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« Vous ne tiendrez qu’un an en Pro B » : 1 000 matchs plus tard, le miracle permanent d’Aix-Maurienne

32 ans après son arrivée en Pro B, le club d'Aix-Maurienne Savoie Basket va fêter ce vendredi son 1 000e match professionnel. Une incongruité dans le paysage du basket français et une folle épopée racontée par le père historique du club, Jean-Paul Genon.
« Vous ne tiendrez qu’un an en Pro B » : 1 000 matchs plus tard, le miracle permanent d’Aix-Maurienne

900 habitants à Aiguebelle, mais un club champion de France Pro B 1997 : le jour de gloire du Maurienne Savoie Basket, devenu Aix-Maurienne, le club créé par Jean-Paul Genon (en blanc en bas à gauche)

Crédit photo : Aix-Maurienne Savoie Basket

« Avec l’âge, on perd parfois la mémoire », s’amuse Jean-Paul Genon, du haut de ses 82 ans. « Mais pas encore », pour l’homme à tout faire d’Aix-Maurienne, qui avale quotidiennement les 45 kilomètres séparant son domicile isérois d’Aix-les-Bains, où il continue de jouer les chevilles ouvrières du club, supervisant encore la semaine dernière l’installation d’un écran au sein de la Halle Marlioz, avant de recevoir dans son bureau afin de retracer la folle épopée d’AMSB.

Pour cause, personne n’est mieux placé que lui pour raconter l’aventure savoyarde. En 1969, il a créé la section basket du foyer rural d’Aiguebelle, un village de moins de 1 000 habitants situé à l’entrée de la vallée de la Maurienne. Depuis, il a occupé toutes les fonctions possibles : joueur, entraîneur, statisticien, président, manager général, secrétaire général, arbitre, etc. Désormais, il en est le directeur général délégué…

Sauf que la petite section basket du foyer rural d’Aiguebelle a bien grandi. Et le club, désormais appelé Aix-Maurienne, est devenu une petite institution du basket français. Malgré ses moyens modestes (19e budget de Pro B cette saison), il va fêter ce vendredi contre le SCABB sa 1 000e sortie dans le monde professionnel. Pour 462 victoires, 537 défaites, un trophée de champion de France Pro B (en 1997) et une incroyable culture du maintien. À l’origine de cette histoire, Jean-Paul Genon ouvre la boîte à souvenirs.

Le premier match en Pro B
Maurienne – Saint-Brieuc (64-80), 11 septembre 1993

Jean-Paul Genon « Cette arrivée dans le monde pro était une consécration. Quand j’ai créé le club, en lançant la section basket du Foyer Rural d’Aiguebelle, je ne pensais jamais qu’on arriverait en pro. On jouait sur du goudron, avec trois jeunes piqués au foot, et deux anciens de 40 ans. L’objectif était de monter en Fédérale, la Nationale 4 ou 3. Jamais je n’aurais pensé qu’on pourrait avoir une équipe pro dans un patelin de moins de 1 000 habitants !

Il y a eu des concours de circonstance, beaucoup de chance, de la persévérance. D’ailleurs, on ne pensait pas se maintenir. Le demi-tonneau renversé d’Aiguebelle, notre salle, était mythique mais rudimentaire. Comme elle n’était pas conforme, on avait demandé une dérogation d’un an à la FFBB. Et le président Yvan Mainini avait accordé cette dérogation sur la recommandation du président de la Ligue des Alpes, Antoine Molinari, qui lui avait dit devant moi : « Yvan, rassure-toi, de toute façon, ils ne tiendront qu’un an… » Comme quoi…

Le tonneau d’Aiguebelle, là où Maurienne a écrit les premières pages de son histoire (photo : Joël Truchet)

