L’incompréhensible schizophrénie de l’AS Monaco
Aussi envoûtante qu’agaçante, cette équipe de l’AS Monaco restera complètement incompréhensible jusqu’au terme du championnat. Dans une saison de montagnes russes, la Roca Team n’a jamais su se stabiliser, pas même en finale. Pire, cette série contre l’ASVEL incarne parfaitement les sautes d’humeur monégasques : une victoire autoritaire d’entrée à l’Astroballe (82-74), la plus lourde défaite de l’histoire des finales (54-91), une magnifique réaction pour s’offrir le match bascule (83-80) puis un effondrement inexplicable (68-85) au moment où surgit la chance d’être sacré à domicile.
Avec seulement 7 passes décisives, les hommes de Sasa Obradovic ont laissé entrevoir le pire de ce que leur jeu a à proposer. Aucune fluidité collective, aucun mouvement, aucune volonté de se partager la balle, des boulevards défensifs abandonnés aux Villeurbannais, des shooteurs adverses placés dans un fauteuil… De quoi profondément irriter l’entraîneur serbe, qui ne prend désormais même plus la peine de masquer que son équipe le rend fou. Le champion du monde 1998 ne semble plus avoir de ressort, incapable de trouver quel levier activer, suspendu au bon-vouloir de ses leaders. Mais au moins, avec un groupe aussi inconstant, une contre-performance est rarement suivie d’un nouveau jour sans. Les Monégasques ont-ils joué sans sens de l’urgence en sachant qu’ils avaient un joker à disposition ? Samedi, dans un match sans lendemain, l’histoire sera certainement différente. Mais remettre le champion dans le coup est clairement un jeu dangereux…
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LES RÉACTIONS DE L’ASVEL
Yakuba Ouattara : « On paye clairement notre entame de match, on n’est pas rentré dedans de la meilleure des façons. Quand on prend un éclat d’entrée comme ça, c’est dur de revenir. Pourquoi retrouvent-ils leur adresse ? Parce qu’on les met en confiance dès le début. Défensivement, on n’a pas eu la même agressivité que lors du match précédent. On les met en confiance et une équipe en confiance rentre ses shoots. Pendant le premier quart-temps, ils n’ont quasiment pas shooté à trois points, ils n’ont fait qu’attaquer la raquette. Un, deux, trois lay-ups… Après, forcément, ça roulait pour eux. Ce soir, on est retombé dans nos travers. Depuis le début de saison, je dis une chose : on est une équipe imprévisible. On a deux visages et aujourd’hui, on a montré le mauvais. Ça a été le même combat toute la saison : quand on se met à jouer individuel et à vouloir porter l’équipe l’un après l’autre, on se met en difficulté. En revanche, quand on se met à jouer ensemble comme lors des Matchs 1 et 3, c’est une autre histoire, on est difficile à jouer. Là, il y a beaucoup de frustration parce qu’on aurait aimé que les choses se passent différemment. Perdre, c’est une chose mais c’est surtout la manière… On ne fait pas honneur à nos supporters en produisant un basket comme ça. Samedi, il faudra arriver prêts, se battre jusqu’au bout, pendant 40 minutes. Je me rappelle de l’épilogue de 2019 où le troisième quart-temps nous avait été fatal. Le match se jouera sur 40 minutes. »
Sasa Obradovic : « On voit ces deux visages depuis le début de la saison. Je ne comprends vraiment pas… On n’était absolument pas prêt à jouer ce genre de match. Tout ce dont on a parlé avant, tout ce qu’on a dit qu’on devait faire, a disparu. Pour moi, c’est très dur. Je n’arrive pas à comprendre… Il y a un plan, et on ne peut pas sortir du match à cause d’un mauvais coup de sifflet, d’un shoot de son coéquipier. On sort des rencontres à cause de choses comme ça. Il me manque des joueurs qui sont ensemble, qui discutent ensemble. On se donne une direction claire puis on joue un basket total opposé, je ne peux pas coacher si c’est comme ça. C’est très difficile de s’adapter. Je veux donner de la liberté à mes joueurs. Je peux accepter qu’ils veuillent montrer leur talent. Mais ce n’est pas comme ça qu’on gagne des grands matchs : il faut d’abord se consacrer à 100% à la défense. C’est le même scénario qu’au Match 2 : on donne des points faciles et de l’autre côté du parquet, on shoote chacun notre tour au lieu de penser à partager le ballon, d’impliquer tout le monde. On sait que c’est notre faiblesse. Elle nous a peut-être aussi coûté le Final Four : parfois, on s’arrête complètement de jouer, on ne déploie plus la même intensité. Maintenant, il faut se calmer et se rappeler ce qui nous permet de gagner les matchs. La marque doit être mieux répartie, comme ce que l’on voit du côté de l’ASVEL. Nos chances seront plus élevées comme ça. Ce match est censé être derrière nous maintenant, voyons-voir comment on retrouvera notre confiance et attaquons le Match 5 avec une confiance absolue. Sinon, ça ne marchera pas. »
À Monaco,
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