AS Monaco – Paris Basketball, la finale du nouvel âge ?
Trois mois et demi après la demi-finale de Leaders Cup, l’AS Monaco et le Paris Basketball se retrouvent en finale du championnat. Pour une affiche appelée à perdurer ?
En ce qui concerne les finales, William Howard sait souvent faire preuve de justesse. L’ailier du Mans Sarthe Basket est entré dans l’histoire du basket français grâce à un contre iconique sur Paris Lee lors de la dernière minute de l’épilogue 2022. Mais le natif de Montbrison avait été tout aussi perspicace au moment d’évoquer les futures finales, censées être monopolisées par la rivalité ASVEL – Monaco. « On n’est jamais à l’abri qu’une équipe fasse une grosse saison, et un projet comme celui du Paris Basketball peut changer la donne. »
Il y a dix ans, Monaco était en NM1 et Paris n’existait pas…
Deux ans plus tard, nous y voilà. Douze mois après l’épopée aussi formidable qu’éphémère des Metropolitans 92, Paris a bel et bien changé la donne. Triste 15e de Betclic ÉLITE à l’époque, maintenu lors du tout dernier match de championnat à Levallois, le club de la capitale a gagné ses lettres de noblesse en quelques mois. Aussi rapidement qu’il est sorti de terre. Car Monaco – Paris, c’est aussi la finale des projets météorites.
« Je vais vous poser une question », nous lance Oleksiy Yefimov, le manager monégasque. « Imaginiez-vous, il y a dix ans, que le basket français serait représenté par trois équipes en EuroLeague, dont deux n’étaient même pas en première division ? » Voire n’existait tout simplement pas… Une décennie en arrière, le Paris Basketball n’était même pas encore une idée, ni même un projet dans les tiroirs. Il restait encore quatre saisons à Hyères-Toulon avant de voir ses droits sportifs être absorbés par la nouvelle entité francilienne. Quant à la Roca Team, elle venait juste de composter son billet pour la… Pro B, sacrée championne de France de Nationale 1, un an après un échec en playoffs contre Cognac qui avait ulcéré le mécène principal, Sergey Dyadechko.
« L’ascension commune de Monaco et Paris au sein du basket français est fascinante », poursuit Yefimov. La Roca Team a disputé sa première finale en 2018 (perdue contre Le Mans), date de la création du Paris Basketball, et n’en a manqué qu’une seule depuis (en 2021), tandis que son nouvel adversaire n’avait encore jamais participé à la moindre campagne de playoffs jusque-là. À vrai dire, pour caricaturer à l’extrême, le Paris Basketball n’avait connu qu’un mois pleinement réussi lors du cours de son histoire : le sprint final de la saison de Pro B au printemps 2021, avec 10 victoires en 11 matchs, pour aller arracher à la surprise générale l’un des deux accessits pour la Betclic ÉLITE.
La nouvelle grande rivalité ?
Si l’on ajoute l’hégémonie de l’ASVEL, le paysage du basket français, autrefois ouvert aux quatre vents (neuf champions différents en dix ans), a été durablement modifié par l’émergence de la superpuissance monégasque, désormais abonnée aux sommets. « L’AS Monaco est un géant du basket européen », souligne Mathias Priez, le directeur général du Paris Basketball, mettant en exergue le budget « astronomique » de la Roca Team (27,5 millions) en comparaison aux finances parisiennes, près de trois fois moindres. Mais c’est bien Paris qui a phagocyté, pour l’instant, tous les trophées qu’il avait décidé de disputer cette saison (élimination volontaire en Coupe de France, victoires en Leaders Cup et EuroCup). « Nous connaissons une très forte montée en puissance », consent Mathias Priez.
Les prémices d’une nouvelle rivalité à venir ? Certainement, mais on ne pariera jamais contre la tradition de l’ASVEL, qui reviendra inévitablement au plus haut niveau, malgré les incertitudes financières. La montée en puissance de la JL Bourg est également porteuse de promesses, tandis que le nouveau projet de la SIG Strasbourg version Matt Pokora intrigue. « Je ne pense pas qu’on se dirige vers un duo, plutôt vers un Top 5 très fort », corrige Priez. « On mesure notre chance et notre réussite d’être en finale. Avoir éliminé l’ASVEL est un authentique exploit. »
Bien plus avancée dans son projet, et référencée à l’échelle européenne (sacre en EuroCup trois ans en avance, qualification pour le Final Four), l’AS Monaco regarde pourtant le Paris Basketball comme son rival potentiellement le plus sérieux des années à venir. « Il est plus que possible que cette affiche marque le nouvel âge du basket français », acquiesce Oleksiy Yefimov. « En s’appuyant sur l’attrait mondial de la ville, Paris peut vraiment devenir un acteur majeur du basket européen. Les réussites de nos deux clubs peuvent tirer la ligue vers le haut, notamment en terme de notoriété et d’attractivité. À l’image des affiches classiques des championnats étrangers, notre rivalité pourrait devenir l’une des histoires centrales de la Betclic ÉLITE, soit la bataille des nouvelles puissances. »
Deux clubs détenus par des propriétaires étrangers
Ces deux clubs champignons sont aussi les deux seuls à être détenus par des investisseurs étrangers : le richissime Aleksej Fedorychev, oligarque russe au passeport hongrois, côté monégasque et le duo américain Eric Schwartz – David Kahn côté Paris. « Les influences étrangères à l’échelon présidentiel ont aidé à mettre en place des stratégies différentes dans le développement des projets », appuie Yefimov, soulignant également le lobbying européen entrepris par Aleksej Fedorychev et David Kahn. Mais les similitudes s’arrêtent là… « Les deux clubs sont difficiles à comparer », explique Mathias Priez. « On n’est pas sur le même modèle, pas le même public, pas le même territoire, pas le même positionnement marketing… Il est important pour Paris de faire monter le budget et la masse salariale en même temps que les bases du club. Nous, on ne fera pas de folies ! » Pas de Kemba Walker à 1,5 million la saison pour la découverte de l’EuroLeague donc…
L’ancienne superstar NBA a quitté le Rocher depuis plus de deux semaines mais les véritables stars du championnat seront présentes lors de cette finale. Le MVP de Betclic ÉLITE, T.J. Shorts, celui de l’EuroLeague, Mike James, trois internationaux français (Nadir Hifi, Élie Okobo, Matthew Strazel), etc. « Et Paris – Monaco, ce sont deux marques qui parlent à tous les amateurs de sport », complète Mathias Priez. Pour ainsi dire, une affiche rêvée pour la finale du championnat de France, qui plus est sur une chaîne gratuite (L’Équipe), avec l’indélébile point noir de la programmation horaire : 18h30 en semaine pour les deux premiers matchs, une heure à laquelle les gens rentrent du boulot ou vont faire leurs longueurs quotidiennes à la piscine. Mais si l’affiche Monaco – Paris est appelée à se renouveler, alors il y aura de la marge pour corriger cela au cours des années à venir…
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