[Rétro] Quand Bryce Brown (Bourg) était mis au placard par le Besiktas Istanbul
Parmi ses trois matchs avec le Besiktas, Bryce Brown avait notamment affronté Cholet
Son enceinte crachant quelques notes de musique moins d’une heure après le buzzer de la demi-finale aller d’EuroCup mardi soir (86-74), Bryce Brown se perd dans un rire teinté d’embarras dans les couloirs d’Ékinox. « Oh wow, tout le monde pense que j’ai chambré le banc du Besiktas ?! Mais non non non (il le répète une dizaine de fois, ndlr), je parlais juste aux tribunes ! OK mais ça explique le message que je viens de recevoir sur Instagram : des insultes d’un supporter turc, en me disant qu’on se verrait vendredi à Istanbul. Oh waow… »
Car oui, à la 15e minute, toute la salle (et les commentateurs de SKWEEK) a bel et bien cru que Bryce Brown (auteur de 10 points à 2/5, 4 rebonds et 3 passes décisives) s’était fendu de quelques mots doux à l’attention du banc turc, après son premier tir lointain, offrant un écart quasi maximal pour la Jeunesse Laïque (30-14).
Bryce Brown en patron 😳@JLBourgBasket x @EuroCup#SKWEEKLive pic.twitter.com/rMCTeUX6Qh
— SKWEEK (@skweektv) March 26, 2024
Un trash-talking qui n’aurait pas été si surprenant au regard du passif entre les deux parties. Lors de l’été 2022, le shooteur a paraphé son premier contrat européen en faveur du… Besiktas Istanbul, mais l’aventure n’avait même pas duré trois mois. « J’arrivais de G-League », rappelle-t-il. « C’était vraiment différent de tout ce que je connaissais jusque-là. Ça avait été un peu un choc. »
Écarté au bout de trois matchs :
« Une prise de conscience »
Biberonné à l’antichambre de la NBA lors de ses trois premières saisons professionnelles entre Maine, Westchester et Long Island, Bryce Brown (1,90 m, 26 ans) ne bénéficiait pas d’une figure tutélaire, comme E.J. Rowland l’est actuellement à Bourg-en-Bresse, afin de s’adapter plus rapidement aux spécificités européennes. Le casting américain à Besiktas à ce moment-là ? Jordan Usher, Matt Coleman et David McCormick, tous débutants en Europe ! « On sortait soit de G-League, soit de NCAA, donc on ne jouait pas de la bonne façon », regrette-t-il. « Je pense que nous sommes tous des bons joueurs et que nous allons tous connaitre de bonnes carrières, mais il nous manquait cette expérience européenne. Or, ça importe vraiment. Personnellement, ça a été difficile, car je n’avais pas un vétéran vers qui je pouvais me tourner pour comprendre ce qu’il fallait faire. »
De fait, Bryce Brown n’a disputé que trois rencontres avec le Besiktas, toutes perdues : deux en BSL et une en tour préliminaire de la FIBA Europe Cup, à… Cholet (62-93). Ses statistiques étaient loin d’être déshonorantes (9,7 points à 38% et 2 rebonds en 20 minutes) mais l’artificier de Stone Mountain n’était pas utilisé de la façon la plus adéquate eu égard à ses qualités, contraint de trop porter le ballon. En plus de ne pas connaître le jeu européen… « Il n’était pas prêt à jouer à ce niveau », clame Fersu Yahyabeyoglu, journaliste turc. « C’était sa première saison en Europe et il n’a pas su s’adapter, surtout que l’alchimie collective de cette équipe était très médiocre. »
Après les arrivées des plus expérimentés Matt Mooney et Jason Rich (meilleur marqueur 2017 de Pro A), Bryce Brown a vite été contraint de rester en civil en tribunes, devenu surnuméraire en raison du quota d’étrangers en BSL. « Je ne veux blâmer personne », indique-t-il. « Pour moi, cela a agi comme une prise de conscience mais ça ne m’a pas découragé. En venant en Europe, j’avais été prévenu que de telles décisions pouvaient être prises en cas de série négative. Je m’attendais à des changements mais je ne pensais que je serais le premier concerné. D’autres équipes ont vu que je n’étais plus utilisé. Je voulais partir pour un autre club où je pourrais apprendre sans être trop sous pression, je voulais me retrouver dans un marché moins important. J’avais le sentiment que j’avais besoin de beaucoup plus d’apprentissage que cela pour ma première année. » Ce sera finalement une exfiltration vers la Pologne, à Szczecin, le 27 octobre, et un choix payant puisqu’il terminera champion et MVP de la finale. « J’ai beaucoup évolué là-bas ! Le coach m’a fait confiance. Il a été très tolérant avec moi car il comprenait que j’avais du potentiel, malgré mes défauts. »
« Je suis devenu un joueur plus intelligent qu’au Besiktas »
Un an et demi après ces trois semaines passées dans le placard du Besiktas, Bryce Brown retrouve donc sa première équipe professionnelle. Avec un sentiment de revanche ? « Non, j’ai beaucoup d’affection pour tous les gens qui sont encore en place », balaye-t-il, lui qui les a effectivement chaleureusement accueillis le mardi matin à Ékinox ou conversait encore, à 40 minutes de l’entre-deux, avec Erdem Uygur, le responsable des relations externes. En janvier, lorsque la JL Bourg avait passé toute une semaine à Istanbul, il était même allé les voir jouer contre Bursaspor, en compagnie d’Isiaha Mike et François Lamy. Mais… « J’ai encore plus envie, j’ai un peu plus d’adrénaline, que contre n’importe qui d’autre. C’est spécial d’affronter Besiktas. Juste parce que je les connais, et qu’on a toujours envie d’être bon devant ses vieux amis ! »
This will be fun😏 https://t.co/Rc4wvKB2qP
— Bryce Brown (@Bwb_2) March 14, 2024
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— JL Bourg Basket (@JLBourgBasket) March 27, 2024
Attendu par une bronca monumentale ce vendredi soir au Sinan Erdem Dome, comme tous ses coéquipiers, Bryce Brown n’avait toutefois pas pu s’habituer à ces ambiances assourdissantes. Son seul match à domicile, contre Konyaspor (82-90), s’était tenu dans une Akatlar Arena à moitié vide. « Ça va être complètement fou », anticipe-t-il. « Mais j’ai la conviction, grâce à notre expérience, que nous avons une équipe bâtie pour ce type d’environnement. » Au milieu des huées et des injures, lui aura aussi certainement à cœur de prouver à ses anciens supporters qu’il a évolué depuis 18 mois. « Cette expérience au Besiktas m’a donné plus faim et m’a rendu plus motivé pour m’ajuster au jeu européen. Je sens que le délic est en train de se faire. Je commence à faire certaines lectures que je ne faisais pas du tout quand j’étais à Istanbul. Je suis devenu un joueur plus intelligent. » L’intelligence, dans ce contexte, ce sera aussi de ne pas faire croire à 16 000 furieux que l’on trash-talke le banc du Besiktas en plein cœur de la première mi-temps…
À Bourg-en-Bresse,
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