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Le Paris Basketball, théâtre de l’éclosion de Dustin Sleva : « Il va jouer au plus haut-niveau »

Mi-août 2018. Paris Basket, tout nouveau club débarquant en Pro B, dévoile la signature de Dustin Sleva (23 ans à ce moment-là). Sur le coup, l’annonce ne suscite pas de grandes réactions. Rien d’anormal pour un Américain sortant tout juste d’une toute petite fac de 2e division NCAA, pas du tout référencée pour envoyer des joueurs en Europe, et avec comme simple carte de visite d’être le meilleur marqueur et rebondeur de l’histoire de l’Université de Shippensburg de Pennsylvanie. Et sans remettre à l’époque en cause le choix de Jean-Christophe Prat, on s’attendait alors à un Américain (puisque deux étaient alors autorisés par équipe en Pro B) davantage reconnu dans le circuit européen pour coller au tout nouveau et ambitieux projet parisien.

Le technicien avait même demandé à ce que le joueur ait une période d’essai d’un mois au cas où l’affaire ne s’avérait pas concluante. Période d’essai rapidement transformée en contrat ferme d’une année. Et deux ans et demi plus tard, Dustin Sleva est toujours présent dans la capitale française. Celui qui se décrit comme un vrai «late bloomer», c’est à dire qui atteint tout son potentiel plus tardivement, est même désormais l’un des meilleurs joueurs de Pro B. Coéquipier modèle, apprécié de tous, il a même désormais le statut de co-capitaine de l’équipe avec la légende Amara Sy. Retour sur l’itinéraire d’un gamin de Pittsburgh au parcours étonnant, qui a su gravir les échelons à force de travail et de loyauté. Désormais bien installé en France et à Paris, il s’est livré sans concession pour son premier long entretien dans un média français.

«T’es trop petit, t’es trop frêle, tu n’as pas de qualités athlétiques» : la difficile entrée à la fac 

«Je n’ai pas mis beaucoup de temps pour répondre favorablement à la proposition de Paris. Je me suis dit “Oh mon Dieu, c’est Paris”». Quand on est un gamin de Pennsylvanie, venant de NCAA II, il y a de quoi tomber des nues quand une équipe basée à Paris souhaite s’offrir vos services. Issu d’une famille nombreuse, composée de 4 jeunes frères et sœurs (Dom, Drew, Gracyn et Ellison), Dustin Sleva a grandi à Pittsburgh, connue pour son passé industriel, longtemps haut-lieu de la sidérurgie mondiale, ses 446 ponts et sa douceur de vivre puisqu’elle est depuis des années considérée comme l’une des villes les plus agréables des États-Unis. Dustin baigne dans le sport dès son plus jeune âge, «mon papa a joué au football américain et ma mère au softball». C’est elle qui lui fait connaître le basketball vers ses 4 ans.

Dès cet instant, le virus de la balle orange s’est emparé de lui. Et même s’il a logiquement pratiqué d’autres sports, comme n’importe quel enfant, «dès que je suis entré au lycée, je me suis uniquement consacré au basket.» C’est par la suite que les premiers «problèmes», d’ordre physique mais aussi scolaire, ont fait leur apparition dans le parcours de l’étudiant. «Quand j’ai quitté le lycée (Montour High School, Pennsylvanie), je mesurais aux alentours d’1,90 m. Ce qui ne m’a pas empêché d’essuyer des critiques au moment de rentrer à l’Université, du style “t’es trop petit, t’es trop frêle, tu n’as pas de qualités athlétiques, etc…” À l’image de mon père, j’ai connu une forte poussée de croissance sur le tard.»

La légende de Shippensburg

Le jeune homme reçoit alors 3 offres universitaires, dont celle de Shippensburg. Mais celle-ci n’est pas dans son collimateur. L’Université d’Indiana en Pennsylvanie (NCAA II) lui fait les yeux doux. «C’est une fac située à 1h15 de chez moi. Beaucoup de mes amis de mon lycée à l’époque y sont allés et je voulais les suivre. Sauf qu’elle ne m’a pas recruté pour les raisons dites plus haut. Bref, je n’étais pas assez bon pour jouer avec eux.» À 18 ans, Dustin décide finalement de donner son accord à l’Université de Shippensburg. Le 4 mars 2017, le gamin de Pittsburgh, âgé de 21 ans et classé en junior (3e année), retrouve face à lui l’Université d’Indiana en demi-finale du tournoi de sa conférence (PSAC, Pennsylvania State Athletic Conference). Une occasion en or pour effacer une déception toujours présente.

