La finale vue d’Allemagne : « Il n’y a pas d’engouement populaire dans le pays »
Malgré la présence de Dirk Nowitzki, l’Allemagne a traversé une période creuse entre 2005 et 2022. Qu’est-ce qui a entraîné le retour au sommet de la Mannschaft depuis deux étés ?
Tout a démarré avec l’émergence de la génération actuelle. Le point de départ a été la Coupe du Monde 2019, où ils ont été labellisé comme la meilleure jeune équipe jamais vue. Et ils ont échoué. Le leader, Dennis Schröder, se croyait venu d’une autre planète. Il était présomptueux, quatre ans plus jeune que maintenant et même pas 50% aussi bon qu’il ne l’est aujourd’hui. L’histoire a démarré en 2019, puisque huit des douze joueurs de l’époque sont toujours dans le roster actuel. Ensuite, il y a eu l’éclosion de Franz Wagner, qui, forcément, ne pouvait qu’améliorer l’équipe (il sourit). Puis il faut parler de l’arrivée de Gordon Herbert. Avant lui, il y avait Henrik Rödl, qui était totalement dévoué à la sélection nationale lorsqu’il était joueur mais qui n’était sûrement pas assez costaud pour ce poste. Gordon Herbert est complètement respecté par tout le monde et, surtout, il sait comment gérer Dennis, tout en lui laissant une part de liberté. C’est la clé pour faire fonctionner cette équipe. De plus, il est très intelligent dans sa préparation des matchs et sa communication. Quand il a dit l’été dernier qu’il venait à l’Euro pour gagner une médaille, tout le monde l’a pris pour un fou. Quand il a répété la même chose cette année, les gens se sont dits qu’il était un peu ambitieux mais qu’on croyait en lui, que ce n’était pas forcément si irréaliste.
« Gérer Dennis Schröder, la clé pour faire fonctionner cette équipe »
La finale est-elle le plus grand match de l’histoire du basket allemand ou le titre européen de 1993 reste devant ?
S’ils gagnent, on pourra dire que oui. Mais s’ils perdent, une médaille d’or restera toujours au-dessus d’une défaite en finale. C’est marrant car notre seul titre remonte à exactement 30 ans. Il était vraiment sorti de nulle part. Le coach était Svetislav Pesic et il répète régulièrement que cette équipe n’avait pas de talent. Mais ils ont réussi à former un gros collectif pour monter sur le toit de l’Europe. L’équipe de 2023 est complètement différente dans le sens où il y a du talent partout. Surtout que son développement n’est pas terminé. Je ne vois certes pas de nouveau Franz Wagner parmi les jeunes mais il y a beaucoup de potentiels intéressants. C’est une situation incomparable avec l’après-1993. Si nous sommes champions du monde, ce sera bien plus grand.
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Est-ce que cette Coupe du Monde devient un évènement national en Allemagne ?
Non. Il n’y a rien et le décalage horaire n’aide pas. Après, vu que la finale sera un dimanche après-midi, les gens vont pouvoir regarder. Les matchs précédents étaient sur Magenta Sport, qui n’est pas une chaîne ordinaire, simplement disponible en streaming. La finale sera sur une chaîne nationale pour la première fois du tournoi. Cela suscitera peut-être un peu d’intérêt mais ce n’est pas comme si toute l’Allemagne en parlait. C’est juste une équipe de basket…
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