Sur ce premier match de Saint-Brieuc, j‘étais aux statistiques à l’époque. À la fin du match, on a un joueur américain de Saint-Brieuc (vraisemblablement Derrick Pope, ndlr) qui vient me voir furibond : « C’est pas possible, vous m’avez volé ! » En NM2, on n’avait jamais eu de réclamation et c’était la première fois qu’on les tenait à ce niveau-là. Le président de Saint-Brieuc m’a expliqué qu’il lui avait mis une prime au nombre de rebonds : « il dit qu’il en a eu 8 alors que tu ne lui en as mis moins… Automatiquement, il n’a pas sa prime et il est furieux. » 

Le match du titre de champion de France Pro B
Maurienne – Toulouse (64-56), 15 mai 1997

« C’est une superbe aventure. Champion de France pour un club qui ne devant tenir qu’un an, c’était un pied de nez à l’histoire. On nous a tellement dit qu’on ne représentait rien dans le paysage politico-économique du basket que tout le monde avait été très satisfait de ce titre chez nous.

Lors de la finale, on bat Toulouse en deux matchs, dans une ambiance de folie chez nous pour le deuxième match. Il y avait tellement de monde qu’on était complètement hors des normes de sécurité. Le maire du village d’Aiguebelle était mon fils, Hervé, joueur pro dans l’équipe (1993/94), et il avait pris la responsabilité, contre l’avis de la gendarmerie, d’ouvrir les portes du gymnase, alors que tout était vendu, pour ne pas que les gens restent dehors. Toute la vallée de la Maurienne était descendue nous voir. On faisait régulièrement 1300 – 1400 spectateurs dans notre demi-tonneau, alors qu’il n’y avait que 900 habitants à Aiguebelle. Il y avait une identification quasi-totale des gens de la vallée. 

En plus, Toulouse, c’était l’antithèse : une grande ville, des moyens bien supérieurs, beaucoup de gros CV, comme Jean-Aimé Toupane, Ali Bouziane ou deux Américains. Cette finale, on la gagne sur l’envie. Dans un petit patelin comme le nôtre, c’était super sympa.

Cette saison-là, il n’y avait pas de montée en Pro A pour le vainqueur des playoffs, seulement la possibilité d’un repêchage. Mais j’avais demandé à la ligue qu’on ne nous le propose pas. On n’était pas du tout équipés pour la Pro A ! »

Le plus beau trophée de l’histoire d’Aix-Maurienne (photo : Melvin Quemerch)

Le match où Maurienne est devenu Aix-Maurienne…
Aix-Maurienne – Rueil (90-80), 8 octobre 2004

« Le déménagement a été voulu par les nécessités du développement du club. À défaut de subventions publiques, qu’on n’avait pas, il fallait faire du sponsoring privé et améliorer les conditions d’accueil. À Aiguebelle, on recevait nos partenaires dans une salle de classe désaffectée : il restait encore les pupitres, les tableaux noirs… On était complètement exsangues et condamnés à s’expatrier.

Rudimentaire Aiguebelle, avec l’aigle symbole du MSBAE sur la façade (photo : Joël Truchet)

Chambéry, c’était marqué interdit en raison du handball qui ne souhaitait pas du tout nous voir arriver. On avait pensé à Grenoble, on avait avancé avec l’adjoint aux sports : on avait même fait une union U15 France, sauf que ça ne s’était pas bien passé au moment du bilan financier. On avait aussi songé à la Haute-Savoie mais il n’y avait pas de salle. L’opportunité s’est faite sur Aix-les-Bains (fusion avec la Jeunesse Sportive Aixoise) car la ville venait de construire la Halle Marlioz.