«Là-bas, ils ont une magnifique salle qui a coûté des millions de dollars et une capacité d’environ 6 000 places. Ce jour-là, la salle était pleine, toute ma famille et mes amis étaient présents. Et nous l’avons emporté après prolongation (87-90, avec une performance XXL du futur parisien : 33 points et 13 rebonds en 40 minutes). Moi, je suis quelqu’un qui parle beaucoup et je l’ai bien rappelé à l’entraîneur (Joe Lombardi) qui ne m’avait pas recruté. C’était un moment fort et sans doute mon match préféré de toute ma carrière. IUP est un endroit où je voulais aller étudier. Mais au final, je suis heureux qu’elle ne m’ait pas recruté.» Shippensburg remporta la finale le lendemain contre Kutztown (73-63). Dustin, lui, fut élu joueur de l’année et sélectionné – pour la seconde fois de suite – dans l’équipe type de la PSAC.

Un cursus complet de 4 ans à la fac et voilà que Dustin écrit un incroyable chapitre de sa vie en étant le meilleur marqueur (2 071 points), rebondeur (1 140 rebonds) et celui réalisant le plus de doubles-doubles (58) dans l’histoire de sa petite faculté. Son statut de légende vivante est définitivement adopté et va l’accompagner pendant encore longtemps. «Ce qui m’a beaucoup aidé à acquérir un tel statut, c’est le fait qu’il y ait très peu de gars qui ont fait carrière en Europe ensuite. Et il se renforce aussi par le fait que je viens d’une toute petite fac de Pennsylvanie, que les réseaux sociaux sont en pleine explosion et qu’en plus mon frère, Dom, emprunte le même chemin que moi en jouant au basket pour cette même fac.»

Et parce qu’il n’y a pas de hasard dans la vie, Shippensburg, coaché par Chris Fite, un ancien professionnel ayant joué en Europe (Angleterre, Allemagne, Belgique), a vu ses résultats collectifs considérablement croître en sa présence, jusqu’à décrocher ce titre. En 2013-2014, un an avant l’arrivée de Dustin Sleva, l’équipe avait glané… 1 succès en 16 matches ! La suite ? 9 victoires en 22 matches en 2014-2015 puis 15 victoires en 22 matches en 2015-2016 puis 19 victoires en 22 matches en 2016-2017 et enfin 17 victoires lors de sa dernière année.

Le coup de coeur de Prat

«Je suis toujours à la recherche de rookies américains qui proviennent de petites universités car ceux évoluant dans des gros programmes sont tous très rapidement identifiés et sont impossibles à recruter en Pro B», explique Jean-Christophe Prat, le coach de Paris. «J’ai demandé à plusieurs contacts, agents de joueurs, de jeter un œil sur des petites facs de 1ère ou 2e division et de m’envoyer des vidéos. Soit ça dure 2 minutes, soit j’ai un coup de cœur. Et là, j’en ai eu un pour Dustin. Il m’a beaucoup fait penser à Justin Doellman, quand j’étais alors assistant à Orléans (Pro A à l’époque). D’ailleurs, j’espère qu’il fera la même carrière que lui (vainqueur de l’EuroCup et MVP de la finale avec Valence en 2014). Et comme Justin Doellman, Dustin se révèle sur le tard. À ce moment-là, j’ai regardé des vidéos de lui pendant 1 semaine. Et quand je l’ai recruté, je voulais qu’il ait une période d’essai. Non pas que j’avais des doutes sur son niveau, mais je voulais surtout savoir comment il était humainement. De mémoire, sa période d’essai était de 1 mois. Après 15 jours passés au club, j’ai dit banco !»

