ITW Killian Tillie, sur le chemin du retour après deux ans d’absence : « Je vais revenir à un très haut niveau »
L’été dernier, Killian Tillie a pu affronter de nombreux joueurs NBA lors de work-out et pick-up games.
Killian Tillie n’a plus joué de match officiel depuis le 15 mars 2022. A l’époque, l’ailier-fort s’était fait une place au sein de la franchise des Memphis Grizzlies au point d’obtenir un contrat garanti.
Dans un rôle d’intérieur de devoir, l’Azuréen avait fait sa place dans l’équipe de Ja Morant. Néanmoins, à l’image de son parcours entaché par les blessures – il avait du s’arrêter près de deux ans au Pôle France -, le petit frère de Kim Tillie a vu son élan être stoppé net. Touché au dos, l’ancien Bulldog de Gonzaga a subi une microdiscectomie à l’intersaison 2022 et la franchise du Tennessee l’a libéré de son contrat qui courait jusqu’en juin 2023. Opérationnel avant l’été dernier, il a enchaîné deux pépins physiques au plus mauvais des moments.
De nouveau opéré, de la cheville cette fois, celui qui était considéré au milieu des années 2010 comme LE futur poste 4 de l’équipe de France prend son mal en patience. Au Japon pour rendre visite à ses parents, il a pu souffler au cœur de sa rééducation. Malgré les coups durs, Killian Tillie croit toujours en ses chances. L’ailier-fort assure même avoir progressé, grâce à une prise de masse musculaire. Il se livre sur cette période noire.
Voici bientôt deux ans que l’on ne vous a pas revu sur les parquets en match officiel. Une opération du dos vous a coûté votre place dans l’effectif des Grizzlies, où vous aviez trouvé votre place avec un contrat garanti. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Effectivement, ça fait longtemps que je n’ai pas joué à un match officiel. La dernière fois, c’était avec Memphis. C’était dommage parce que je venais d’obtenir un contrat garantie de deux ans. Ça se voyait que la franchise avait confiance en moi. A chaque fois que je rentrais sur le terrain, on faisait de bonnes choses. Mais l’opération au dos était compliquée, j’ai mis du temps à m’en remettre. La franchise a préféré se libérer de mon contrat avant la saison 2022-2023. C’était compliqué, je suis rentré à Spokane (ville où se situe le campus de Gonzaga, NDLR) et j’ai continué ma rééducation toute l’année dernière. Après je suis allé en France avec Christophe Keller pendant deux-trois mois pour continuer ma rééducation et me renforcer vraiment de partout. (Au printemps 2023) J’ai fait beaucoup de workouts avec des équipes NBA, des genres de mini-camps qu’ils organisaient pour les free-agents, en juin. J’étais censé jouer la Summer League 2023 avec Philadelphie et il y a eu des problèmes, je me suis fait un petit truc à l’ischio-jambier pendant mon workout avec OKC, juste avant la Summer League. C’était vraiment pas de bol, juste un mauvais timing quoi. En juillet/août j’ai continué à faire des workouts avec les équipes NBA et il y avait encore d’autres mini-camps. Je les ai vraiment enchaînés. En août, j’ai fait deux-trois semaines d’affilée non-stop tous les jours, donc c’était vraiment dur pour mon corps. Juste avant le training camp 2023 où j’étais, je me suis blessé à la cheville, de la jambe liée à mon problème de mon dos.
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Je me suis blessé au tendon sur le côté de la cheville. Du coup, je n’ai pas pu faire le training camp. Juste avant la saison, c’était vraiment un coup dur, un coup au moral, puisque j’avais vraiment hâte de rejouer. C’était vraiment compliqué, mais bon, je me suis fait opérer, je continue ma rééducation, je continue à ne pas lâcher, à essayer de garder la tête haute, même si comme je l’ai dit c’est très dur mentalement.
Je ne lâche pas, à chaque fois que je reviens, je suis à un bon niveau. Le fait que je sois revenu à un haut niveau après ma blessure au dos et que des équipes se soient intéressées à moi, ça me donne encore de la confiance et me dit de ne pas lâcher. Je me suis refait opérer à la cheville avant la saison et là je continue la rééducation à Gonzaga, à Spokane. Je suis au Japon pour rendre visite à mon père et ma mère qui coachent ici au Japon. Après je vais en France et je vais continuer à me rééduquer avec Christophe (Keller) – parce que l’année dernière j’étais bien revenu -, donc je vais refaire la même chose au CREPS d’Antibes, en espérant que je me remette rapidement.