Les Mauriennais nous en ont voulu pendant longtemps, même si on mettait à disposition des navettes gratuites qui drainaient toute la vallée. On s’arrêtait partout : départ de Modane, puis Saint-Jean-de-Maurienne, Épierre, Aiguebelle, La Chambre, etc. Il y en a qui ont bien mis dix ans avant de revenir. Mais entre-temps, on avait conquis un nouveau public aixois et haut-savoyard… »

Avec ses 1 500 places, la Halle Marlioz accueille les matchs d’Aix-Maurienne depuis 2004 (photo : Cécile Thomas)

Le match où Aix-Maurienne a investi le Phare pour la première fois
Aix-Maurienne – Élan Béarnais (80-86), 9 avril 2010

« Le premier match au Phare, c’était un saut sans parachute. Nous étions très sceptiques sur la possibilité de remplir le Phare, qui était quand même le but du jeu vu que l’on s’estimait un peu à l’étroit sur certaines manifestations à Marlioz. Grâce à la réussite du premier match contre Pau, ça nous a permis de nous rendre compte qu’on était en capacité de renouveler l’expérience. C’est ce que l’on fait depuis plusieurs saisons, désormais au rythme de deux délocalisations au Phare par an, plus une à Albertville. » 

Le Phare, et ses 4 500 places, accueille occasionnellement quelques rencontres d’AMSB à Chambéry

Le match de la descente en Nationale 1
Charleville-Mézières – Aix-Maurienne (82-69), 15 mai 2015

« On était le club doyen de Pro B (devant Nantes, promu en 1995, ndlr). Je n’aime pas trop parler de cette descente puisqu’elle a été faite administrativement (sanction de deux victoires pour « comptabilisation irrégulière ou frauduleuse, non-comptabilisation d’opérations ou communication d’informations inexactes », ramenée à une victoire en appel, pour une relégation au panier-average, ndlr). Je n’ai pas peur de le dire puisque la LNB sait pertinemment qu’il s’agissait d’une erreur de leur part, partiellement reconnue par le CNOSF.

On a eu peur de rester en NM1, qui correspond plus à notre niveau en termes de moyenne de budget. Si on n’était pas remonté tout de suite, je suis persuadé que ça aurait été compliqué. On serait peut-être encore, au mieux, en NM1… »

Le match où AMSB a gâché la fête à Bercy
Paris – Aix-Maurienne (83-102), 26 janvier 2020

« Le match de Paris à Bercy pour le Nouvel An Chinois, c’est un très bon souvenir ! Mais c’est sûr que tout avait été prévu par le club de Paris et par la LNB, dont le président était aux premières loges à côté de David Kahn, pour faire une grande fête… Tout le monde était persuadé que le Petit Poucet savoyard allait se prendre une grosse doudoune.

5 500 spectateurs à Bercy pour un match Paris – Aix-Maurienne en Pro B, deux jours après Milwaukee – Charlotte au même endroit… (photo : Lilian Bordron)

À la sortie, il n’y a pratiquement pas eu de match puisque l’on a dominé dans tous les domaines. Je suis bien conscient qu’on leur a complètement gâché la fête, ça m’a été redit par les gens de la LNB. On a sapé le moral du public et du club recevant. Ça ne les a pas empêchés de rebondir, avec d’immenses moyens, et on voit désormais le parcours qu’ils font en EuroLeague… »

À l’image de Ron March, Aix-Maurienne avait régné sur les débats à Bercy (photo : François Pietrzak)

Le 1000e match en Pro B
Aix-Maurienne – SCABB, 2 mai 2025

« Ça représente un pied de nez à la logique sportive. Il ne peut pas y avoir de corrélation stricte entre un budget et des résultats, tellement tributaires de paramètres et d’ajustements à la dernière seconde, entre un ballon qui rentre et un autre qui ressort. Il faut beaucoup de chance, parfois des coups de poker. »

Le 2000e match ? 

« Je ne le verrai plus (il rit). Je le souhaite mais c’est de plus en plus compliqué. On ne lutte pas à armes égales. On le voit quand on se compare à nos voisins de la Chorale de Roanne, à Antibes, à Pau, à Orléans, etc : ils ont tous plus du double de budget et de masse salariale. On tient parce qu’on fait des coups sur des jeunes qui s’avèrent payants. Mais le jour où on se plantera sur un pari, ça sera difficile… »

Le meilleur joueur de l’histoire du club ?

