« J’ai toujours été le gars derrière » : Sébastien Cape, la revanche du sous-coté
Héros de la finale de la Leaders Cup Pro B, Sébastien Cape a été porté en triomphe par ses coéquipiers de la JA Vichy
Palais des Sports Pierre Coulon, début août. La JA Vichy reprend l’entraînement avec un meneur quasiment novice à ce niveau, Sébastien Cape (1,85 m, 30 ans). Rare vétéran d’une équipe de minots, vu une seule fois dans l’antichambre (en 2017/18 avec Caen), le Landais a l’impression de se heurter à un mur. « Je me suis dit que je ne savais pas si j’avais le niveau Pro B », souriait, six mois plus tard, le meneur vainqueur de la Leaders Cup Pro B (97-90 en finale contre Champagne Basket), t-shirt trempé par les célébrations dans le vestiaire, grand chapeau bleu sur la tête. « C’était si dur, il y avait une telle intensité ! »
11 points à 100% en prolongation !
Mais oui, Sébastien Cape a vite été rassuré. Il a bien le niveau Pro B. Stabilisateur du jeu auvergnat (8,6 points à 43%, 1,9 rebond et 5 passes décisives), l’enfant de l’Élan Béarnais était déjà un élément prépondérant de la formidable saison thermale (deuxième place au classement). Mais il a fait encore mieux ce dimanche, porté en triomphe par tous ses coéquipiers au buzzer final. Et pour cause ! Le natif de Bayonne a offert à la JAV son premier trophée depuis le titre de champion de France Pro B en… 2007 !
Auteur de 24 points à 8/15, 3 rebonds, 11 passes décisives et 2 interceptions pour 32 d’évaluation en 34 minutes, Sébastien Cape avait d’abord mis Vichy sur les bons rails dès la première mi-temps. 4 passes décisives dès le premier quart-temps, 6 à la pause, de quoi poser les bases d’une finale réussie. « Il avait réussi à contourner le problème de l’agressivité défensive de Champagne Basket sur pick and roll », salue Guillaume Vizade. Puis l’irrationnel est arrivé. Scotché à 5 points à 2/7 à la fin du troisième quart-temps, l’ancien meneur de l’URB est celui qui a permis à la JAV de signer un improbable renversement de situation.
« Si ça peut offrir un peu d’espoir pour tous les joueurs en NM1… »
Le 4-0 des 14 dernières secondes pour égaliser, c’est lui. L’interception décisive sur Marquis Jackson, après la trappe réussie du duo Kamardine – Penda, et le petit floater instantané, c’est lui. La prolongation hallucinante, c’est lui aussi ! À créditer de 19 unités lors de ses 12 dernières minutes passées sur le parquet, de 11 points à 100% en overtime, il a terminé la rencontre par un formidable 6/6 aux tirs. « C’est ce genre de match où il faut apporter un peu de stabilité et d’expérience : à la fin du match, j’ai senti qu’il y avait de la fatigue et qu’il y avait plus besoin de scoring que de passes », expliquait-il sobrement, lui l’auteur d’un 3/3 de loin de prolongation. Pas mal pour un joueur qui brillant souvent par sa maladresse autrefois… « Il a été catalogué comme un arrière de petite taille qui ne shoote pas », rappelle son ami Pierre Pelos, formé à l’Élan Béarnais à ses côtés, « comme un dingue » devant sa télévision dimanche après-midi. « Mais Seb a toujours été le joueur à avoir dans les situations compliquées car il faisait souvent la différence dans ces moments-là. »
