Maudit 26 avril : le rêve européen brisé de Cholet Basket
Comme si l’image de Nando De Colo à terre sur le parquet de Bologne, regardant l’arbitre sans obtenir le coup de sifflet attendu, n’était déjà pas assez cruelle dans la mémoire collective des Choletais… Au Panthéon des désillusions locales, il faudra désormais ajouter les visions de ces deux gamelles successives à trois points de Dominic Artis et Boris Dallo dans le money-time, alors que leurs flèches auraient pu faire sauter le bouchon de la Meilleraie. Mais au final, ce sont bien les Polonais de Wloclawek qui ont sabré le champagne sur le parquet du hangar des Mauges. Terrible épilogue pour une campagne continentale en forme de 20 travaux d’Hercule, aux quatre coins du continent, des confins de la Roumanie jusqu’à un gymnase du dimanche matin en Belgique : des milliers de kilomètres à travers l’Europe en vain, pour finalement s’écrouler à la maison…
L’absence de Patton, trop grande vide à combler…
C’est pourtant tout Cholet qui avait prévu une grande soirée. En arrivant en ville, les bus affichaient « Allez CB » comme destination finale alors que le match était le seul sujet de discussion possible dans les différents cafés. Y compris, bien sûr, l’emblématique Smash, vite devenu le repère populaire de la cinquantaine de Polonais ayant effectué le long déplacement. Dès 18 heures, à grands renfort de fumigènes, les héros locaux étaient accueillis par une marée humaine devant l’entrée de la salle. « C’est chaud hein », soufflait le président Jérôme Mérignac à la mi-temps, lui-même ébahi par le soutien populaire proposé par un public tout de blanc vêtu, y compris e grand Antoine Rigaudeau au troisième rang des gradins, venu remettre le trophée de MVP. Mais l’histoire s’apparente à un éternel recommencement pour CB et il semble écrit que le Roi ne puisse être le témoin du couronnement continental de son club formateur.
Le tournant de cette manche retour s’est peut-être opéré à 11h17 du matin, lorsque Cholet Basket a officialisé le forfait de Justin Patton, victime d’une entorse du genou et absent pour plus d’un mois. L’ancien géant des Houston Rockets était l’ancre défensive de CB, le meilleur contreur de la FIBA Europe Cup, soit un mur porteur de la maison choletaise, d’autant plus en l’absence de Kim Tillie. De fait, les responsabilités reposaient sur les épaules de Neal Sako, 24 ans, dont à peine huit de basket derrière lui. « C’est pour toi ce soir », lui a crié un membre de la vague blanche de la Meilleraie avant son entrée dans l’arène. Et l’ancien pivot du Paris-Levallois a assumé ses responsabilités (10 points à 5/7, 9 rebonds, 4 interceptions et 1 contre), merveilleux défensivement, pas du tout embêté par les fautes, à peine relayé sur quelques courtes séquences par le jeune Naoll Balfourier. « Sans Justin, on savait qu’il fallait qu’il élève son niveau de jeu », souffle Boris Dallo. « On n’avait aucun doute là-dessus et c’est ce qu’il a réussi à faire. »
« Demain, on pourra se regarder dans le miroir »
Dans le sillage de son étonnant intérieur, CB a eu le momentum entre ses mains en fin de première mi-temps, subitement à +7 (38-31, 17e minute) avec une nouvelle flèche longue distance d’un Dominic Artis intenable (17 points à la mi-temps). Et c’est peut-être là que les choses ont dérapé… « Anwil revient très fort dans le troisième quart-temps et on fait moins circuler la balle de notre côté », regrette Laurent Vila. « Sur l’ensemble de la seconde période, on shoote beaucoup à trois points, avec beaucoup d’échecs aussi (7/33). Eux ont vécu sur des gros shoots et sur les rebonds offensifs. » Et puis, « dans ce combat de chiens » pour paraphraser le MVP Phillip Greene, la fraîcheur a finalement fait la différence… À seulement sept professionnels (Curier toujours absent), plus deux Espoirs en complément (93 secondes pour Balfourier, 38 secondes pour Dufeal), les Choletais étaient trop courts pour lutter. « Ce ne sont pas des excuses mais il ne faut pas négliger cela », plaide Boris Dallo. « En fin de match, il y a peut-être quelques situations défensives où l’on a manqué de réactivité ou quelques shoots où l’on a manqué d’appui à cause de cela », ajoute Laurent Vila.
Battu 78-80 par Wloclawek, Cholet Basket a de nouveau échoué au pied de son rêve continental. Cholet Basket est un club historique du basket français mais son histoire avec l’Europe reste pleine de tourments. En 2009, dépité à Bologne, Erman Kunter glissait que personne ne se souviendrait du bon match du finaliste. 14 ans après, au moins, le discours a changé. « Je suis fier de mes gars », clame Boris Dallo. « Il ne faut pas se concentrer sur le résultat, plutôt sur le processus. En effectif réduit, on a démontré pas mal de caractère. Il faut être fier de notre parcours et de ce qu’on a accompli. Ça a été un long voyage : il y a eu des hauts, des bas, de lointains déplacements, du sang, de la sueur, des sourires, de la colère… Mais c’était bien. Demain, on pourra tous se regarder dans le miroir. » Mais dans le reflet des Choletais, à côté d’eux, il manquera toujours un trophée européen…
À Cholet,
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