Rachid Meziane, un coach français champion d’Europe : « Je suis fier ! »
Si l’on exclut la binationale Marina Maljkovic, il y a désormais quatre coachs français champions d’Europe : Alain Jardel, Pierre Vincent, Vincent Collet et donc Rachid Meziane. Mais contrairement à ses homologues, le Clermontois ne l’a pas fait avec les Bleu(e)s. Non conservé par la fédération dans le staff tricolore après sept années passées aux côtés de Valérie Garnier en équipe de France, le technicien de Villeneuve d’Ascq a été obligé de s’expatrier en Belgique pour faire valoir ses compétences. D’abord assistant de Valéry Demory, l’ancien entraîneur de Nice a été promu l’an dernier, à la suite d’un intérim réussi lors de la fenêtre internationale de novembre 2022. Un conte de fées puisque Meziane vient de remporter l’EuroBasket avec les Belgian Cats, battant l’Espagne 64-58 en finale. Dans les coursives de la Stozice Arena, le tricolore semblait encore sur la retenue, comme s’il ne saisissait pas encore la portée de son exploit.
À LIRE, SON PORTRAIT
RACHID MEZIANE, LE BLEU DES BELGES
Rachid, vous venez de remporter l’EuroBasket avec la Belgique. Quel est le premier sentiment ?
Je ne réalise pas encore. J’ai des flashbacks de toutes ces finales perdues avec la France qui me viennent en tête. C’était une première pour moi, ce que je vis-là est exceptionnel et il va me falloir un peu de temps pour le savourer. Bien entendu, tout de suite, il y a toute la célébration et le décor mais je suis encore dans le match, encore en train de l’analyser. Je pense bien entendu à toutes ces personnes qui m’ont permis d’être là, à la confiance accordée par la fédération belge pour quelqu’un qui n’avait pas forcément d’expérience de sélectionneur. Je veux les remercier. J’avais l’impression que nos destins étaient un peu liés, devaient se croiser pour me permettre d’avoir ma première médaille d’or et la leur aussi. Je suis juste fier de ce qu’on a fait. Parce qu’on gagne mais aussi quand je vois l’attitude, la cohésion, l’enthousiasme de cette équipe-là, le jeu proposé aussi. Ce n’est pas toujours parfait mais je reçois plein de messages de collègues qui me disent qu’ils ont vu du beau basket. Pour un entraîneur, ça reste assez flatteur. Il y a beaucoup de fierté. On dort peu, on laisse femme et enfants à la maison pendant des mois, les sacrifices sont récompensés… Ceux qui me connaissent savent que je ne vais pas exploser de joie, je vais rester authentique.
Avant la demi-finale contre la France, vous avez beaucoup employé les termes de « légitimité » et « crédibilité ». Cette médaille d’or est un excellent moyen d’en acquérir ?
Bien sûr… J’ai été adversaire de la Belgique par le passé et j’ai toujours cru que cette équipe avait le potentiel pour soulever des trophées. Quand on me propose de devenir leur sélectionneur, j’ai tout de suite parlé de l’ambition qu’on pouvait avoir. On a osé rêver et on réalise ce rêve aujourd’hui. Quand je vois des joueuses comme Emma Meesseman, Julie Allemand, Julie Vanloo, Kyky Linskens et toutes les autres, tous les soldats, elles méritent un titre comme celui-ci. Ça me rend d’autant plus fier, d’autant plus satisfait. Je fais ce travail pour faire en sorte que les gens s’épanouissent. Je suis super heureux de rendre les gens heureux.
« On a osé rêver ! »
Un mot sur le match en lui-même… Vous avez dû attendre la 36e minute pour passer devant. Une belle preuve de vos ressources mentales ?
C’était un match particulier qui nous a obligé à trouver des ressources différentes. À la mi-temps, nous sommes à -8 mais on perd 13 ballons, sur lesquels l’Espagne marque 16 points. Il fallait juste prendre un peu plus soin du ballon. Dans le vestiaire, les mots ont été très simples : il fallait juste retrouver notre identité, le fire avec lequel on avait pu jouer jusqu’à présent. Les choses se sont un peu faites toutes seules : la deuxième période n’est pas parfaite mais on a retrouvé notre basket par intermittences avec des gros tirs, du jeu rapide et des stops défensifs. Je savais qu’on allait pouvoir résister une fois qu’on serait devant, on l’a fait ! Avant le match, j’avais des doutes par rapport au fait que c’était notre première finale. On a senti un peu de nervosité en début de match mais une fois le premier round d’observation passé, je savais qu’on serait capable d’accélérer à un moment ou à un autre. La vérité, c’est qu’on a aussi des joueuses capables d’assumer leurs responsabilités et qui ont mis notre équipe sur orbite.
Il y a désormais quatre coachs français champions d’Europe : Alain Jardel, Pierre Vincent, Vincent Collet et Rachid Meziane…
Eh ben voilà (il sourit)… Je suis fier ! Fier de le devenir, fier de faire partie de cette très courte liste. Je n’avais pas la statistique en tête mais elle me rend fier. Je vais continuer à vouloir être une meilleure version de moi-même.
L’œil de Maxuella Lisowa Mbaka
« On avait un bon groupe de base mais Rachid a réussi à trouver les bonnes options pour chaque joueuse, à exploiter au mieux les qualités. Chacune a pu rapidement connaître son rôle dans l’équipe et ça nous a beaucoup aidés. On a eu la chance que ça connecte directement. Je suis très contente de son travail. »
Commentaires