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Kevin Séraphin confirme sa retraite : « Une décision un peu forcée mais le but n’est pas de terminer en fauteuil roulant »

C’était un secret de polichinelle, largement entretenu par les allusions qu’il avait disséminé lui-même au cours de ses rares apparitions médiatiques depuis la fin de son aventure à Barcelone en 2019 : Kevin Séraphin (2,08 m, 30 ans) ne jouera plus au basket. Interrogé par First Team, le natif de Cayenne a confirmé sa retraite sportive. Un choix plus subi qu’autre chose, la faute à des problèmes récurrents au genou.

« Je vais mettre un terme à sa carrière », a-t-il annoncé au micro d’Erwan Abautret. « J’ai pris le temps de réfléchir avec mon agent, ma famille, mon entourage. C’est une décision un peu forcée, à cause de mes genoux. Quand j’étais à Barcelone, j’ai passé dix mois sans jouer. Ça devenait compliqué, le but n’est pas de terminer en fauteuil roulant. Mon chirurgien à Lyon m’a dit que je pouvais continuer mais qu’il ne pouvait pas me garantir que je serais en mesure de jouer plus tard avec mon fils, qu’il me faudrait peut-être une prothèse de genou. »

De surnuméraire en cadets France à la NBA !

Kevin Séraphin s’en va avec 437 apparitions en NBA et 47 sélections en équipe de France. Un incroyable accomplissement lorsqu’on se rappelle de ses premiers pas à Cholet, en 2006/07, à l’époque où il évoluait en Régionale 3, barré en cadets France par Erwan André et Maxime Chupin… Pas si illogique cela ditlorsqu’on se rappelle du retard qu’il avait sur ses compères de la génération 88/89, lui qui rêvait encore de devenir pompiers à l’âge de 15 ans dans sa Guyane natale, au point de ne pas disputer les matchs le samedi avec l’USL Montjoly puisqu’il privilégiait l’école des jeunes sapeurs pompiers le week-end.

Mais Kevin Séraphin, c’était aussi un physique hors normes couplé à un vrai talent, magnifié par un superbe toucher de balle. Alors, il progresse vite, boosté par Jean-François Martin puis Erman Kunter, jusqu’à prendre une place de choix dans la rotation du Cholet Basket champion de France 2010. Drafté en 17e position par Chicago la même année, il sera immédiatement envoyé à Washington où il passera la majorité de sa carrière NBA. Sept saisons outre-Atlantique où il laissera entrevoir de belles promesses (9,1 points à 46% et 4,4 rebonds en 2012/13), sans pour autant réussir à s’installer comme un vrai joueur qui compte dans l’Association (5,8 points à 49% et 3,4 rebonds), avant de terminer dans l’anonymat des bancs de New York et Indiana. Revenu en Europe en 2017 du côté du FC Barcelone, il se fera plaisir pendant un temps avec les Blaugranas mais sera rattrapé par ses problèmes physiques. Et s’il signera un contrat lucratif au cours de l’été 2019 en Chine, la réception de San Sebastian marquera sa dernière apparition sur un parquet professionnel le 19 mai.

Équipe de France, le gros regret de la décision de 2013 :
« Toute ma vie, j’aurais à vivre avec ça »

Un parcours au goût d’inachevé, à l’image de son histoire avec les Bleus. Reconnu sur le tard parmi la génération 1989, il ne participera qu’à deux compétitions juniors (2008 et 2009) avec un impact qui symbolise sa progression exponentielle de l’époque (de 2,9 points de moyenne en 2008 au trophée de meilleur pivot de l’EuroBasket Espoirs en 2009). Inversement, son entrée sera fracassante en équipe de France A. Initialement appelé en tant que partenaire d’entraînement par Vincent Collet en 2011, l’ancien Poitevin impressionne tout le monde et sa productivité en sortie de banc lui offre une place parmi les 12 de l’EuroBasket lituanien, conclu par une médaille d’argent avec ce qui était peut-être la meilleure équipe de France de l’histoire. Des débuts idylliques mais une dynamique prometteuse, entretenue par des Jeux Olympiques 2012 réussis, qui sera finalement brisée par son choix de ne pas se rendre à l’EuroBasket 2013, préférant se concentrer sur sa carrière NBA et ne pas froisser les dirigeants des Wizards. Le natif de Cayenne sortait de sa meilleure saison outre-Atlantique et il aurait été très vraisemblablement été le poste 5 titulaire de Vincent Collet en Slovénie. Sans lui, les Bleus remporteront le seul titre continental de leur histoire. Critiqué de toute part, il se défendra en affirmant : « J’ai encore dix ans d’équipe de France devant moi, je reviendrai plus fort. » L’histoire prouvera que les choses ne sont pas si faciles. « J’ai écouté les Wizards mais honnêtement, je le regrette », a-t-il admis dans son entretien avec Erwan Abautret. « Je me suis sacrifié pour des gens qui ne m’ont pas rendu la pareille. Toute ma vie, j’aurais à vivre avec ça. » Car oui, le train était parti sans lui et il n’était pas facile de resauter dedans avec des genoux fragiles. Revenu en 2017, son retour ne sera finalement qu’anecdotique. Dommage.

Et maintenant ?

Contrairement à certains joueurs, Kevin Séraphin ne se retrouve pas face à une page blanche à l’heure d’écrire sa reconversion. À l’abri financièrement, le Guyanais a déjà lancé nombre de projets, le plus abouti étant son label de production et d’édition musicale, IWM Production, qui lui a déjà valu un disque d’or grâce au dernier album du rappeur Lefa. Tenté par la cuisine plus jeune, il souhaite également ouvrir un restaurant. Une retraite active en somme.

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Kevin Séraphin, ici en arrière-plan, lors de son époque Espoirs
à l’occasion d’un déplacement à Roanne en avril 2007 (photo : Olivier Fusy)

Son parcours :

  • Avant 2005 : USL Montjoly et Pôle Espoirs de Guyane
  • 2005/06 : Pôle Espoirs de Poitiers
  • 2006/10 : Cholet Basket
  • 2010/15 : Washington Wizards (NBA)
  • Lock-out 2011 : Vitoria (Espagne)
  • 2015/16 : New York Knicks (NBA)
  • 2016/17 : Indiana Pacers (NBA)
  • 2017/19 : FC Barcelone (Espagne)

Son palmarès :

  • Champion de France Espoirs 2009 et élu meilleur pivot du championnat
  • Vice-champion d’Europe Espoirs 2009 et élu meilleur pivot de la compétition
  • Champion de France 2010 et élu MIP de Pro A
  • Vice-champion d’Europe 2011
  • Double vainqueur de la Copa del Rey (2018 et 2019)

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