Steeve Ho You Fat, un retour en Pro B plutôt que la G-League : « Le choix a été difficile »
Le contraste peut être vertigineux. Seconde vedette inattendue de la tournée des Metropolitans 92 à Las Vegas en octobre 2022, Steeve Ho You Fat (2,02 m, 35 ans) sort d’une année folle, lui dont le nom de famille a suscité l’hilarité aux États-Unis et généré des centaines de milliers de mention sur les réseaux sociaux. Surtout, il y a cinq mois, le nouvel intérieur de Fos-Provence était encore au centre de tous les regards, facteur X inattendu du Match 4 de la demi-finale à l’Astroballe après avoir indirectement sauvé la saison des Mets en provoquant le départ de Tremont Waters après une bagarre dans le vestiaire à Monaco. De la finale de Betclic ÉLITE à la zone de relégation en Pro B, de la folie Wembanyama à l’anonymat de Parsemain, la transition pourrait être douloureuse. Pas pour Ho You Fat, visiblement. « Je la vis bien », assurait-il mardi dernier, après la quatrième défaite consécutive des BYers contre Vichy, lui qui n’a pas joué ensuite à Poitiers à cause d’un virus. « Parce que c’est un choix, déjà. Avec Rémi (Giuitta), on s’est appelé, on a longuement discuté. Après l’aventure de Boulogne où j’ai connu la Coupe d’Europe et la saison Wembanyama, je ne savais plus trop ce que j’avais envie de faire. Humainement et sportivement, j’avais vécu de très belles choses : accompagner des jeunes dans leur début de carrière, travailler avec Vincent Collet, c’était vraiment exceptionnel. Je ne savais pas si j’avais envie de repartir sur un projet en Pro B, surtout que je connaissais le contexte : une seule montée, cela met beaucoup plus de pression sur toutes les équipes. Je n’étais pas sûr d’avoir envie de vivre ça. »
« Ignite, ce n’est pas vraiment fermé »
D’autant plus que les tentations ont été nombreuses. À 35 ans, après quinze saisons intégralement passées en LNB, à naviguer entre l’élite et la Pro B, Steeve Ho You Fat aurait pu aspirer à un challenge à l’international afin de faire fructifier sa notoriété tardive. Séduit par son encadrement des jeunes pousses aux Metropolitans 92, la G-League Ignite lui a ainsi proposé de venir en faire de même de l’autre côté de l’Atlantique. D’origine chinoise, le Guyanais avait également eu des contacts, moins avancés, en Asie. « Ça n’a pas été simple de refuser la G-League » , admet-il. « Choisir Fos plutôt que la G-League, ça a été un choix difficile. Maintenant, ce n’est pas fermé car c’était vraiment un projet particulier, que je ne peux pas vraiment expliquer en détail. On verra pour plus tard, ou une reconversion, car j’ai gardé de très bons contacts avec Ignite donc à voir. »
Alors dans ce contexte, avec l’appel de la nouveauté, avec la réticence initiale à retourner tâter de la Pro B, pourquoi avoir finalement opté pour l’antichambre ? « C’est le compétiteur en moi qui s’est réveillé », répond l’ancien intérieur de Cholet, Antibes, Évreux, Roanne, Orchies et Rouen. « Il faut bien dire que je n’ai pas beaucoup été utilisé aux Metropolitans 92. Je savais que j’avais encore des jambes, de l’énergie et je voulais me faire un challenge, repartir sur quelque chose de bien, une sorte de zone de confort puisque je connais très bien la Pro B. J’avais envie d’un petit défi, de me donner encore un peu, de transpirer, de tout donner sur un terrain et voir si j’étais capable d’aller chercher ce titre de Pro B que je n’ai jamais eu. Le projet de Fos-Provence me semblait intéressant, me semble toujours intéressant. »
« Fos, c’est un petit retour à la réalité »
Pourtant, le début de saison des méridionaux n’incite pas vraiment à l’optimisme. Avant d’aller l’emporter vendredi à Poitiers, Fos-Provence en était à huit défaites en neuf matchs officiels, avec une seule victoire contre Hyères-Toulon à la maison en Coupe de France. Pas vraiment le début attendu pour un relégué, même si l’été fosséen a été catastrophique, avec un champ de ruines lorsque Rémi Giuitta a accepté, tardivement, de reprendre le coaching et une page intégralement blanche. « Cette entame difficile n’était pas prévue », soupire Ho You Fat « Mais il faut se rappeler qu’on a commencé la présaison très tard, qu’on une toute nouvelle équipe. On peut voir qu’on manque de cohésion, qu’on a du retard sur les autres et on paye un peu tout ça. Après, personnellement, des défaites, j’en ai connu. J’ai beaucoup plus perdu que gagné dans ma carrière. C’était vraiment sympa de gagner des matchs ces quatre dernières années. Ça m’a permis d’acquérir de l’expérience, de vivre des choses extraordinaires, de me faire plein de souvenirs que d’autres basketteurs n’ont pas. Aller à Las Vegas en plein championnat, peu de joueurs l’ont fait. C’était vraiment sympa ! Maintenant, Fos, c’est un petit retour sur Terre, retour à la réalité, un nouveau challenge de vie et de sport. J’ai préféré faire ce choix plutôt que de m’asseoir sur le banc en Betclic ÉLITE et passer mon temps à applaudir. J’avais envie de vivre des sensations. Pour l’instant, je suis servi (il rit) ! » Ce ne sont juste pas celles espérées…
L’œil de Rémi Giuitta
« On cherchait un JFL, déjà, et qui soit accessible pour nous. La liste était assez réduite. Je voulais un intérieur polyvalent, capable de jouer sur deux postes. Steeve a beaucoup joué 5 la saison dernière, ou plutôt faux 5, car il n’y a pas de poste à côté de Wembanyama. C’est un joueur qui a connu la Pro B et ça compte. Descendre de Betclic ÉLITE, ce n’est pas évident et il le vit cette année : ce n’est pas un basket bien léché, avec du spacing, etc. C’est du basket de course, d’engagement. Ça fait quatre ans qu’il n’a pas connu ça. »
À Marseille,
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