« C’est une bonne question… Je pense à Darrin Hancock. Un coup de pot monumental ! Il arrivait de nulle part en décembre 1993, lors de la première saison pro. On avait un joueur yougo qui ne faisait pas l’affaire (Dragan Vukcevic) et on cherchait un remplaçant à moindre frais. Yves-Marie Vérove, le coach d’Ajaccio, me dit qu’il a trois Américains à l’essai et qu’il ne va en garder qu’un, donc que je peux récupérer les deux autres.

L’un d’entre eux était Darrin Hancock (17,2 points à 52%, 5,3 rebonds et 1,7 passe décisive en 17 matchs), que personne ne connaissait, et qui avait signé directement aux Charlotte Hornets ensuite (34e choix de Draft après Maurienne, 133 matchs NBA avec Charlotte, Milwaukee, Atlanta et San Antonio). Il y a avait eu un article pour dire que c’était le premier joueur à passer directement de la France en NBA, surtout venant de Pro B (il rit).

Il était arrivé sans rien du tout : ni short, ni basket. Soi-disant il avait tout perdu à l’aéroport mais je pense qu’il était venu les mains dans les poches. Mais une classe phénoménale… Pour son premier entraînement, on lui a trouvé une paire de chaussures et on a directement vu. Il a transformé l’équipe. Il volait au-dessus de tout le monde, il smashait sur tout le monde. C’est le joueur qui nous a donné le déclic pour faire rêver les spectateurs. » 

Le joueur le plus marquant ?

« Je suis très porté sur la fidélité, une notion qui se perd complètement dans le sport français. J’avais découvert Thomas Yvrande par hasard, en arbitrant un derby minime à La Motte-Servolex. Il n’avait fait aucune détection, rien du tout, mais je le trouvais pas mal du tout. Quand j’avais dit au conseiller technique qu’on le prenait en cadets France, il m’avait répondu qu’il ne pourra pas jouer plus haut que départemental ! Quand il a signé son premier contrat pro, on lui a envoyé la petite coupure de presse en mettant « Tout le monde peut se tromper ». 

Yvrande, c’était un altruiste, jamais quelqu’un qui tirait la couverture à lui. Au contraire, il m’énervait beaucoup… C’était le spécialiste pour faire le plus dur : partir en double-pas et au moment de la poser dans le cercle faire une passe improbable en course souvent interceptée. Par contre, c’était un gros défenseur, qui n’avait pas peur de plonger par terre. »

Natif de Chambéry, Thomas Yvrande a fait toute sa carrière pro à Aix-Maurienne, de 2003 à 2017 (photo : François Pietrzak)

Le joueur au parcours le plus étonnant après Maurienne…

« Benoit Georget. Paix à son âme (décédé en 2012, à l’âge de 42 ans, ndlr)… Il avait un parcours atypique (espoir à Cholet, parti quatre ans à Blois en NM2, et débarqué dans le monde pro à Maurienne en 1995, ndlr). Il faisait des études de bon niveau (maîtrise en technique de commercialisation) mais voulait continuer à jouer. Il est venu chez nous en dealant le fait de faire ses études en parallèle de la Pro B. Il a été champion avec nous puis il a signé à Châlons-en-Champagne et à Gravelines. Il a rapidement gravi les échelons. C’est un gars à montrer en exemple, super structuré, qui savait exactement ce qu’il voulait faire. » 

Le joueur le plus guerrier ? 