« Durant l’été 2023, je pense que j’étais à mon meilleur niveau »
L’an passé, Christian Corderas, responsable du centre de formation d’Antibes, a partagé des extraits de votre entraînement avec les U18/U21 des Sharks. Vous étiez déjà apte à rejouer ?
Oui, l’année dernière je suis passé par Antibes pour m’entraîner un peu avec les Sharks, avec Christian. Je pouvais jouer à haut niveau et durant l’été 2023 j’étais à mon meilleur niveau, je pense, un très haut niveau. Le problème, c’est juste que je me suis re-blessé. Donc je vais juste faire la même chose, la même rééducation, travailler sérieusement, faire toutes mes routines et après revenir à un meilleur niveau qu’auparavant. À chaque fois que je reviens de blessure, je suis à un meilleur niveau. Je n’ai pas de soucis sur ça, j’ai juste hâte de rejouer. Je sais que les gens ne m’ont pas vu jouer depuis longtemps, mais moi j’ai vraiment hâte de jouer un match officiel, parce que ça me manque vraiment l’adrénaline (de la compétition).
Dès lors que vous serez apte à rejouer pleinement, par quelles étapes comptez-vous passer dans votre carrière ? Une reprise dans le championnat de France, où joue votre frère Kim, est-elle envisageable ?
Je ne sais pas encore. Mon but est de revenir en NBA. Je sais que j’ai le niveau, les équipes savent que j’ai le niveau. C’est toujours ça mon objectif. Après, ça fait longtemps que je n’ai pas joué. Mon seul objectif est de rejouer. J’ai juste envie d’aller quelque part où j’aurai des minutes et je pourrai reprendre confiance, avoir du plaisir à jouer. Et si la NBA ne marche pas, un retour en Europe est bien sûr envisageable. Avec Kim en Europe, j’ai regardé énormément le basket européen et j’adore le basket européen, donc pourquoi pas. Mais pour l’instant, je ne sais pas du tout.
Échangez-vous avec votre ex-coéquipier de Gonzaga, Joël Ayayi, qui est revenu en France, à Nanterre, cette saison ?
Je parle beaucoup avec Joël parce qu’on est toujours très potes. Je regarde beaucoup de ses matchs en Betclic ÉLITE sur Skweek. Je vois tous les matchs de Kim et de Joël, donc ça fait plaisir de les voir jouer. Quand Kim jouera à Nanterre ce serait pas mal d’aller les voir jouer. Ça fait plaisir de les voir connaître de bonnes saisons.
« J’ai eu des mois plutôt compliqués »
Quels objectifs vous fixez-vous aujourd’hui, à ce stade de votre carrière ?
A ce stade de ma carrière… Je suis encore jeune, j’ai 25 ans, donc l’objectif pour moi, c’est juste de se rejouer au basket. J’ai fait un taf monstrueux sur mon corps, parce que j’ai énormément renforcé mes jambes, et même le haut du corps dernièrement. Pour l’instant, je fais vraiment le travail qu’il faut faire. Il faut juste espérer rester en bonne santé. Quand je joue au basket, je ne pense pas vraiment à mes blessures. Quand je joue au basket, je pense juste à jouer au basket. Le seul objectif maintenant, c’est de rejouer au basket. Et comme je disais avant, c’est de revenir à NBA au bout d’un moment. Mais pour l’instant, c’est juste rejouer au basket.
A Gonzaga, hormis lors de votre saison junior en 2018-2019, vous êtes parvenu à éviter les longues blessures. Ce n’est pas le cas depuis votre début de carrière professionnelle, en 2020. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Conquérant ?
Oui, à Gonzaga, je n’avais pas de grosses blessures, seulement des petites gênes qui m’embêtaient un peu de partout et qui m’ont un peu ralenti. A Memphis, c’est vrai que c’est compliqué d’avoir connu une longue blessure qui m’a sorti des parquets pendant longtemps. A l’époque de celle-ci, j’étais bien, très bien même niveau état d’esprit. Après quand je me suis re-blessé cette année, c’était très compliqué. J’ai eu des mois plutôt compliqués ces derniers mois. Heureusement, j’étais à Gonzaga et j’avais énormément de soutien de ma famille, de ma fiancée, des gens chez les Zags et en France. J’ai quand même eu beaucoup de soutien qui m’ont aidé à garder la tête haute et à me focus (concentrer) sur ce que chaque jour je dois faire, ma rééducation.
