Neuf mois après, l’ASVEL regagne enfin en EuroLeague !
Et d’un coup, au buzzer final, Gianmarco Pozzecco a sprinté vers Kazys Maksvytis. L’empressement d’aller serrer la main de son homologue ? Presque… Le nouveau technicien de l’ASVEL voulait surtout aller célébrer le plus rapidement possible avec son équipe et s’est littéralement jeté dans les bras de ses joueurs après les politesses d’usage après le staff du Zalgiris. « Je veux m’excuser auprès de Kazys pour l’avoir salué aussi rapidement mais je pense qu’il comprendra », souriait, extatique, l’Italien en conférence de presse quelques minutes plus tard.
« Cette victoire a une énorme valeur pour les joueurs ! »
Le Poz n’est à Villeurbanne que depuis huit jours mais il a déjà saisi la signification de ce succès pour le club rhodanien. Certains de ses joueurs attendaient cela depuis 280 jours. 280 jours ! Plus de neuf mois sans victoire en EuroLeague, une terrible série de 18 défaites consécutives, avec la menace de plus en plus précise d’un infamant record, les 23 revers d’affilée des London Towers. « C’est dur d’aller à l’encontre d’une telle série », lâchait la Mouche Atomique. « Personnellement, ma vie ne va plus changer à cause du basket mais cette victoire a une énorme valeur pour tous les joueurs. »
Gianmarco Pozzecco : « J’aime mes joueurs autant que ma femme et mes filles ! »
Une soirée rendue encore plus inoubliable par le scénario : les coéquipiers de Nando De Colo (13 points et 6 passes décisives) ont été menés pendant… 38 minutes et 28 secondes. Longtemps incapable de défendre (80 points encaissés après trois quart-temps), martyrisée par la folle adresse longue distance du Zalgiris (10/16 à la 28e minute) et par les nombreuses secondes chances accordées aux Baltes (12 rebonds offensifs), l’ASVEL a longtemps tenu le coup grâce aux centimètres de Youssoupha Fall, auteur de 13 de ses 15 points avant la pause. Et puis, il s’est passé quelque chose dans le dernier quart-temps. « Oui, cette équipe peut défendre », jurait Gianmarco Pozzecco dimanche dernier après la victoire contre Strasbourg. Il était encore permis d’en douter, encore plus après les 30 premières minutes ce vendredi. Mais subitement, les Villeurbannais sont devenus infranchissables et ont pu remonter la bagatelle de 13 points d’écart (78-65, 38e minute). « On a changé sur tous les écrans », racontait le Transalpin. « À trois minutes de la fin, je voulais remettre Paris Lee sur le terrain car on avait besoin de lui pour régler quelques soucis offensifs. Mais d’un point de vue défensif, j’étais assez incertain, je ne voulais rien changer notre défense où l’on switchait sur tout. Il m’a fait un clin d’œil et m’a demandé : « Tu es sûr, coach ? Ils sont bons là. » Je lui ai répondu : « OK Paris, tu décides. » Alors il m’a dit de les laisser jouer. Pour moi, cela veut tout dire et est plus important que le reste ! »
Luwawu-Cabarrot, le point de départ ?
La preuve que l’effet Pozzecco n’est pas qu’un simple écran de fumée à l’ASVEL. Capable d’aller convoquer les émotions les plus enfouies de ses joueurs, l’ancien meneur de Varese est en train de métamorphoser une équipe moribonde. Un collectif beaucoup plus affiné (24 passes décisives, après les 22 et 23 de ses deux premières sorties), qui bénéficie encore des individualités qui reprennent confiance comme Mike Scott (12 points à 4/7 et 4 passes décisives), Charles Kahudi, replacé sur le poste 3, ou Timothé Luwawu-Cabarrot, aussi brillant ce jeudi (19 points à 5/9, 6 rebonds et 3 interceptions pour 26 d’évaluation lors sa première avec le Poz) qu’il n’avait été décevant depuis le début de la saison. « Je suis là pour ça et j’attendais ce moment depuis si longtemps », soufflait-il. Attendu comme le go-to-guy de cette équipe, l’ailier aux 343 matchs NBA a enfin évolué à la hauteur de son talent. Et cela a fait mal ! Utilisé en bout de chaîne, en slasheur ou en shooteur, l’ancien ailier de Brooklyn a surtout été le héros du hold-up rhodanien en inscrivant les 9 derniers points de l’ASVEL. Cinq lancers lancers-francs pour prendre les commandes pour la première fois de la soirée (86-87), le shoot décisif à 19 secondes de la fin après avoir emmené Rolands Smits là où il voulait (88-89) puis un dernier sans-faute sur la ligne de réparation (8/8 au total) pour définitivement enterrer la funeste série villeurbannaise (88-91, score final). Ce n’est plus tout à fait la Toussaint mais il y a des disparitions que l’on a à cœur de fêter…
Commentaires