« Moses Sonko (vu au club en 2009 et 2011, puis entre 2016 et 2018, ndlr). Ici, c’était Monsieur Moses Sonko. Le jour de la finale en NM1, à Saint-Vallier, il se fait une entorse monstre en première mi-temps. Ce jour-là, on avait trois kinés. Moi, j’étais derrière le banc, ils me font signe que c’est mort. Il a exigé que les gars le strappent à mort, il a joué et c’est lui qui a mis le panier à 3-points de la victoire ! »

Moses Sonko, avec Jean-Paul Genon, lors du match qui a scellé le retour d’Aix-Maurienne en Pro B en 2016 (photo : François Pietrzak)

« Des belles brochettes de crapules »…

« Chez les Américains, on a eu des belles brochettes de crapules ! On a tout eu. Je me souviens d’une fois où l’on a ouvert la pièce de l’appartement, on a trouvé du shit de partout. Le gars avait transformé sa chambre en fumoir et il dormait devant la télé dans son salon. En plus, il ne valait pas un cachou sur le parquet. 

Je me rappelle d’un autre qui avait refusé de jouer les deux fois contre Châlons-en-Champagne. À l’aller, il avait été arrêté deux jours pour maladie et c’était déjà difficilement passé chez moi. Puis lors du match retour, il n’était pas là au départ du car. Le coach l’appelle, il lui répond qu’il ne va pas au match. Je lui intime de venir immédiatement m’expliquer au départ du bus pourquoi il ne vient pas. Et il me dit : « là-bas, contre tel Américain, je suis sûr que je vais perdre toutes mes statistiques donc je ne veux pas jouer ce match ! »

Il y a aussi eu des touristes. J’ai l’exemple d’un joueur qu’on avait envoyé à Capbreton en rééducation pour trois semaines. Quand il est revenu, il n’avait pas progressé donc on le renvoie trois semaines. Et quand il revient une deuxième fois, le radiologue me dit qu’il y a du foutage de gueule, qu’il n’a toujours aucune évolution. Donc j’ai appelé Capbreton pour leur parler du pays ! Là-bas, le gars n’a pas du tout apprécié mon coup de fil : « Votre joueur, on ne l’a pas vu une seule fois en soin ! » Il s’était fait des potes sur place et il passait ses journées à boire des coups au lieu de faire sa rééducation…

L’Américain, pour moi, devait être le modèle pour les jeunes : la minorité l’a été mais la majorité ne venait que pour le fric. Le cas inverse serait Jim Barthels. C’était tout sauf un Américain du point de vue mentalité, fidélité… C’était un jeune à qui on avait promis de le prendre dès la saison précédente. J’étais parti le chercher à l’aéroport et le coach voulait le voir tout de suite sur le terrain à la descente de l’avion. Au bout de 30 minutes, il s’est tamponné avec Mamadou Loum qui lui a défoncé la mâchoire. Il en a été quitte pour une double fracture maxillaire. Je l’ai emmené à l’hôpital, on n’avait évidemment pas encore eu le temps de l’immatriculer auprès de la Sécu : il a passé trois jours là-bas et on avait pris tous les frais à notre charge. Il ne pouvait pas jouer avant plusieurs mois. Je l’ai ramené à l’aéroport en lui promettant qu’on le prendrait l’année suivante. Et heureusement qu’on a fait ça car on a été champion de France en 1997 grâce à lui… »

Les autres anecdotes de Jean-Paul Genon…

Le cierge d’Aiguebelle 

« Lors d’une saison où l’on était menacé de descente, le club des supporters avait fait le déplacement à Lourdes et le président avait dit que si on gagnait, on ferait brûler le cierge à Aiguebelle. Le pot au cierge est toujours dans le gymnase ! La flamme était rallumée juste pour les matchs. Les joueurs avaient pris l’habitude de regarder ce cierge qui flambait. » 

Quand Simon Darnauzan conduisait le minibus…

« On avait des conditions de déplacement plus que limites. On allait à Brest ou Quimper en minibus ! Comme on n’avait pas assez de chauffeurs, les joueurs conduisaient parfois. Simon Darnauzan adorait conduire par exemple. Je conduisais une partie du trajet puis je lui passais le volant. On pouvait se déplacer en voiture privées aussi : j’ai fait 300 000 bornes avec mes véhicules pour emmener les joueurs dans toute la France. » 

