Les Metropolitans 92 rapatrient le phénomène Jordan Theodore
Dans la vie d’un club, il y a des joueurs qui marquent plus que d’autres. À Bourg-en-Bresse, Jordan Theodore (1,83 m, 33 ans) en fait partie, avec un côté aussi attachant qu’ingérable, aussi avenant que tête brûlée. Passé par la JL en 2015, le meneur américain avait cumulé les anecdotes difficilement publiables, si ce n’est celle où il avait séché un entraînement pour aller voir la Tour Eiffel, et les coups d’éclats sur le parquet (12,7 points à 46%, 3,6 rebonds et 6,1 passes décisives), à l’image de ce duel homérique avec Erving Walker un soir d’avril à Dijon : 43 points pour le meneur de la JDA, 31 points, 10 rebonds et 6 passes décisives pour son homologue bressan, à une petite longueur d’un record historique du championnat de France (18/18 aux lancers-francs, contre 19/19 pour Ron Davis en 1987). « Il avait tout pour être l’un des plus gros meneurs de jeu en Europe », nous avait raconté son ex-coéquipier Simon Darnauzan en 2021. « C’est un gros talent. Il est capable de shooter, de passer, il est athlétique, il sait un peu tout faire. Après, il était parfois un peu compliqué à canaliser sur le terrain. Ce n’est pas vraiment un meneur organisateur, il aime bien avoir le ballon et mettre des points. En dehors du parquet, c’est un super mec mais il n’était pas simple à gérer. Je m’entendais très bien avec lui alors je m’occupais un peu de lui pour qu’il puisse s’adapter. Bourg-en-Bresse, pour lui, c’était une petite ville. C’est un garçon qui aimait bien sortir et profiter de la vie. Il m’appelait tous les soirs pour aller au restaurant ou pour sortir à Lyon ou à Genève. C’était sans arrêt avec lui, il avait du mal à comprendre qu’il fallait se reposer parfois et se concentrer sur le basket. C’était le vrai Ricain, la vraie star. »
De trois relégations d’affilée aux sommets continentaux
Depuis son passage dans l’Ain, Jordan Theodore a complètement retourné sa carrière. À l’époque, la relégation de la JL avait marqué sa troisième descente d’affilée, en trois saisons professionnelles, après Antalya en 2013 et Mersin en 2014. Désormais, l’Américano-Macédonien va débarquer aux Metropolitans 92 avec le statut d’un ancien meneur de référence du Vieux Continent, aperçu dans quatre finales internationales (FIBA Europe Cup 2016, Champions League 2017, Coupe Intercontinentale 2019 et EuroCup 2021). Parti à Francfort dans la foulée de son passage à Bourg, il a directement pris une autre dimension, étant notamment élu MVP de la BCL en 2017 (avec Banvit), une saison où il avait privé l’AS Monaco d’une première couronne continentale. Aperçu en EuroLeague en 2018/19 avec Milan (11,6 points à 43% et 4,3 passes décisives), il affiche d’autres récompenses individuelles à son actif : MVP de la finale de la Coupe de Turquie 2017, MVP de la Supercoupe d’Italie 2017, MVP de la finale de la Coupe Intercontinentale 2019, All-Star en Grèce et en Turquie…
Jordan Theodore (Kazan), le grand écart : de trois relégations d’affilée aux sommets européens
Lors de la finale de l’EuroCup 2021, perdue avec Kazan contre Monaco, il s’était épanché à notre micro sur sa trajectoire. « Après tout ce que j’ai traversé, j’apprécie mieux le fait de me battre pour des trophées. C’est quelque chose que je ne prends pas pour acquis et je réalise parfaitement que j’ai dû passer par des moments très bas pour arriver jusqu’ici. Quand j’enchaînais les défaites et les relégations lors de mes trois premières saisons, j’ai vécu certains des moments les plus difficiles de toute ma vie. J’essayais d’apprendre le jeu à l’européenne, de comprendre les entraîneurs d’ici, de m’adapter à de nouvelles cultures. Et vu que c’était au cours des trois premières années de ma carrière, cela aurait pu être… (il s’interrompt) Je suis simplement heureux qu’une équipe ait continué à me donner ma chance ensuite. Quand je repense à mon parcours, je me dis qu’il ne faut jamais baisser les bras. Maintenant, j’ai compris qu’il faut simplement suivre le fil des choses, rester fidèle à soi-même, continuer de travailler dur et garder la foi. Si l’on fait tout ça, tout se passera bien. »
En quête de rebond aux Mets ?
Pourtant, Jordan Theodore semblait en perte de vitesse ces dernières années. Partagée entre Samara et Francfort, où il a certes régné sur la fin de saison de BBL (18 points à 46% et 5,4 passes décisives en 8 matchs), sa saison 2022/23 était sa première sans Coupe d’Europe depuis son crochet burgien et ce n’est pas sa signature à Boulogne-Levallois qui lui permettra de retrouver les joutes continentales. En revanche, pour les Mets, son arrivée représente une formidable opportunité sur le marché des transferts, et la preuve que le vivier américain est inépuisable, même lorsqu’on démarre son recrutement fin juillet. Il faudra simplement qu’il ne se laisse pas emporter par la vie parisienne mais Theodore a considérablement gagné en maturité depuis son passage à Bourg-en-Bresse. Marié à Tugba Tasci, une ex-internationale turque, il est désormais papa d’une petite fille. Et après s’être éloigné des projecteurs depuis la désillusion monégasque du printemps 2021, le champion d’Italie 2018 aura certainement à cœur de (re)prouver sa valeur sous les couleurs franciliennes.
L’effectif version 2023/24 des Metropolitans 92 :
- Jordan Theodore
- Lahaou Konaté, Tevin Brown
- Paulius Sorokas, Abdoulaye Loum
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