Thomas Heurtel, le retour du patron

Depuis le début de l’EuroBasket, Thomas Heurtel était méconnaissable. À Cologne, le meneur qui avait enchanté la préparation des Bleus n’était plus que l’ombre de lui-même, monopolisant la gonfle, fâché avec son shoot (5/16), trop souvent troué défensivement. À tel point qu’il en a fini par perdre sa place dans le cinq de départ, après une entame catastrophique samedi contre la Lituanie (8-21, 7e minute).

Mais ce mardi, face à la Bosnie-Herzégovine (81-68), le héros de Madrid 2014 a retrouvé son costume de joueur génial pour terminer avec 14 points à 5/11 (dont 3/4 à trois points), 7 rebonds, 8 passes décisives, 2 interceptions et 1 seule balle perdue pour 24 d’évaluation en 31 minutes.

« Je pense avoir fait mon meilleur match ce soir », a-t-il ensuite confirmé au micro de Canal+. « J’ai un peu de mal avec mon adresse en ce moment. J’essaye de prendre du rythme. Mes coéquipiers essayent de me mettre en rythme, ils ont confiance en moi et le staff aussi. C’est une très bonne victoire pour nous. »

Au-delà des chiffres, l’enfant de l’Élan Béarnais a surtout eu une énorme influence sur la rencontre. De l’énergie pour dynamiser le jeu des Bleus, son incroyable qualité de passe pour l’éclairer, et même des efforts défensifs ! Pour ne rien gâcher, Thomas Heurtel a été décisif, à l’image de son tir primé qui lance la série française à cinq minutes du buzzer final (59-61 pour la Bosnie-Herzégovine). Avec 3/4 derrière la ligne majorée, l’Héraultais a aussi retrouvé sa confiance offensive, ce qui ne sera pas négligeable à l’approche des phases finales…

« Thomas a été excellent », salue Vincent Collet. « Je l’ai félicité sur les aspects défensifs car il a fait beaucoup d’efforts. Je lui ai posé la question de savoir s’il n’était pas trop fatigué car j’ai le sentiment d’avoir un peu tiré dessus. Mais je pensais ne pas trop avoir le choix : sur la zone et la construction du dernier quart-temps, on a besoin de lui. C’est notre meneur créateur. Pour nous, c’est important qu’il ait cette sérénité là. Il a commencé à mettre des tirs alors qu’il avait un peu de mal avec son adresse jusque-là : je l’encourage à shooter car je pense qu’on en a besoin aussi. Cela fait partie de notre équilibre offensif. Il a raté ses trois premiers shoots et c’était courageux de continuer. Il le fallait mais tous les joueurs n’en sont pas capables. Ça fait partie de nos solutions. On a parlé de l’amélioration de la recherche de nos savoir-faire les plus efficaces. Or, les tirs ouverts derrière les écrans de Thomas en font partie. Il faut qu’il les utilise et que l’équipe soit capable de les créer. En l’occurrence, on savait que Nurkic défendait loin des picks et la qualité des écrans de nos pivots a permis d’obtenir des tirs beaucoup plus confortables qu’il y a dix jours à Sarajevo. »

Et si Thomas Heurtel pouvait maintenant inspirer Élie Okobo ou Timothé Luwawu-Cabarrot quand au regain de confiance offensif, l’équipe de France s’en porterait encore mieux…

À Cologne,