Simon Darnauzan (ici en 2011) a effectué trois passages et sept saisons à Aix-Maurienne (photo : Vincent Janiaud)

Quand le coach viré signe la feuille de match…

« En 2003, je remercie Laurent Pralong avant les trois derniers matchs de la saison. Et sur le premier (victoire 70-69 contre Orléans, ndlr), c’est pourtant lui qui a officiellement coaché, en signant la feuille de match. Le nouvel entraîneur qu’on avait pris dans la semaine, Philippe Ruivet, n’était pas encore qualifié. Mais il était derrière lui et communiquait avec les joueurs. J’avais trouvé ça très classe de la part de Lionel Pralong d’accepter cela. Ça nous avait sauvé ! Ça n’avait pas empêché Michel Gomez, en face, de déposer une réserve, alors qu’il avait servi de prête-nom à son coach croate toute la saison (Tony Mikic). »

Celui qui a débarqué en boitant à l’aéroport…

« Je me souviens avoir vu un joueur arriver en boitant à l’aéroport. Son agent m’avait dit au téléphone : « En Pro B, il peut jouer sur une jambe et il vous rendra quand même service ! » On voit la considération pour le championnat… Du peu que j’ai vu, je pense que ça aurait été un bon joueur mais il était complètement handicapé. Le docteur a dit que ce n’était pas possible. » 

La signature qui a tout changé…

« Pour le titre de 1997, on a eu beaucoup de chance au départ. On avait eu un blessé début décembre (Eric Eberz). Or, à l’époque, pour recruter un pigiste médical, il fallait le faire avant le 15 décembre à 18h. On a signé Franck Bouteille, tout juste coupé par Roanne, dans le cabinet d’un avocat à la Part-Dieu à Lyon, et j’ai posté le recommandé à 17h45. 

Franck a apporté un vrai plus à un effectif déjà très soudé et sympathique. Cela fait qu’on n’a plus perdu beaucoup de matchs (12v-2d pour finir). On a fini 3e, on a éliminé Bourg-en-Bresse et Poissy-Chatou en playoffs, avant de battre Toulouse en finale. » 

Franck Bouteille, le chaînon manquant du titre de champion de France Pro B 1997 de Maurienne (photo : Joël Truchet)

Le joueur à qui le club a peut-être sauvé la vie…

« On signe un joueur américain mais le docteur refuse de délivrer l’agrément pour raisons cardiaques. L’agent fait appel. Le joueur passe deux mois chez nous, à faire tous les examens possibles. On l’envoie même une semaine à Paris à la clinique du cœur, où tous les examens ont confirmé le diagnostic de notre docteur. Et il est reparti… Un mois et demi après, je reçois une lettre de sa mère pour nous dire qu’il avait été opéré à cœur ouvert aux États-Unis. Il arrivait d’un contrat de cinq mois au Mexique où il jouait tous les deux jours sans avoir passé de visite médicale. En Allemagne, il avait déjà été recalé par un toubib et son agent français s’était bien gardé de nous le dire. On lui a peut-être sauvé la vie. »

Propos recueillis à Aix-les-Bains

Commentaires


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bbd24
Bel article et joli club.
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(3) J'aime
jeildo
Bel article ‘
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(2) J'aime
mick7142
Très beau club dans une trop belle région.
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(1) J'aime
merci
Article très intéressant que j'ai vraiment apprécié et qui nous fait découvrir un club vraiment sympa comme peut l'être "mon" SQBB... en espérant voir Aix-Maurienne en Pro A très bientôt !...
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(1) J'aime
silk
Super article et bravo à Aix-Maurienne de jouer les poils à gratter en Pro B depuis si longtemps.
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(1) J'aime
coquio86
je le lirais plus tard!!!!!
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