Le lancement de « 3×3 Paris », la première équipe pro française : « C’est un tournant »
« Ah bon, une équipe pro 3×3 vient d’être annoncée ? » Au bout du fil, Karim Souchu est d’humeur blagueuse. Déjà sélectionneur des équipes de France 3×3, l’ancien joueur de Cholet, Roanne et de Nancy aura à sa charge, avec Yann Julien, la première équipe pro française dans la discipline : « 3×3 Paris ». « C’est une étape importante, un tournant », insiste l’entraîneur de 43 ans. « C’est l’aboutissement de trois ans de travail et de réflexion de la Fédération. On était l’un des derniers pays majeurs à ne pas avoir d’équipe professionnelle de 3×3. »
Une nouveauté dans le sport français puisqu’aucune fédération n’avait à sa charge une équipe professionnelle. À deux ans de Paris 2024, la France est en train de rattraper son retard. « Aujourd’hui, le coût de fonctionnement de l’équipe professionnelle est estimé à 1 million d’euros annuel, assumé par la Fédération Française de Basketball et l’Agence Nationale du Sport », explique Alain Contensoux, le Directeur technique national, dans le communiqué. « L’objectif est que ces joueurs arrivent à une autonomie totale après les Jeux olympiques de 2024. »
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Disons-le, l’appel à candidature lancé début 2022 a connu un franc succès. Une vingtaine de joueurs allant de la Betclic ÉLITE à la NM2 ont manifesté leur volonté d’être pionniers de la discipline. Seulement six d’entre eux « en fonction de leurs complémentarités », dixit Karim Souchu, ont été retenus. Curriculum vitae et vidéo de présentation de 30 secondes à l’appui. Premier Français à remporter le World Tour en septembre 2021 avec Djeddah (Arabie saoudite), Kévin Corre n’a pas été retenu dans la sélection finale.
« Je n’ai pas hésité une seule seconde »
Figure montante de la discipline en France, Franck Seguela (La Rochelle, NM1) en fera, lui, partie. Il sera accompagné d’Alex Vialaret (Bordeaux, NM1), d’Alexandre Aygalenq (Toulouse, NM1), de Jules Rambaut (Boulazac, Pro B) – blessé et remplacé par Sylvain Sautier – de Vincent Fauche (Loon-Plage, NM2) et même de Paul Djoko, qui était à Nothern Kentucky Norse (NCAA) il y a encore un an. Les six membres de cette team « 3×3 Paris » se sont engagés pour deux saisons et toucheront un salaire mensuel de 4 000 euros, en plus des « prize money » remportés sur les différents tournois.
La @ffbasketball annonce la création de la première équipe professionnelle de 3×3 française : « 3×3 Paris » 🙌💚
Cette équipe participera notamment au @FIBA3x3 World Tour et au futur circuit professionnel français.
📝 + d’infos : https://t.co/nH23bPHlto pic.twitter.com/iHuvzCbKsB
— 3×3 FFBB (@3x3ffbb) July 4, 2022
« Même si je n’avais pas eu cette opportunité, j’aurais quand même arrêté le 5×5 pour me consacrer pleinement sur le 3×3 », explique Franck Seguela. « Je n’ai pas hésité une seule seconde car j’en rêve depuis 3 ans. » Tombé amoureux de la discipline, l’ailier rochelais avait « l’impression de tourner un peu en rond », qu’une forme de lassitude s’était installée. Au 3×3, c’est tout le contraire ! Règles différentes, matchs rapprochés et ambiance street avec des matchs en plein air et des musiques en fond sonore… Les émotions y sont souvent décuplées dans « ce sport souvent inexplicable. »
« Essayer de faire notre trou sur le circuit pro »
Loin de la routine entraînements – matchs dans le 5×5, les pionniers du 3×3 alterneront entre autonomie et rassemblements tout au long de l’année. Ils résideront dans la ville de leur choix pour peaufiner leur préparation physique et mentale et se retrouveront pour des tournois, des entraînements à Paris. La porte est également ouverte à des stages en province comme à l’étranger avec d’autres équipes du circuit mondial. « On ne démarre pas le projet avec des joueurs de différents horizons car on s’est tous déjà côtoyé en équipe de France donc c’est plaisant », sourit Alex Vialaret, médaillé de bronze à la Coupe du Monde avec Franck Seguela. « On fait bien plus que viser les JO : on veut essayer de faire notre trou sur le circuit pro. »
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Les Jeux olympiques dans le viseur, la team « 3×3 Paris » dispute actuellement le Challenger de Bordeaux (5 et 6 juillet), sa première étape du World Tour, le circuit mondial. Les Français enchaîneront les tournois pour accumuler un maximum de points et espérer disputer les phases finales à Abou Dhabi (9-10 décembre). « Ça me fait rêver », s’émerveille Alex Vialaret. « On ne sera plus outsiders dans ce genre de compétitions. C’est un vrai challenge mais on pourra regarder les meilleures équipes les yeux dans les yeux. »
Faire monter la France dans le ranking mondial
Meilleurs seront les Français, meilleur sera le ranking FIBA. Sur le même principe du système ATP au tennis, ce sont les 25 meilleurs Français qui sont pris en compte pour le ranking FIBA. « Il y a beaucoup d’excitation et un peu de pression car on aura un rôle important à jouer pour le ranking de la Fédération », précise l’ancien shooteur des JSA Bordeaux. En effet, c’est loin d’être anodin ! C’est à partir de ce classement que sont attribués les tickets pour les compétitions internationales. Un ranking d’autant plus important que les deux équipes de France – contrairement au 5×5 – ne sont pas automatiquement qualifiées pour les JO de Paris 2024.
Les Françaises – 6e au ranking mondial – sont bien parties pour disputer une 2e olympiade de suite sur la place de la Concorde. Mais cette qualification pourrait se faire au détriment des Bleus. Pour éviter de passer par un Tournoi de Qualification Olympique (TQO), les partenaires de Paul Djoko devront finir parmi les deux premières nations européennes. Une mission loin d’être facile quand on sait que la France est actuellement 13e au ranking et que les Serbes, cinq fois vainqueurs du World Tour, semblent intouchables. « Être pro n’est pas une finalité car ça ne veut pas dire qu’on fera partie systématiquement de l’équipe de France », rappelle Alex Vialaret. « Cette nouvelle aventure est la lumière au bout du tunnel. »
Du streetball aux JO, du monde amateur à la professionnalisation, le 3×3 va continuer de grandir en France avec le lancement d’un circuit professionnel international de 3×3 sur le territoire français chaque hiver à compter de la fin de l’année 2022. Une étape de plus vers les JO de Paris 2024…
Pas encore d’équipe féminine professionnelle
Contrairement au circuit masculin, la saison 3×3 féminine se concentre sur quelques mois, principalement l’été avec les Women’s series. Un circuit mondial n’existe pas encore mais la FIBA y travaille. Il devrait voir le jour d’ici quelques années.
« Il n’y a pas d’équipe pro féminine car il n’y a pas de compétition toute l’année. S’il y avait un World Tour féminin, on en aurait lancé une », explique Karim Souchu, sélectionneur des équipes de France 3×3.
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