Et Jean-Christophe Prat d’ajouter qu’il n’a pas eu besoin de faire des pieds et des mains pour attirer l’ancien chouchou de Shippensburg. «Des joueurs universitaires provenant de 2e division NCAA qui ont l’opportunité de signer à Paris, c’est très très rare. Et au-delà du Paris Basket, un Américain débarquant de Pennsylvanie, qui n’est pas l’État le plus funky du pays, c’est une superbe opportunité de découvrir une ville comme Paris.» Tout juste né, Paris Basket mise ainsi sur un rookie américain inconnu du grand public français, débarquant de NCAA II pour mener à bien l’opération maintien en Pro B. Courageux et osé. «Après, je savais dès le départ que j’avais une période d’essai donc ce n’était pas totalement fait», explique l’intéressé installé dans son canapé et joint en visio. «Mais dès mon premier test amical, j’ai scoré 20 points et le coach m’a dit “ok on te garde”. En plus de cela, le club venait tout juste de naître donc c’était encore plus un privilège de venir ici. C’est presque unique dans une carrière professionnelle de prendre part à un tel projet.»

Le poste 4 américain prend part à l’intégralité des rencontres dans un rôle de 6e homme à partir de la 8e journée et termine sa première saison professionnelle avec une ligne de statistiques tout à fait correctes, tournant à 10,3 points (dont 40,3% à 3-points), 4,3 rebonds et 1,5 passe pour 12,3 d’évaluation en 23 minutes.  «Et à la fin de cette saison, on a fait quelque chose de plutôt rare pour un Américain ; nous l’avons prolongé de deux ans.» Derrière ce nouveau contrat, c’est une marque de confiance que lui attribue Jean-Christophe Prat qui croit dur comme fer à son potentiel. Tout comme Amara Sy, qui lui prédit aujourd’hui «un avenir brillant. Je pense qu’il a encore une grosse marge de progression, il va jouer au plus haut-niveau, c’est certain (il répète).» Mais la progression de Sleva est freinée au cours de l’été 2019. Blessé lors d’un match de charité à Pittsburgh, l’Américain est opéré d’une triple fracture de la malléole marquant un arrêt de 5 mois ; la première grosse blessure dans sa vie.

Et une fois remis sur pied et de retour à la compétition au cours du mois de décembre, il ne jouera que quelques semaines avant de stopper nette sa saison, comme tout le monde, en mars 2020, en raison de la pandémie. S’il montait en régime lors des derniers matchs, à l’image de son temps de jeu (26, 28 et 35 minutes), il considère que «la Covid-19 n’a pas stoppé ma progression, j’étais encore un petit peu blessé à la cheville, en voie de guérison.» Durant son confinement à Paris et pour contrer l’ennui, il en a profité pour développer des compétences hors basket qui lui sont bien utiles au quotidien. «Après ma blessure, j’étais en plein apprentissage de mon corps, sur la nutrition pour les sportifs de haut-niveau et sur différents autres aspects. J’en ai profité pour écouter pas mal de podcasts sur les neurosciences. Et grâce à ça, et aussi grâce à la Covid-19, ça m’a permis de me créer une routine déjà pendant le confinement, comme de me lever chaque jour à 7h du matin, d’apprendre au quotidien un peu le Français. Je fais plein de petites choses pour être bien mentalement.»

Le style de vie français adopté : «Je mange de la raclette, je vais au musée, je bois mon petit café»

Alors que la valse des joueurs étrangers est désormais monnaie courante dans le monde du basket, et le championnat français ne déroge pas à cette règle, Dustin Sleva, lui, attaque sa 3e année avec son tout premier club professionnel. Un fait rarissime voire peut-être unique en Europe. Lui qui a déjà réalisé, rappelons-le, un cursus complet de 4 ans à Shippensburg. «Oui, je suis tout à fait conscient de ça (au sujet de la fidélité). C’est un chemin particulier, atypique, que j’ai emprunté mais au moins, je n’ai pas fait d’erreur de parcours. J’aime vraiment être ici. Je sais que le club m’aime bien aussi. Je m’entraîne dur avec de top coéquipiers. Ici, je me suis forgé un caractère. J’ai l’impression d’avoir bien progressé au fil du temps et de m’être adapté au basket européen. Maintenant, quand je rentre aux États-Unis, je déteste voir un joueur qui cherche à scorer à chaque possession (sourire). Je veux m’installer ici, je peux parler Français (dit-il dans la langue de Molière), ma copine parle aussi français, ce qui me permet de faire des progrès. Je veux connaître la culture de votre pays, je suis comme ça.»