La preuve, dimanche, au sein d’un match bien plus exposé que les rencontres U21 ou Nationale 1 de l’époque. Cantonné à l’ombre avec huit de ses neuf premières saisons professionnelles passées en troisième division (avec Tarbes-Lourdes, Caen, Bordeaux, Lorient et Rennes), Sébastien Cape a explosé à la face du basket français sur le parquet de l’Arena Saint-Étienne Métropole. « Franchement, c’est fou », soufflait-il dans la foulée, son trophée de MVP posé devant lui. « Mon parcours est semé d’embûches mais j’ai toujours cru en moi. Depuis que j’ai 14 ans, je n’ai jamais fait partie des prospects, des mecs que l’on met en valeur. Je n’ai jamais été sur le devant de la scène. J’ai toujours été le gars derrière, qui attend sa chance. C’est un peu ce qui s’est passé pendant toutes ces années en Nationale 1, même si c’est déjà fort de rester en NM1. Je me suis accroché, je n’ai jamais lâché. Si ça peut offrir un peu d’espoir pour tous les joueurs qui sont en NM1 et qui essayent d’arriver en Pro B… Cela montre qu’il faut juste attendre la bonne opportunité. J’ai travaillé tous les étés, tous les ans, pour en arriver ici et pour faire ce type de performance au plus haut niveau. » Visiblement, ça valait le coup d’attendre son tour…
𝐂𝐀𝐏𝐓𝐀𝐈𝐍 𝐌𝐕𝐏 🏆
Comment parler de cette finale, sans évoquer notre capitaine @seb_speedy_cape qui termine la rencontre avec 24 points, 11 passes, 2 interceptions pour 32 d’évaluation 🌟 pic.twitter.com/v6GgGw6Sr0
— JA Vichy Basket (@jav_basket) February 19, 2024
DE -4 À ÉGALITÉ !
VICHY ARRACHE UNE PROLONGATION DANS CETTE FINALE 🤯🤯#LeadersCupPROB @jav_basket pic.twitter.com/R8RXpKt6vZ
— LNB (@LNBofficiel) February 18, 2024
L’oeil de Pierre Pelos (Gran Canaria) :
« Il a toujours été dans l’anonymat »
« On a joué trois ans ensemble en centre de formation à l’Élan Béarnais puis un an en Nationale 1, à Tarbes-Lourdes. Seb a toujours été le bon coéquipier dans une équipe, toujours le joueur à avoir dans les situations compliquées car il faisait souvent la différence dans ces moments-là. Il n’avait pas la même qualité de shoot à l’époque (2/20 à 3-points en Espoirs en 2011/12) : il a vraiment travaillé dur pour mettre des tirs et ça paye, on voit la récompense. Qu’un joueur étiqueté non-shooteur tourne à 30% sur une saison, c’est quand même pas mal, surtout que c’est le spécialiste des shoots déséquilibrés. Il a cravaché, il n’a pas été conservé par Caen en Pro B, il est retourné en Nationale 1 et il a bossé, il a pris son temps. Après, il a trouvé des entraîneurs qui lui ont fait confiance : je pense notamment à Pascal Thibaud qui lui a donné les clefs à Rennes.
Que Guillaume Vizade l’appelle, c’était parfait pour lui : aller à Vichy, dans une équipe jeune où il va jouer, où il va avoir un rôle hyper important de relais par rapport au coach. J’étais comme un dingue devant ma télévision pour la finale. Ça a été un grand match pour lui. Un premier titre en Pro B, ce n’est pas rien. Il voulait gagner, et il l’a fait. Il a eu un parcours atypique comme beaucoup de joueurs de notre équipe de ces années-là. Bastien (Pinault), moi, lui encore plus : rien ne nous a été donné. Il a été catalogué comme un arrière de petite taille qui ne shoote pas, c’était compliqué. Il a su progresser, améliorer son jeu, à l’image de ses 11 passes décisives en finale. Dans un match comme ça, c’est un chiffre énorme ! Il a compris beaucoup de choses, il a travaillé physiquement : c’est maintenant un vrai meneur de jeu, qui a un profil intéressant. Je pense que pas mal de coachs vont se pencher sur lui après cette finale, et c’est mérité car il a toujours été dans l’anonymat, en Nationale 1. Maintenant, il se retrouve en pleine lumière, tant mieux pour lui ! Mais ce n’est pas fini, on va encore entendre parler de lui. Je suis très content pour Seb, il a bossé dur et il a enfin ce qu’il mérite. »
À Saint-Chamond,
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