Qui aurait pu imaginer un tel destin il y a moins de quatre ans lorsque Mouhammadou Jaiteh se morfondait au bout du banc de Limoges, écarté au profit de Samardo Samuels ? Ancien grand espoir du basket français, le Francilien semblait s’être égaré au fil de plusieurs années délicates entre Strasbourg et le CSP. Il ne s’était finalement pas perdu, il n’avait simplement emprunté qu’un petit détour sur le sentier censé le mener vers les sommets continentaux.
Presque dix ans après avoir été le tube de l’année en LNB à travers une saison inouïe en Pro B à Boulogne-sur-Mer, alors qu’il était à peine majeur, Mam’ Jaiteh est en train d’accomplir les promesses nées du SOMB. Avec du recul, rien ne pouvait être plus bénéfique pour sa carrière que cette situation d’impasse à Beaublanc. Contraint de partir à l’étranger, l’international (28 sélections) a relancé sa carrière grâce à cet exil. Épanoui à Turin, Saratov et Gaziantep, il a finalement pu mettre les pieds chez un grand d’Europe l’été dernier : la Virtus Bologne. Pour y tenir un rôle de complément ? Non, pour dominer.
Certes encore plus responsabilisé que prévu par la blessure d’Ekpe Udoh dès le premier officiel, l’enfant de Malakoff s’est imposé comme l’un des leaders du géant italien. « Là où je suis impressionné, c’est que toutes les qualités qu’il avait avant, il les a renforcées x10 », nous disait son coéquipier Isaïa Cordinier en janvier dernier. « Il est juste super efficace. Mam’ a encore renforcé ses points forts et c’est ce qui fait qu’il est aussi dominant maintenant. » Également mis en valeur par sa relation privilégiée avec Milos Teodosic, Mouhammadou Jaiteh a ainsi ajouté une distinction prestigieuse à son CV : à 27 ans, il a été élu MVP de l’EuroCup, devenant le premier joueur Français de l’histoire à recevoir un tel honneur !
Cinquième meilleure évaluation de la compétition (18,1), l’ancien intérieur de Nanterre a verrouillé son trophée au cours des playoffs. En quart de finale, alors que la Virtus Bologne était au bord du gouffre contre le Ratiopharm Ulm, il a tenu son équipe à bout de bras, seul transalpin à terminer avec plus de 10 points au compteur. Pour une véritable démonstration au final : 27 points à 12/16 et 11 rebonds pour 38 d’évaluation. Ce qui ne représente même pas sa meilleure prestation de la saison puisqu’il était monté jusqu’à 41 d’évaluation un soir de février à Venise.
Parti tout doucement (3 points à 36% et 6,3 rebonds entre la 2e et la 4e journée), il s’est finalement converti en le meilleur joueur (12,8 points à 71%, 7,5 rebonds, 1 passe décisive et 0,7 contre de moyenne en seulement 22 minutes) de la meilleure équipe de la compétition. Enfin, la deuxième partie de la phrase reste encore à prouver… La Virtus Bologne accueille Bursaspor mercredi en finale de l’EuroCup, où Mam’ Jaiteh se retrouvera à portée d’un doublé vertigineux.
Commentaires