Mythique Real Madrid : Sergio Llull offre l’EuroLeague aux Merengues !
Dans les entrailles de la Zalgirio Arena, leur mini-coupe en main après avoir vécu cette magnifique finale en civil, Vincent Poirier et Guerschon Yabusele débattent. « Moi, j’ai prié sur le dernier shoot de Sergio Llull », lance le pivot. « Moi, j’ai failli faire une crise cardiaque », renchérit l’intérieur eurélien. Il n’y avait pourtant pas lieu de s’inquiéter. C’était le sens de l’histoire que le Real gagne. Pour renforcer l’éternité de ce club, il fallait que Madrid aille au bout de sa quête désespérée. Mené 0-2 par le Partizan Belgrade en playoffs, à -18 en deuxième mi-temps lors du Match 5, à -9 à la mi-temps contre son rival barcelonais, le club espagnol était une nouvelle fois dans les cordes à l’orée du money-time ce dimanche face à l’Olympiakos (72-78 avec 133 secondes à jouer). Mais il faut croire que la maison blanche a décidément quelque chose en plus… Un savoir-faire, une tradition, du sang-froid, des champions, surtout. Notamment un, Sergio Llull, qui a écrit à 35 ans l’une des plus belles pages d’une carrière déjà magnifiquement remplie. Madrilène depuis 2006, le capitaine était déjà le MVP officieux des playoffs, en tant qu’initiateur de la bagarre qui a tout changé face au Partizan. Il restera comme le héros de ce Final Four lituanien avec le tir de la victoire, à 3,1 secondes du buzzer, à l’angle de la ligne des lancers-francs par-dessus les immenses segments de Moustapha Fall. Un shoot pour la légende, un de plus, son seul panier réussi du match. « C’est la justice poétique de ce sport », souriait Chus Mateo. « On a déjà vu cette situation 1 000 fois », ajoutait Edy Tavares. « Quand le ballon est dans les mains de Sergio Llull sur la dernière possession, il ne peut se passer que des bonnes choses. C’est le meilleur joueur des dernières secondes selon moi, le meilleur pour gérer cette pression. »
Causeur, l’homme des finales
Un miracle qui vient récompenser une véritable excellence à tous les niveaux, déjà mise à l’honneur plus tôt dans la journée par le sacre des jeunes lors de l’ANGT. Et là, si le jeune Eli Ndiaye (18 ans) a marqué le premier panier du match, ce sont les vieux briscards qui ont pris le relais : Rudy Fernandez (à créditer d’un +/- de +11), Sergio Rodriguez (15 points et 9 passes décisives) qui a longtemps permis à son équipe de maintenir la tête hors de l’eau, rentrant notamment un incroyable tir lointain pour ramener le score à 78-77 à 47 secondes du buzzer final, Edy Tavares une nouvelle fois en double-double (13 points et 10 rebonds) et élu MVP du Final Four. Avec la traditionnelle touche tricolore signée Fabien Causeur (11 points à 4/6 et 2 rebonds), qui se transforme décidément en monstre de sang-froid dès qu’il sent l’odeur du Final Four. Déjà le meilleur Madrilène il y a cinq ans lors du dernier sacre à Belgrade, le Breton a récidivé, auteur de deux shoots salvateurs dans le quatrième quart-temps et de la dernière défense décisive sur Kostas Sloukas. Un peu comme en 2018, lorsqu’il avait contré le Grec sur l’ultime possession, certes à +5 à l’époque. Une dernière preuve de l’importance de l’enfant de Saint-Thomas ? Un +/- de +13 en 18 minutes, le deuxième du Real.
Plus que les simples péripéties du dernier mois, déjà incroyables en soi, il faudra aussi se souvenir d’où revient le Real Madrid depuis sa dernière couronne continentale en 2018, année également marquée par le départ de l’enfant prodige Luka Doncic de l’autre côté de l’Atlantique. Battu au bout du suspense en demi par le CSKA Moscou en 2019, absent du Final Four 2021, meurtri en 2022 par une terrible erreur de coaching signée Pablo Laso (57-58 contre l’Anadolu Efes Istanbul), le club merengue a su résister à toutes les tempêtes, digérant magnifiquement bien le remplacement de son coach emblématique par son adjoint Chus Mateo, à qui le MVP Walter Tavares a rendu un vibrant hommage. « Vous, les médias, devriez vous excuser auprès de lui car vous l’avez tellement critiqué. Pourtant, si nous sommes champions ce soir, tout le mérite revient à Chus. Nous en sommes là grâce à lui. Il est l’un des meilleurs êtres humains que j’ai rencontré dans ma vie. » Aussi grâce à l’expérience inégalée d’un groupe qui a déjà accumulé des dizaines de Final Four, avec un squelette (Llull – Rodriguez – Fernandez – Causeur – Randolph – Tavares) qui évolue ensemble depuis des années.
Le nouveau crève-cœur de l’Olympiakos
« Le vécu ne s’achète pas », disait Oleksiy Yefimov, le manager monégasque, vendredi après la demi-finale. Cependant, l’Olympiakos est en train de payer au prix fort l’expérience actuellement accumulée au fil de ses deux derniers Final Four. Le coup de poignard au buzzer de Vasilije Micic l’an dernier, la récidive signée Sergio Llull cette saison… « C’est extrêmement douloureux, on se sent tellement tristes », a admis le coach Georgios Bartzokas, qui a mené son club vers une saison parfaite jusqu’à ses deux dernières minutes. Menée par le MVP Sasha Vezenkov (29 points, 9 rebonds et 4 passes), l’équipe du Pirée a joué la finale qu’elle voulait pendant une immense majorité de la rencontre, sachant notamment faire exploser la défense de zone espagnole grâce au talent d’Isaiah Canaan (21 points à 5/6 à trois points). Jusqu’au trou noir de ces fameuses 133 dernières secondes. « Des tirs ratés, des lancers-francs manqués, quelques erreurs », énumérait Bartzokas. Il n’a rien manqué à l’Olympiakos cette saison. Peut-être simplement un Sergio Llull à l’Olympiakos ce dimanche…
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