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La belle aventure de Sebastian Herrera (Paris), le pionnier chilien

EuroCup - Shooteur fou du Paris Basketball, à une marche du titre en EuroCup, Sebastian Herrera est une anomalie dans le paysage du basket continental, seul Chilien d'origine à un tel niveau. Son père nous a raconté son histoire, le joueur aussi.
La belle aventure de Sebastian Herrera (Paris), le pionnier chilien
Crédit photo : Julie Dumélié

Excentré du centre-ville, l’hôtel Mercure de Bourg-en-Bresse n’est pas exactement l’endroit où l’on peut passer par hasard à pied. Alors voir arriver un homme affublé d’un sweat-shirt siglé « Comité olympique du Chili » renseigne rapidement sur son identité : Juan Manuel Cordoba, le sélectionneur chilien. L’individu a fait parler de lui ces derniers jours à la JL Bourg en tentant de se faire accréditer pour la finale de l’EuroCup, alors qu’il n’est évidemment pas journaliste. Par l’entremise de Goran Radonjic, il a finalement dégoté une place classique.

Juan Manuel Cordoba est accompagné d’une autre personne, Riccardo Herrera, le père de Sebastian, venu tout droit de Santiago, au Chili, pour assister à la finale de l’EuroCup. Sur la terrasse de l’hôtel, entre son Anglais hésitant et notre Espagnol chancelant, la conversion s’engage. Le paternel, ancien joueur semi-professionnel, raconte comment son fils s’est mis au basket. « Seba faisait trois sports à la fois : du tennis, du football et du basket. Je lui ai demandé de choisir. C’était un très bon joueur de tennis : un jour, il a fait un tournoi et il mettait des 6-0, 6-1 à tout le monde. En finale, il a joué contre Cristian Garin (désormais tennisman professionnel, ancien 17e mondial, ndlr). Il a perdu 6-1 ! Alors Seba a décrété qu’il ne rejouerait plus jamais au tennis. Il s’est mis au football et il s’est fait découper pendant un match avec des tacles de partout. Du coup, il s’est mis au basket. Et moi, j’ai soufflé un grand coup (il rit). Intimement, je souhaitais qu’il fasse du basket mais je ne voulais rien lui imposer. »

De la D2 allemande aux finales de Coupes d’Europe : merci Mannheim !

30 minutes plus tard, alors que son père et son sélectionneur dînent dans la salle attenante, Sebastian Herrera s’esclaffe dans une alcôve du hall d’accueil de l’hôtel Mercure. « J’ai joué contre Garin ?! Ce mec, c’était Garin ? Un enfant m’a complètement tué. Si c’était vraiment lui, c’est complètement fou ! Mais c’est plausible, on a le même âge ! » La fin de soirée a sûrement permis quelques éclaircissements familiaux mais le reste de l’histoire est plutôt concordante : elle raconte comment Sebastian Herrera, enfant de Vitacura, est devenu le premier Chilien à remporter une Coupe d’Europe l’an dernier, vainqueur de la Champions League sous les couleurs de Bonn.

Avec 43,1% à 3-points, Seba Herrera fait partie des meilleurs shooteurs de l’EuroCup (photo : Julie Dumélié)

En l’occurrence, c’est sa mère qui a indirectement joué un rôle majeur. Allemande d’origine, installée au Chili depuis le milieu des années 80, elle lui a légué un deuxième nom de famille, Kratzborn, et surtout un passeport allemand. Le sésame pour l’Europe. Encore fallait-il se faire repérer… Sebastian Herrera y est parvenu grâce au tournoi de Mannheim, en 2014. L’un de ses assistants-coachs glissant aux recruteurs qu’il était titulaire de la nationalité allemande, les offres ont fini par arriver. Ce sera Trier, à deux pas de la frontière luxembourgeoise, où la relégation de l’équipe première en deuxième division allemande, dès la fin de sa première saison, constituera une formidable opportunité personnelle : le grand saut des U19 vers la Pro A, l’antichambre de la BBL, à seulement 17 ans. Deux ans plus tard, un certain… Tuomas Iisalo vient le chercher à Crailsheim, toujours en Pro A. « Lui et moi, on a démarré d’en bas. Qu’il me fasse confiance a changé ma vie. » Ou, du moins, sa carrière, de la seconde division allemande aux portes de l’EuroLeague. « J’ai dû me battre pour gravir les échelons mais c’est génial », sourit-il. « Je profite vraiment de ce qui se passe autant que je peux. C’est une opportunité incroyable. »

