Les secrets du début de saison prometteur d’Aix-Maurienne, par Kenny Grant : objectif playoffs ?
Après six journées de Pro B, Aix-Maurienne et Kenny Grant ont déjà gagné quatre matchs
Malgré l’un des plus petits budgets de Pro B, Aix-Maurienne Savoie Basket réalise un bon début de championnat (4v-2d), et vient également de passer les deux premiers tours en Coupe de France, contre le SCABB (Pro B) puis Feurs (NM1). Avant un déplacement chez l’Alliance Sport Alsace, le club occupe, après 6 journées, la cinquième place de Pro B et pratique un jeu très plaisant de l’avis de nombre d’observateurs. Les statistiques le confirment.
- 1er aux rebonds : 44,8/match (dont 7,7 rebonds/match pour Maxime Yomi Kemayou en 16 minutes)
- 3e à l’évaluation : 104,2/match
- 4e attaque : 87,5pts/match
- 4e équipe aux passes décisives : 20,2/match
- 1er à adresse à l’adresse aux lancers-francs : 78%
Au classement des meilleurs marqueurs, aucun joueur classé dans le top 40, mais 7 joueurs qui scorent entre 8,5 et 11 points par match !
Après cinq saisons avec Emmanuel Schmitt comme coach, durant lesquelles le club a terminé entre la 11e et la 16e place, Aix-Maurienne a fait appel à un nouvel entraîneur : Kenny Grant (42 ans). Passé par Antibes (assistant-coach de Julien Espinosa), par les Espoirs de Monaco, Avignon (NM1) puis un intérim à Denain (Pro B), il a été également adjoint de Hugo Lopez et sélectionneur en équipe nationale suédoise et était la saison dernière l’un des assistants de la meilleure équipe chinoise : les Liaoning Flying Léopards. Mercredi, au lendemain de la victoire en Coupe de France contre Feurs, il a répondu à quelques unes de nos questions, posées par Bertrand Van Butsele, l’ancien international français (15 sélections) et coach à la retraite.
Kenny, comment analyses-tu le bon début de saison d’Aix-Maurienne ?
Le bilan est positif, je suis surtout très satisfait du comportement de l’équipe au quotidien, l’engagement et l’investissement que les joueurs mettent chaque jour. Je suis plus focus sur le process et pense que l’on joue comme on s’entraine. Après, personne ne s’enflamme et ne tire de conclusions car nous n’avons joué que six matchs de championnat.
Comment s’est déroulé le recrutement ? Comment as tu procédé à la construction de ton effectif ?
Les dirigeants m’ont donné carte blanche pour effectuer le recrutement, en respectant l’enveloppe budgétaire donnée. Avec les nouvelles règles, en cas de changement de joueurs, je voulais des joueurs polyvalents et complémentaires qui permettaient d’avoir plusieurs options et associations possibles. Seuls Christopher Dauby et Siriman Kanoute étaient encore sous contrat.
Je souhaitais conserver Kamel Ammour, Corentin Falcoz et Gide Noel à la fois pour leurs qualités basket mais également pour leurs qualités humaines. Puis Maxime Yomi Kemayou nous a rejoint à l’intérieur après deux saisons en Espagne, où l a pris de l’expérience. C’est un joueur qui est dans l’intensité et le combat.
Une fois les joueurs français validés, j’ai avancé sur le recrutement des étrangers. Jacori Payne m’intéressait de par ses qualités et son expérience. c’est pour moi un poste très important que celui de meneur. JaCori a eu plusieurs rôles dans différentes équipes, il peut être plus dans l’organisation (cf à Nantes 2022-23) ou scorer plus (cf à Kocaeli BSB Kagitspor 2023-24). Je voulais absolument le signer. Neal Quinn est un pivot de grande taille pour la Pro B, avec de bonnes mains et bon passeur, sur qui j’avais de bons échos. Gerson Gonçalves me paraissait complémentaire de nos autres arrières et voulait de son côté s’essayer en Europe. Pour Carlos Pepin, c’est mon assistant, Vladimir Nestorovic, qui l’avait scouté et m’a demandé de le regarder. Il est complémentaire de nos autres intérieurs et c’est un très bon équipier.
Quel est l’objectif fixé pour cette saison ?
L’objectif est de faire les Play-offs. Je préfère avoir ce type d’objectif plutôt que de se contenter de dire que l’on joue le maintien. Pour cela, le club a fait l’effort d’améliorer les conditions de déplacement (à l’extérieur, nous ferons plus de départs la veille des matchs), la récupération, entre autres, afin de placer les joueurs dans les conditions les plus favorables possibles à la réussite sportive. Et le club essaye de se développer au niveau du partenariat.
Quel est ton style de jeu ?
Je veux un jeu précis, avec un cadre clair pour les joueurs, dans lequel je veux aussi leur laisser de la liberté au niveau des choix. J’aime que mon équipe soit dans le partage, que l’on joue dur, avec de la relance et de la vitesse. Je m’adapte quand même selon mes joueurs : par exemple, avec Neal Quinn, pivot de grande taille, on ne peut pas avoir les mêmes principes qu’avec un pivot de plus petit, en défense, notamment.
Quel style de coach es-tu ?
Le relationnel et le côté humain est très important pour moi, il faut du respect mutuel. Je suis direct et veux être honnête avec les joueurs que ce soit avec un Espoir ou un vétéran, pour que l’on aille tous dans la même direction. Je reste, en tant que coach, comme je suis en tant qu’homme.
Quelle est ton organisation en terme de fonctionnement et de contenu sur une semaine classique ?
Pour un match le vendredi, on s’entraine ensuite collectivement deux fois les dimanche et lundi et 1 fois les mercredi et jeudi. Il y a du travail individuel, avant et après les séances, mis en place et géré par Vladimir Nestorovic, mon assistant. Le travail de préparation physique, collectivement et de façon plus individualisée, est géré par Thomas Tissier, que je sollicite beaucoup. Le travail sur l’adversaire a lieu le mardi où l’on demande aux Espoirs, sous forme de scrimmage, d’utiliser certains plays ou options défensives de l’adversaire : de cette façon, les joueurs pros sont concentrés uniquement sur l’adversaire. On travaille surtout beaucoup sur nous, dans la semaine, afin développer notre collectif offensif et défensif et parce que c’est comme cela que l’équipe va progresser.
Quels sont les points forts que tu citerais pour caractériser ton équipe, sur ce début de saison ?
Les joueurs sont de vrais compétiteurs, au quotidien, lors des entrainements. Et cela, on peut sans doute le développer un peu mais on l’a ou on ne l’a pas. Personne ne triche.
Quels sont les points à développer ou les limites actuelles de ton groupe ?
Le vécu : j’ai plusieurs joueurs qui étaient des joueurs de rôle et dont le statut a changé. Cela demande forcément un peu de temps. Gagner à l’extérieur : cela s’apprend aussi…
Un dernier mot ?
En tant que joueur, j’ai côtoyé d’excellentes personnes qui m’ont beaucoup apporté et font de moi la personne et le coach que je suis. J’ai toujours voulu coacher et j’ai très vite essayé de comprendre, d’analyser et de poser des questions. Cela pour essayer de tout utiliser ensuite, le positif et aussi le négatif. Je voudrais essayer de transmettre cela aux joueurs afin qu’ils aient des idées claires et que cela leur serve. Toujours l’importance du côté humain pour moi.
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