La dignité d’Angers dans la descente : « L’EAB reviendra plus fort ! »
Shawn Tanner et Angers terminent 18e de Pro B
À quoi cela tient une place en LNB ? Angers connait la réponse : à quelques centimètres. Alors qu’il venait d’intercepter une passe précipitée de Mathieu Wojciechowski, récupérant la possession19 secondes de la fin, Brandon Averette a mordu sur la ligne de fond. Rédhibitoire pour le club de l’Anjou alors que ce ballon s’apprêtait à être celui du maintien, pour le club de l’Anjou.
Pourtant, avoir une possession pour se sauver était quasiment inespéré un mois plus tôt. Le mardi 9 avril, l’EAB a vécu une journée cauchemardesque : l’une des démissions les plus étranges de LNB (son coach, Ali Bouziane, vers un concurrent pour le maintien) et une claque de 44 points à Nantes (67-111). Mais l’intérim de John Delay a rallumé la flamme. La lanterne rouge s’est offert deux victoires de prestige (à Orléans et face à Boulazac) pour sortir un temps de la zone rouge. Une rébellion finalement restée vaine suite à une dernière défaite à Fos vendredi (72-75).
Pourtant, il y a une certaine logique à voir Angers redescendre en Nationale 1. Avec des finances dans le rouge (-193 000 euros en 2022/23), l’EAB n’a pu procéder qu’à un seul ajustement : le décevant Kevin Marfo, remplacé par Maodo Nguirane en décembre. Mais quand Michael Akuchie s’est rompu le tendon d’Achille le jour de Noël, la sentence est tombée de la part des dirigeants : interdiction de recruter. En face, par exemple, Fos-Provence se lançait dans un grand bouleversement avec quatre recrues labellisées Betclic ÉLITE (Wojciechowski, Markusson, Turner III et Etou). « La direction doit avoir ses raisons », disait le capitaine Stéphan Gauthier au Courrier de l’Ouest en février. « S’ils veulent sauver le club financièrement, c’est tout à leur honneur mais il faut nous le dire. On est pris un peu au dépourvu et nous, les joueurs, on se sent abandonnés. » Ils ont pourtant été admirables pour pratiquement sauver le club de la relégation que l’on leur promettait depuis des mois.
« Je ne suis pas sûr que l’on mérite de quitter la Pro B »
John Delay
John, cette descente actée dans les derniers instants est forcément une déception…
Le premier mot qui me vient en tête, c’est la fierté, pas la déception. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis fier de cette équipe. Quand on a traversé tout ce que le club a traversé cette saison, arriver à la 39e minute du 34e match en ayant encore son destin entre les mains, que voulez-vous que je vous dise ? Que voulez-vous que je reproche aux joueurs ? On a fait le match qu’on devait faire à Fos. Ça a tourné de l’autre côté mais je suis fier de la bataille que mon équipe a mené. Je ne suis pas sûr que l’on mérite de quitter la Pro B. Mais c’est ainsi, il faut l’accepter. Mais quand je vois ce qui s’est passé, combien de temps on a été dans les matchs, comment on s’est battu, je peux vous dire que l’EAB reviendra, et reviendra plus fort.
Pouvez-vous nous parler de la résilience de votre équipe depuis votre prise de poste le 8 avril ?
Il y a un mois, j’étais devant la presse à Nantes et on venait de prendre 44 points. Il restait cinq matchs contre des grosses équipes. Personne (il le répète trois fois) ne pensait qu’on allait venir jouer cette finale ici. On n’était pas favoris et on a fait plus que regarder Fos dans les yeux. Encore une fois, je suis très fier. Ça a été une belle fête du basket, même si elle ne se finit pas bien pour nous. Le match aurait pu ne pas être joli, tant l’enjeu était important, mais les deux équipes ont offert un spectacle intéressant. Il y a eu tout ce qu’on aime : l’intensité, l’émotion, etc. Je tiens aussi à dire que ça a été très bien sifflé, Maxime (Boubert) et son équipe ont fait un super travail. Rémi (Giuitta) m’a dit en me serrant la main : « Vous méritez autant que nous. » Et je crois qu’il a raison. C’est une vraie belle marque de respect. Félicitations à lui, félicitations à Fos. Mais je vous le dis : l’EAB reviendra plus fort.
Comment ?
Le club va se remettre au travail. Personnellement, on m’a juste demandé de faire une mission sur la fin de saison. Avec les dirigeants, on s’était promis de ne pas se concentrer sur mon avenir personnel après cette pige. On a tenu cette ligne directrice. Je peux vous dire, avec honnêteté, que je ne sais pas de quoi demain sera fait. Je sais ce dont j’ai envie et je l’exprimerai à mes dirigeants. Je mesure pleinement ce que le club a fait pour en arriver là (il a pourtant bel et bien fait acte de candidature pour devenir head coach à part entière en 2024/25, ndlr). Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de messages que j’ai reçu aujourd’hui. J’ai une immense pensée pour les bénévoles, les supporters, les jeunes qui nous ont fait une vidéo. Je voulais leur offrir encore une année de Pro B au moins. On n’a pas réussi à le faire aujourd’hui mais je peux leur certifier que l’EAB sera encore là en septembre et que l’on mouillera le maillot de la même manière. Je leur promets (très ému, avec la voix tremblante, ndlr).
Le discours concordant de Darel Poirier :
« Je suis très fier ! »
« Je ne suis pas déçu. En regardant en arrière sur tout ce qui s’est passé cette saison, je suis très fier d’être arrivé au dernier match pour jouer le maintien. On s’est battu jusqu’à la fin, malgré toutes les blessures. C’était une très longue saison et je crois qu’on a fait le boulot. Respect à tous les gars de l’équipe, en passant par Tommy (Ghezala) qui a eu beaucoup de blessures, Michael Akuchie, qui a rompu son tendon d’Achille en décembre et n’a pas été remplacé, par tous ceux qui sont partis de l’équipe en cours de route parce que ça ne fonctionnait pas. Tous ont été des gars en or. Jusqu’à la fin, tous les joueurs ont été professionnels et soudés. On a été dans la zone rouge jusqu’en avril et on a eu l’opportunité de se sauver jusqu’à la dernière journée. Pour moi, c’est incroyable, ça montre le caractère et la cohésion qu’on a eu dans cette équipe. »
Propos recueillis à Fos-sur-Mer,
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