De toute façon, je ne peux rien y faire. Le seul truc que je peux faire, c’est garder la tête haute, continuer à venir tous les jours à la salle, en muscu, faire tous les trucs que je dois faire. C’est seulement ce que je peux contrôler donc c’est ce que je continue de faire. Un jour ça va se retourner et je vais revenir, jouer à un très haut niveau. Pour l’instant, je continue juste à faire mon taf et un jour je vais revenir.
Où partagez-vous votre vie actuellement ? Entre Spokane et Antibes ?
Actuellement, je vis entre Spokane et Cagnes-sur-mer. C’est là où j’ai grandi, à côté d’Antibes. J’ai acheté une maison à Spokane récemment. C’est un peu ma base aux États-Unis, avec Gonzaga à côté. C’est top, je peux aller à la salle quand je veux. J’ai des gens qui m’aident énormément, c’est parfait. Et quand je rentre en France, j’ai la maison familiale. Je peux aller à Antibes travailler avec Christophe (Keller) physiquement, avec les Sharks et Christian (Corderas), Benjamin Paviani et Romain Dechant, qui m’aident quand je rentre en France à travailler sur le basket. Donc c’est parfait, j’ai une bonne balance entre les deux. J’ai hâte de revenir et de travailler avec eux.
Quel timing vous fixez-vous pour revenir à la compétition ?
Pour la rééducation, je n’ai pas trop de planning. Je vais aller en France pour quelques mois, continuer ma rééducation et voir où j’en suis. Ça dépendra de comment je me sens. Je ne pense pas qu’il y a un intérêt à vouloir me précipiter et revenir cette saison. Mais bon si je suis à 100% et que je suis apte à jouer, j’essaierai de jouer la fin de la saison. On verra, ça va dépendre de comment je me sens. Sinon ce sera sûrement cet été. On ne se précipite pas et on essaie de bien faire les choses. Comme ça quand je reviendrai je n’aurai pas problème, je serai à 100%.
L’avis de Christian Corderas, responsable du centre de formation d’Antibes : « Quand tu le vois bosser, c’est vraiment exceptionnel »
« Killian, on l’a eu l’année passée avec mon staff au centre de formation, c’est à dire Benjamin (Paviani) et Romain (Dechant). On travaillait parallèlement avec Christophe Keller, le préparateur physique du CREPS PACA, avec qui je travaille sur plusieurs joueurs. Il travaille depuis longtemps avec Killian, de l’époque où il était au centre de formation. Donc, on l’a eu, nous, en parallèle.
Killian faisait des séquences de musculation le matin, du travail technique et du travail de tir avec nous l’après-midi. On a retrouvé Killian en forme, déjà changé physiquement avec une petite prise de poids, une prise de muscles, donc effectivement beaucoup plus fort je pense pour les joutes NBA. J’ai travaillé avec lui sur de la dextérité, de la conduite de balle, du dribble et puis essentiellement bien sûr sur ce qui fait sa force : son tir. On a travaillé le tir sur le spot-up (catch and shoot sans mouvement), surtout quand on avait des grosses séquences de musculation avant. Quand on avait des séquences un peu plus légères, on a travaillé sur du pull-up, du dribble, de la fréquence de pied, du déplacement de la réception etc. C’était vraiment sur une gamme assez élargie pour qu’il retrouve un maximum de sensations.
Quand tu le vois bosser, c’est vraiment exceptionnel. Franchement, il a une qualité de main vraiment incroyable, un sens du panier, une rotation de balle qui est vraiment innée. C’était un plaisir pour nous de bosser avec lui. On l’a remis sur du travail de course, sur du pré-collectif avec un petit peu de surnombre, des oppositions pour aller après sur des workouts avec des oppositions. On est monté en gamme de plus en plus, on a mis la qualité au début pour finir vraiment avec de la quantité, du volume pour qu’il soit prêt après à aller essayer de refaire des workouts.
Après son passage chez nous, je crois qu’il est reparti directement aux États-Unis dans son agence. Il était en forme, il était bien, il était prêt à retrouver le jeu. Ce qu’on espère c’est qu’il puisse dorénavant avoir une opportunité de montrer les progrès qu’il a fait. Effectivement, il a quitté la NBA il y a deux ans, mais il y avait un rôle. Aujourd’hui, je pense que ce rôle, il peut le tenir encore mieux. Il est conscient et il est capable d’avoir vraiment des points forts. Et je pense que s’il arrive à capitaliser sur ça, il redeviendra un joueur NBA très vite. »
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