Le gamin de Pittsburgh a désormais parfaitement adopté le mode de vie à la française, voire à la parisienne. «Je mange de la raclette, je vais au musée, je bois mon petit café le matin et plein d’autres choses. J’ai même mon restaurant favori, le Pink Mamma (dans le 9e arrondissement)», énumère-t-il avec beaucoup d’intérêt. Sans compter qu’il aime flâner dans les parcs de la capitale et circuler à vélo pour visiter soit des sites touristiques, soit des quartiers parisiens, comme pour se rendre dans le 18e arrondissement ou vers le Sacré Cœur, ses lieux favoris.

Épanoui à Paris, bien dans son corps et dans sa tête, «j’ai perdu 5 kg l’été dernier, je suis plus athlétique et je dors bien mieux», voilà peut-être les raisons de l’excellent début de saison de Dustin Sleva. Après une campagne de Leaders Cup dans la lignée de ses deux premières saisons (11,8 d’évaluation), il a pris une toute autre dimension en championnat en cumulant 15,6 points à 46,7% aux tirs, 7 rebonds et 2,6 passes pour 18,5 d’évaluation en 30 minutes. «Déjà sans sa blessure l’an passé, il aurait touché les fruits de son travail, surtout si la saison avait été jusqu’à son terme. Il aurait explosé plus tôt que prévu», explique l’entraîneur parisien, parfaitement conscient de l’évolution de son joueur. «Il faut quand même se rappeler qu’en posant ses valises à Paris, c’était un vrai choc culturel pour lui qui débarquait d’une toute petite université et avec une connaissance du jeu que je qualifierais de sommaire. Dustin a énormément progressé sur ce dernier point.»

Ce qui est surtout frappant, c’est le temps de jeu du poste 4 qui a grimpé en flèche, passant de 21 minutes de moyenne lors de ses deux premières années à presque 31 cette saison. «J’explique cette prise de dimension par une succession de blessures dans l’équipe, notamment en début de saison», estime Dustin Sleva, avant de détailler plus longuement son nouveau rôle. «On m’a davantage sollicité en attaque, ma défense a progressé aussi donc ça m’a permis d’avoir plus de minutes que d’habitude. J’ai aussi démarré les matches. Lors de mes deux premières années, j’étais soit dans le corner à attendre un tir, soit je jouais au poste. Mais cette année, grâce au coach, le ballon circule mieux sur le terrain et les opportunités sont multiples. Désormais, je me sens bien plus à l’aise au poste, ce qui me permet de prendre le temps de voir ce que je peux faire avec le ballon. Soit de le ressortir ou de jouer mon vis-à-vis. Tout est plus facile pour moi. Je connais bien mieux le jeu européen à présent, je vois les choses avant qu’elles n’arrivent.»

Co-capitaine, équipier modèle : «T’es obligé de l’aimer»

Parmi les blessés en début de saison, il y avait notamment les intérieurs de l’équipe, Valentin Chery et Amara Sy. Et en l’absence de ce dernier, qui avait le statut de capitaine, Jean-Christophe Prat a confié le co-capitanat à Sleva. Là encore, peu de joueurs étrangers en LNB possèdent ce statut. «Je ne me suis presque pas posé la question. Ça faisait sens. Dustin a cette volonté de partager avec les autres. Il a un vrai rayonnement autour de l’équipe», explique le coach. «Le fait que je sois ponctuel, que je bosse avant et après les entraînements, que je me sois bien intégré au groupe, tout ça a contribué à obtenir ce rôle», enchaîne l’intéressé. «Ensuite, je veux que les jeunes du club fassent les choses bien. C’est dans mon intérêt. Par exemple, on shoote après chaque entraînement pour continuer à s’améliorer. Amara, lui, est plus vocal que moi et surtout il parle français. C’est le roi de Paris et du basket français ! Il est un exemple pour tout le monde.»

Une confiance et des responsabilités qui sont le signe d’une excellente entente entre le joueur, ses équipiers et le staff. «C’est vraiment un mec super, un coéquipier exceptionnel», savoure l’Amiral, qui a côtoyé un paquet de joueurs au cours de ses 20 saisons en LNB. «Pour un coach, je pense que ça ne doit être que du bonheur de l’avoir sous ses ordres. C’est un joueur qui est très très respectueux de ses coéquipiers et des règles, et il a du talent donc on ne va pas s’en plaindre. C’est simple : c’est quelqu’un qui s’entend avec tout le monde, qui rigole avec tout le monde ! Il me fait penser à Alain Koffi, t’es obligé de l’aimer en fait (rire), tu ne peux pas tomber sur quelqu’un qui va parler en mal de lui, ça n’existe pas.»

