Pourquoi une luxury tax en Betclic ÉLITE ? « Un outil de régulation économique pour remettre en place un principe d’équité »
Au moins la Ligue Nationale de Basket sait maintenant à quel type de réactions elle s’expose si elle décide réellement un jour de mettre en place un Salary Cap. Mercredi soir, le relevé de décisions du Comité Directeur tenu le 4 avril a été diffusé avec l’annonce de l’instauration d’un salary cap et d’une luxury tax. Une erreur de sémantique puisqu’il n’y aura pas de plafond salarial. « J’étais au comité directeur et il n’y a jamais eu de réflexion sur la mise en œuvre d’un salary cap », assure Philippe Ausseur, président du contrôle de gestion à la ligue. La bourde a été corrigée le jeudi en fin de journée mais le mal était fait, avec une levée de boucliers sur tout le continent, de Jordan Loyd à Vincent Poirier, en passant même par Ivan Ljubicic, l’ancien tennisman n°3 mondial. Les réactions auraient certainement été moins épidermiques si la seule luxury tax avait été officialisée dès le début…
Votée à l’unanimité par les 17 membres du comité directeur, composé en partie de représentants des clubs (dont l’ASVEL), cette mesure se veut « un outil de régulation économique » selon Philippe Ausseur. « Il ne s’agit pas de contraindre ou d’arrêter le développement des clubs, mais bien de le maîtriser. Cette luxury tax va permettre de contrôler l’équilibre économique et financier, sans pour autant pénaliser un développement. Il ne faudrait pas que des contextes particuliers aboutissent à la mise en péril d’un ensemble. » Les modalités de la taxe sont encore en cours d’affinement mais elle ne s’appliquera pas aux petites masses salariales. « Il y aura une notion de plancher », indique le gendarme financier de la LNB. Au-dessus d’un certain montant de brut de la masse salariale, cette taxe frappera les clubs dont les rémunérations brutes dépassent un seuil estimé autour des 40% du budget. « On regarde notamment l’aspect des charges d’exploitation », reprend Philippe Ausseur. « Hors contexte particulier, un club qui dépasserait durablement les 40% se trouve très clairement dans une situation financière risquée. La taxe vient remettre en place un principe d’équité avec les autres pour éviter d’aller vers cette dérive. » L’argent récolté devrait ainsi être redistribué aux autres équipes.
« Ce n’est pas parce que l’EuroLeague est en défaut sur la régulation
qu’il faut qu’on le soit aussi en France »
Concrètement, un seul club devra s’acquitter cette année de la pénalité financière prévue par cette mesure : l’AS Monaco, avec ses 10,8 millions de masse salariale représentant 52% de son budget. Mais la LNB se défend d’une mesure spécifiquement mise en place contre la Roca Team. « Le club de Monaco n’est pas ciblé en soi », souligne Philippe Ausseur. « Ce qui est ciblé, c’est un risque, une dérive particulière. Mais oui, Monaco va effectivement être atteint par cette mesure. Entre la fiscalité de la Principauté et la structure de l’économie du club, il y a là-bas un contexte particulier qui amène à mettre en place cette mesure de régulation. »
Par la plume de son manager général Oleksiy Yefimov, la Roca Team avait répliqué dans la soirée de jeudi, incendiant une mesure susceptible d’entraver la compétitivité des clubs français à l’échelle continentale. « Cette nouvelle règle est très risquée », écrivait le dirigeant ukrainien. « Combinée à la forte fiscalité française, elle pourrait réduire à néant la possibilité de rapatrier des gros joueurs français à la maison. Alors que les budgets de tous les meilleurs championnats européens sont en croissance constante, est-ce qu’un plafond salarial ou toute autre limite semblable augmentera les chances des clubs français de briller sur la scène continentale ? » Un problème abordé dans le mauvais sens selon Philippe Ausseur, qui préfèrerait que l’ASM milite pour un fair-play financier à l’échelle européenne plutôt que contre une régulation française. « J’ai une phrase de chez moi qui dit qu’un chien mouillé n’en sèche pas un autre », image le candidat à la présidence de la ligue. « Ce n’est pas parce que l’EuroLeague est en défaut sur la régulation qu’il faut qu’on le soit également. L’EuroLeague est une très belle compétition sportive mais j’ai toujours dit qu’elle poussait au crime : les niveaux de déficit présentés par certains clubs (plus de 20 millions d’euros de pertes annuelles pour le Real Madrid par exemple, ndlr) ne sont pas acceptables. Mais on ne va pas déséquilibrer la France parce que c’est mal fait au niveau supérieur. » La luxury tax rentrera en vigueur cet été, pour les trois prochaines saisons sportives.
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