Déjà le plus grand joueur Chilien de l’histoire

Pour un Chilien, c’est surtout du jamais vu. De quoi déjà en faire, à seulement 26 ans, le plus grand joueur de l’histoire du basket local. « Ce qu’il est en train d’accomplir est inédit pour notre pays », assure son père, Riccardo. Certains compatriotes sont également en Europe, mais à des hauteurs beaucoup moins élevées : Ignacio Varela en deuxième division espagnole, Manuel Suarez en Estonie, Nico Carvacho en Pologne, Felipe Haase en Grèce, Aitor Pickett en deuxième division allemande, etc. Ensemble, ils forment la colonne vertébrale de la sélection du Chili, qui vient de signer l’un des plus beaux exploits de son histoire en battant l’Argentine de Facundo Campazzo en février dernier (79-77), malgré le petit match d’Herrera (8 points à 2/10), capitaine de l’équipe nationale. Une première depuis 68 ans, ce qui a permis au Chili de se hisser à la 61e place du ranking FIBA, un classement référence pour cet interminable État côtier de l’Océan Pacifique.

Sebastian Herrera agitant le drapeau chilien l’an dernier après le titre de Bonn en BCL (photo : FIBA)

De quoi développer le basket au Chili ? Deuxième sport en terme de licenciés, le basket y reste confidentiel, dans l’ombre du football (et sa star Arturo Vidal) et du tennis, qui produit trois Top 10 mondiaux : Marcelo Rios, Nicolas Massu et Fernando Gonzalez. « Ce n’est malheureusement pas un sport important chez nous », regrette Sebastian Herrera. « Mais depuis deux ans, il prend de l’ampleur. Les infrastructures et les coachs progressent. De plus en plus de joueurs viennent en Europe et ça créé une émulation positive. Avoir des représentants sur la grande scène donnera le bon exemple pour la prochaine génération. Ça motivera les jeunes à se mettre au basket. Ici, j’essaye de représenter le Chili du mieux que je peux ! » Il l’a fait l’an dernier à Malaga, après le sacre en BCL, en se drapant dans un drapeau chilien. Et on n’a pas demandé s’il l’avait pris dans ses bagages à Bourg-en-Bresse. À vrai dire, on connait déjà la réponse…

L’œil de Juan Manuel Cordoba, son sélectionneur national

« Seba est en train de réaliser une belle carrière européenne en franchissant les étapes les unes après les autres. Il est arrivé très jeune et s’améliore constamment. En équipe nationale, il est notre capitaine, un leader sur et en dehors du terrain. C’est quelqu’un qui montre le chemin pour la prochaine génération. C’est un joueur très intelligent, qui ouvre les portes en Europe pour tous les autres Chiliens. Je suis incapable de dire quelle est sa limite. Je ne sais pas jusqu’où il peut aller car il grandit en permanence.

Lors du match aller de la finale, il a prouvé qu’il ne pouvait pas faire que marquer des points. Avec son père Riccardo, on se disait qu’il a été bon dans beaucoup de domaines. Il a très bien défendu, il a apporté sa contribution aux rebonds et a pris de bonnes décisions en attaque : en terme de circulation de balle ou sur l’attaque des switchs, par exemple. Et puis, il scorera toujours, car c’est un fort shooteur ! »

À Bourg-en-Bresse,

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gai27
Sympa vos portraits du jour. Autant Axel Julien n'est pas inconnu, autant Sebastian Herrera Gagne a ne Pas le rester.
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