Alors que le natif de Pittsburgh arrive au terme de son contrat avec le club de la capitale, Jean-Christophe Prat n’a qu’une envie, «continuer à travailler avec lui. Et on espère le garder le plus longtemps possible au Paris Basket. Pour développer un jeune joueur, un rookie comme l’était Dustin, il faut en moyenne 3 ans pour qu’il arrive à une certaine maturité dans le jeu. Et aujourd’hui, il arrive à maturité. Aujourd’hui, je suis encore plus persuadé que c’est un joueur qui va réaliser une carrière brillante en Europe.»

Même son de cloche pour Amara Sy : «Il a gagné en termes de maturité et de régularité. Ce qu’il fait c’est exceptionnel, c’est un très bon joueur. Quand on est ensemble sur le terrain, on échange beaucoup, c’est quelqu’un qui comprend le basket, qui est très intelligent et qui ne force rien. Il joue juste. Il demande des conseils et comme on sent le jeu lui et moi, des fois, on n’a même pas besoin de se parler, juste un regard et on se comprend. J’ai l’impression qu’il progresse de semaine en semaine donc je pense qu’il peut faire de très grandes choses. Il est encore au début de sa carrière mais s’il continue comme ça, parce qu’il a la tête sur les épaules, attention…»

«Dustin, c’est mon fermier blanc américain»

Et pourquoi pas réaliser une carrière à la Austin Hollins, rookie à Denain entre 2014 et 2016, sous les ordres de Prat justement, et désormais joueur en EuroLeague sous les couleurs du Zénith Saint-Pétersbourg ? «L’EuroLeague est un objectif mais je rêve grand, je rêve toujours de NBA», avoue-t-il, lui qui s’entraîne chaque été à Pittsburgh avec l’un de ses meilleurs amis, Cameron Johnson (Phoenix Suns), qu’il a connu au lycée, vivant à 10 minutes l’un de l’autre.

Mais les choses restent encore floues dans l’esprit de l’intéressé. «J’adorerais rester ici mais on en discutera en temps et en heure avec les intéressés. J’aime cette ville, je profite de chaque instant ici, mais j’ai aussi l’envie de jouer à un niveau supérieur et j’ai le sentiment que c’est tout à fait possible ici à Paris. Je dois aussi en parler avec ma famille. En tout cas, j’ai le sentiment que je peux jouer au niveau supérieur.»

Quelque soit la décision prise par Dustin Sleva cet été, le joueur est en train de d’éclore aux yeux de la Pro B, pour le plus grand bonheur de son entraîneur, et connaît une progression sans précédent. «À Noël, je regardais à nouveau des vidéos de lui quand il jouait à la fac, et je lui disais en rigolant qu’il courait n’importe où, dans tous les sens, il n’y avait aucun spacing, c’était un chien sauvage (rire). Là c’est beaucoup plus structuré», constate Prat.

Le coach de Paris se souvient aussi du jeune homme américain, tout juste diplômé de son master en marketing, débarquant sur le sol français à l’été 2018. «J’ai encore le souvenir de sa dégaine à son arrivée à Paris avec sa grosse paire de gants (rire). C’est mon fermier blanc américain. Dustin il est cool. Si t’as que des joueurs comme lui dans ton effectif, c’est très simple à gérer. Aujourd’hui, la confiance s’est totalement installée, il n’y a plus cette relation hiérarchique coach/joueur.»

Son match à Évreux, il y a deux semaines, est un parfait résumé de sa carrière, à savoir une éclosion tardive. Après une première mi-temps manquée dans les grandes largeurs (0 point), Jean-Christophe Prat ne lui a pas dit un seul mot dans les vestiaires, lui a fait confiance. Résultat des courses ? 17 points en 2e période avec la victoire en prime (72-79). «C’est un joueur d’équipe, il dépend du collectif, et si on ne joue pas bien au basket…», disait l’entraîneur en conférence de presse d’après-match. Meilleur marqueur de l’histoire du Paris Basket avec 752 points au compteur, Dustin Sleva ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et pourrait bien, là aussi, écrire sa légende avec Paris comme à Shippensburg.

(Avec G.Del.)

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