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Quand Luka Doncic vivait à Évreux…

Le saviez-vous ? Luka Doncic, la star des Dallas Mavericks, a vécu à Évreux dans sa jeunesse. En effet, son père Sasa Doncic a joué pour l'ALM au début du millénaire. Il revient avec nous sur son expérience ébroïcienne, tout comme son coach de l'époque, Chris Singleton.
Quand Luka Doncic vivait à Évreux…

Sasa Doncic, le père de Luka, a joué à Évreux en 2002

Au téléphone, Chris Singleton rigole. « Si tu ne m’avais pas appelé pour parler de ça, je n’y pensais même plus que j’avais coaché le père de Luka Doncic. C’est la première fois que je le réalise. » Pourtant, il n’avait absolument pas oublié Sasa Doncic, venu en pige à l’ALM Évreux lors du printemps 2002 à l’âge de 27 ans. « On se souvient toujours des bons basketteurs », acquiesce-t-il. Le lien de parenté n’était justement pas clairement établi.

« Aaaaaah, Évrou (sic), bien sûr que je m’en rappelle », sourit le principal concerné, Sasa Doncic lui-même, cigarette électronique à la main sur le parvis de la Zalgirio Arena, 50 minutes avant l’entre-deux de la finale du TQO entre la Lituanie et la Slovénie. On se permettra toutefois d’émettre de légers doutes sur la clarté des souvenirs du paternel Doncic, celui-ci nous ayant déclaré qu’il « était normal que la salle n’ait pas changée car elle était neuve à l’époque » alors qu’elle a été construite en 1962. Mais passons. Éphémère international slovène (deux sélections en 2004), vu en EuroLeague avec l’Olimpija Ljubljana en 2007/08, Sasa Doncic a donc aussi transité par la Pro B lors de sa carrière.

Sasa Doncic, pigiste apprécié

« J’étais en Serbie avec une équipe qui n’avait plus rien à jouer pour la fin de saison », nous raconte-t-il. « J’ai reçu un coup de fil d’Évreux qui m’a proposé de venir deux mois afin de disputer les playoffs alors je me suis dit pourquoi pas. » Résultat, dix jours avant le triomphe programmé de Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle, l’ailier slovène pose ses valises dans l’Eure. Suivi peu après par son ex-femme, Mirjam Poterbin, et son jeune fils, un certain Luka. « Oui oui, il était avec moi », nous assure-t-il. « Il avait trois ans à l’époque. Il était présent pendant les matchs et je me rappelle très bien de lui courant dans la salle avec un ballon. Il a vécu un mois et demi de sa vie à Évreux. » Fugace, mais assez pour en faire l’un des (ex-)Ébroïciens les plus célèbres, en compagnie de Steve Mandanda, Ousmane Dembélé, Sheryfa Luna ou… Alexandre Benalla.

Luka Doncic a passé une petite partie de son enfance à Évreux

Sportivement, la pige de Sasa Doncic ne fut pas une immense réussite dans les chiffres. Recruté pour suppléer Teddy Maizeroi, blessé au genou, le sextuple All-Star slovène a laissé des statistiques totalement anonymes : 4,1 points à 35%, 1,6 rebond et 0,6 passe décisive pour 2,8 d’évaluation en huit rencontres. Pourtant, Chris Singleton l’assure, sa recrue donna entière satisfaction. « Il a très bien rempli son rôle. On n’avait pas vraiment besoin de lui pour marquer des points. Offensivement, on avait déjà de quoi faire avec un fort meneur, Jason Rowe, et Rashard Lee également. On l’a d’abord utilisé dans un rôle défensif car c’était un excellent défenseur, très rugueux et physique. Il possédait un QI basket très élevé, il nous a été précieux dans sa compréhension du jeu. Il était exactement dans la lignée des joueurs de l’Est : un poste 3-4, très costaud, avec des fondamentaux propres et qui manipulait le ballon très facilement. On voit où ça a pu découler ensuite (il rit). Et Sasa était un vrai pro à 100%, un exemple pour tout le monde, doté d’une personnalité ouverte et communicative. » De l’huile dans les rouages, de quoi contribuer au redressement de l’ALM, bien mal partie mais qui réussit à se hisser jusqu’en playoffs, pour finalement céder devant une « très belle équipe de Reims, plus forte et plus expérimentée. »

« Luka shootait tout le temps sur un mini-panier dans la salle »

Outre deux sorties à 10 points, contre Rueil et à Saint-Quentin, Sasa Doncic était cependant passé relativement inaperçu en Pro B. Compréhensible, au vu du rôle attribué par Chris Singleton et aussi dans la mesure où l’ALM Évreux fut une expérience complètement à part dans sa carrière, presque intégralement passée dans son pays natal, lui qui ne compte sinon qu’une seule année en Serbie parmi ses 17 saisons professionnelles. « La Pro B est un championnat de qualité mais le style de jeu était complètement différent par rapport à ce que je connaissais », confirme-t-il. « Si l’on compare à la Slovénie, il y avait beaucoup de joueurs d’origine américaine ou africaine donc ça change énormément de choses. Mais pour moi, c’était une expérience géniale que de découvrir un nouveau type de basket et de voir à quoi pouvait ressembler la seconde division en France. » Et d’autres réminiscences surviennent au fur et à mesure de la conversation… « Un coéquipier ? « Pat Durham ! Un Américain qui avait joué en Grèce et en NBA. » Chris Singleton ? « Un bon coach, un bon mec. Il est devenu consultant vedette à la télévision française ? Ah, je ne le savais pas. Je suis très content pour lui, vous le saluerez et le féliciterez de ma part. » Parole de confrère puisque Sasa Doncic, par ailleurs entraîneur de l’Ilirija Ljubljana (promu en première division), analyse aussi les rencontres de la sélection sur la télévision nationale slovène.

Et au niveau de la vie quotidienne, dans la préfecture de l’Eure, pour la famille Doncic ? « Évreux était une petite ville mais je m’y suis plu. Je vivais à cinq minutes à pied de la salle. On a aussi eu la chance de visiter les plages de Normandie et Paris puisque ce n’est pas loin. Ah, et j’avais aussi été dans une très vieille brasserie à bières en ville, ça je m’en souviens ! »

Au cœur de son séjour en Normandie, Sasa Doncic aurait juste oublié une chose. « Il ne m’a pas dit que son fils allait être un prodige », se marre Chris Singleton, qui peut désormais se targuer d’avoir côtoyé deux stars en devenir : Luka, et Kobe Bryant, lors de son époque mulhousienne. « Le petit Doncic était pareil que Kobe dans l’esprit, beaucoup plus jeune évidemment mais toujours avec un ballon dans les mains. Ça se voyait qu’il vivait déjà pour ça. Son père l’amenait à la salle, où on avait un mini-panier. Ça shootait tout le temps, ça dribblait de partout. » De là à dire que le phénomène Luka Doncic a été façonné dans la salle Jean-Fourré…

À Kaunas,

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