Le Real Madrid survit une première fois à l’enfer de Belgrade !
Est-ce que l’on se rend bien compte de la force qu’il fallait pour survivre à la tempête qui s’est abattue sur les crânes du Real Madrid après seulement trois minutes de jeu ? Dos au mur suite à leurs deux défaites initiales à domicile, les Espagnols ont signé une entame cataclysmique avec trois balles perdues sur leurs trois premières possessions et ont été directement envoyés dans les cordes (12-0). Dans une Stark Arena bondée jusqu’à la démesure (20 091 spectateurs, record de la saison), avec des gens littéralement assis les uns sur les autres, agglutinés debout aux quatre coins du parquet, stationnés dans les escaliers, c’est alors une ambiance délirante qui a enveloppé les visiteurs, accueillis à la surprise générale dans un silence de cathédrale pendant la présentation des équipes, des milliers de dos tournés et autant de majeurs tendus dans leur direction. 12-0, 115 décibels, bienvenue en enfer ! Trop pour Petr Cornelie, lancé dans le cinq de départ, trop tendre lors de ses 170 secondes de jeu et jamais revu ensuite… Le seul à payer ce début cauchemardesque.
Même de mémoire de journaliste serbe, on avait rarement vu une telle ambiance à Belgrade ! 20 091 spectateurs, record d’affluence en EuroLeague, les gens littéralement les uns sur les autres… Et le mieux, c’est qu’on remet ça jeudi ! pic.twitter.com/19MRfngX2Y
— Alexandre Lacoste (@Alex__Lacoste) May 2, 2023
Mais alors que son déficit de compétences et d’expérience face à son illustre homologue Zeljko Obradovic était pointé comme une faiblesse majeure du Real Madrid, Chus Mateo a renversé le match grâce à un choix gagnant : une défense de zone 2-3, qui a dégoûté les shooteurs du Partizan (10/29 à trois points), Danilo Andjusic en tête (6 points à 2/7 en 17 minutes), sorti du formol pour pallier la suspension de Kevin Punter. « La zone ne marche pas tout le temps mais c’était le cas ce soir », savoure l’ancien adjoint de Pablo Laso. « Je suis surtout très heureux des efforts défensifs de tous les joueurs. » Et puis, le Real a vu ce qu’il lui a terriblement manqué jeudi soir : la présence incontournable des 221 centimètres de Walter Tavares dans la raquette. Sans l’intensité de Mathias Lessort pour lui faire face, le géant capverdien a tracté son équipe sur ses larges épaules, presque inarrêtable avec ses 26 points à 11/14, 11 rebonds, 3 passes décisives, 3 contres et 41 d’évaluation. « Nous sommes revenus en utilisant notre force à l’intérieur avec Edy », admet Chus Mateo. Alors qu’il donnait l’impression d’être seul contre tous au début, d’être l’unique joueur à pouvoir empêcher le naufrage du Real Madrid (41-26, 13e minute), l’ancien pivot des Cleveland Cavaliers a été rejoint par Mario Hezonja (12 points à 4/10 et 14 rebonds) et surtout Nigel Williams-Goss, ancien rookie du Partizan (en 2017/18), auteur de son meilleur match en carrière EuroLeague (22 points à 7/12, 2 passes décisives et 2 interceptions) et du shoot de la gagne à 24,8 secondes du buzzer final (77-80 puis 80-82, score final), une flèche à 6,75 mètres plantée après avoir désarçonné Dante Exum. « Je suis très fier de la réaction de notre équipe », souligne Mateo. « La perspective d’un match décisif à Madrid est encore loin mais c’est une première étape. »
Une autre histoire avec Mathias Lessort jeudi ?
Car dès jeudi, il faudra revenir dompter cet enfer, avec la perspective d’un retour qui peut tout changer pour le Partizan Belgrade : celui de Mathias Lessort (dont les parents sont accueillis comme des héros à la Stark Arena, demandes de selfie à l’appui dans les entrailles de l’enceinte), qui pourra venir s’opposer à Tavares. « Ce sera bien d’avoir un pivot de plus, surtout que tout le monde sait à quel point Mathias est important pour nous », ne cache pas Zeljko Obradovic. « On a profité de son absence ce soir mais avec ce ne sera pas le même match jeudi avec sa seule présence », renchérit Chus Mateo. « C’est un grand joueur qui réalise une saison exceptionnelle. » En revanche, côté Real, si Gabriel Deck sera également de retour de suspension, Vincent Poirier est incertain. Revenu de trois semaines d’absence suite à son opération de l’appendicite, l’ancien pivot du Paris-Levallois a été jeté dans le grand bain jeudi, cumulant 41 minutes en deux matchs contre le Partizan et Saragosse. Un retour trop intense, visiblement, puisqu’il s’est blessé à l’échauffement ce mardi. « Il a sûrement payé le prix d’efforts trop importants ces derniers jours », confirme Chus Mateo. « Le rythme des matchs est effrené et il n’avait pas pu s’entraîner pendant trois semaines auparavant. »
Enfin, la véritable satisfaction est venue de l’absence d’incidents notables. Après les images catastrophiques de jeudi, avec l’acmé du body slam de Guerschon Yabusele sur Dante Exum, les yeux de l’Europe du basket étaient tournés vers le public de la Stark Arena. Depuis cinq jours, tous les officiels serbes appelaient à l’apaisement. On n’ira pas jusqu’à dire que le Real Madrid a été accueilli avec l’hospitalité réclamée par Zeljko Obradovic mais au moins, après les huées nées du déploiement d’une banderole commune (« Le basket unit les gens »), les deux équipes ont pu disputer un match normal, et c’est tout ce que l’on demande. « Je suis très fier de nos supporters », insiste le coach nonuple vainqueur de l’EuroLeague. « Je sais que tout le monde était inquiet et vous avez bien vu que rien ne s’était passé. Nous avons juste joué un match de basket. » Et à ce petit-jeu là, l’histoire a encore prouvé que l’on peut rarement parier contre le Real Madrid…
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