« Ah, c’est la grande énigme Nicolas Batum » : 19 points, record en Bleu depuis 2014 !
9 tirs à 3-points tentés pour Nico Batum, son troisième plus haut total en équipe de France !
Vous vous souvenez du week-end du 12 et 13 septembre 2014 ? Dit comme ça, cela ne vous évoque sûrement rien… Et avec un peu de contexte ? C’est le week-end où l’équipe de France avait décroché sa première médaille mondiale, s’inclinant contre la Serbie (85-90), au lendemain d’un exploit incommensurable contre l’Espagne à Madrid, avant de mater la Lituanie lors de la petite finale (95-93). Au soir de sa 96e sélection, Nicolas Batum (2,03 m, 35 ans) avait alors inscrit 27 points, pour faire 62 avec ses 35 unités de la veille. Or, c’est jusque-là qu’il faut remonter pour trouver trace d’une telle saillie offensive de Batman en sélection nationale (19 points à 6/13, 5 rebonds, 2 passes décisives et 2 interceptions pour 18 d’évaluation en 34 minutes), malgré une pointe à 18 points en amical contre le Monténégro en 2019.
« Je lui demande d’être plus agressif qu’en NBA »
Entre-temps, 74 matchs se sont écoulés. Pratiquement 10 ans, aussi. Mais dans une salle qui a cristallisé ses pires cauchemars, en écho à son terrible 0/3 contre l’Espagne en 2015 (que s’est-il passé dans sa tête lorsqu’il s’est retrouvé sur la ligne de lancers-francs dans le deuxième quart-temps), Nicolas Batum a prouvé qu’il restait toujours aussi central dans le jeu de l’équipe de France. Comme si rien n’avait changé d’une décennie à l’autre. « Il a vraiment joué un rôle de fondation pour nous ce soir », appuie Victor Wembanyama, 10 ans lorsque son capitaine décrochait le bronze en Espagne. « Il a été très très important, autant sur la feuille de stat’ que sur ce qui ne se voit pas. C’est juste un atout incroyable. On n’en attendait pas moins de lui mais c’est juste un atout incroyable. »
On n’en attendait quand même peut-être pas autant… Défensivement, oui. Dans le leadership, aussi, lui qui est devenu ce samedi, avec Nando De Colo, le Français le plus capé en terme de campagne olympique (sa 4e). Mais dans la production offensive, lui le co-meilleur marqueur des Bleus (19 points, à égalité avec Wembanyama), clairement pas non. Sinon, on n’aurait justement pas patienté 10 ans avant de le revoir tutoyer la barre des 20 points en sélection. « Je ne m’attends pas à ce qu’il marque autant à chaque sortie », souriait d’ailleurs Vincent Collet. « Ce n’est pas systématique qu’il mette des points. Mais je lui demande quand même d’être plus agressif que ce qu’il peut être en NBA. »
Lancé par sa mission sur Huertas
Paradoxalement, c’est en… défense que Nicolas Batum a posé les premières pierres de son coup de chaud offensif. Après une entame timide, à l’image du collectif, l’ancien ailier du Mans s’est mis en mission sur le maestro adverse, Marcelinho Huertas. « Ça m’a mis en activité », souffle-t-il. « Je n’ai pas fait cinq – six bonnes premières minutes. J’étais nerveux, je l’avoue. Je me suis dit : ‘Nico passe à autre chose, joue, on a besoin de toi’. Je ne pouvais pas laisser toute la pression sur Wemby. Il fallait que j’attaque deux-trois trucs quand même. C’est ce que j’ai essayé de faire : d’être moi, de bouger en défense. Me mettre sur Huertas, ça m’a mis en activité. J’ai essayé de mettre le grand dans de bonnes conditions à l’intérieur et il était bien. Quand tout le monde est focalisé sur lui, j’ai juste à jouer autour quand c’est comme ça. »
Soit son fameux rôle de glue-guy, dans lequel il se complait tant, les points en plus. « C’est notre facilitateur, notre joueur qui met du liant », clame Vincent Collet ». « Il nous a portés », ajoute Rudy Gobert. « Il a été lui-même tout simplement. Il a amené de l’intensité défensive, il nous a permis de gagner beaucoup de ballon et de courir, il a mis des gros shoots, il amène de la sérénité en attaque en prenant les bonnes décisions. » Mais pour aller loin, aura-t-on toujours besoin d’un Nicolas Batum aussi agressif offensivement ? « Ah, c’est la grande énigme Nicolas Batum depuis 15 ans », lâchait-il en quittant la zone mixte, mi-amusé, mi exaspéré. « Peut-être, peut-être pas… » Et cette fois, c’est sûr qu’on n’aura pas à attendre dix ans avant de le revoir aussi productif statistiquement. Car dans quinze jours, il ne sera plus là…
À Villeneuve-d’Ascq,
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