’avait pas effleuré son floater au buzzer, ensuite refusé par les arbitres sans même consulter la vidéo alors que l’affaire se jouait au dixième de seconde. « Mais c’était un choix logique », évacue Strazel. « Si ça avait été contre nous, on aurait été furieux que ce panier soit accordé. Mais je pense qu’elle rentrait sans que Victor ne la touche, et lui aussi. »
Wembanyama, un jour qui restera
Compliqué toutefois d’en vouloir à l’enfant de la JSF Nanterre d’être venu mettre sa main sur ce ballon, tant il a été incroyablement dominant sur cette rencontre. « Il fait des choses incroyables mais on le connait, il est là pour ça », glisse Strazel. Visiblement, les Lituaniens − dont on vantait jusque-là le QI basket dans les tribunes de la Riga Arena − ne le connaissaient pas tant que ça puisqu’ils ont fait le choix curieux d’attaquer à trois reprises ses 219 centimètres en un-contre-un, via trois joueurs différents (Marciulonis, Rubstacivius et Krivas), dans la dernière minute et la prolongation. Pour trois contres… Le symbole d’une domination défensive absolue, où Wembanyama a rejeté huit tentatives baltes, à ajouter à ses 20 points à 10/16, 6 rebonds et 2 passes décisives. Une performance qui fera date dans l’histoire de sa jeune carrière. « C’est clairement lui qui change le match », souffle Matthew Strazel.
Si ces Bleuets vont au bout de leurs rêves, il faudra également s’attarder sur la prolongation qu’ils ont magnifiquement su gérer, avec une superbe solidarité collective et Clément Frisch (5 points dans l’extra-time), déjà auteur d’un shoot incroyablement clutch pour égaliser à 50 secondes de la fin du temps règlementaire (72-72), en héros inattendu. Un contraste saisissant avec les errements entrevus dans un contexte similaire dimanche dernier face à la Roja. « Il n’y a aucun doute que c’est grâce à la rencontre contre l’Espagne qu’on a pu gagner », affirme Wembanyama. « On a beaucoup appris, moi particulièrement et ça m’a énormément servi sur cette fin de match. Aujourd’hui, c’était extrêmement éprouvant mais toute l’équipe a tellement rayonné, particulièrement au cours de la prolongation, que ça ne peut que nous propulser vers le haut pour la suite. »
Ces jeunes n’attendent que ça, eux qui sont désormais à une seule victoire d’un podium. Mais cette équipe-là n’est pas venue jusqu’en Lettonie pour se contenter d’une simple médaille de bronze. « On n’a pas envie de s’arrêter là, on est ici pour gagner », assène Matthew Strazel. « On ne peut plus rien se refuser à partir de maintenant. » Et à l’image de la déconvenue espagnole qui fut finalement une pierre fondatrice, cette victoire de haute lutte pourrait grandement servir pour la fin du week-end. « On a affronté une très bonne équipe, ça nous rend encore plus fiers d’avoir réussir à les battre alors que c’était mal embarqué », conclut le champion de France 2021. « On est allé chercher ce match avec les tripes et la tête. Ça va nous faire beaucoup de bien à tous. » Préférable, avant une demi-finale contre la Serbie ou l’Argentine…
Our first quarter-final to go into OT!
are through to the semi-finals of #FIBAU19 after beating 84-79 pic.twitter.com/WwGpVMEDfy
— FIBA (@FIBA) July 9, 2021
À Riga,
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