Jean-Louis Borg, le sorcier varois : « Le HTV de retour en LNB, c’est beau et un peu magique »
La joie de Jean-Louis Borg après le titre du HTV
Jean-Louis, que ressentez-vous après cette saison et ce titre de champion de France NM1 ?
Une grande joie, et une grande satisfaction. Il y a de l’émotion parce que mon club de cœur revient en Pro B ! C’est beau, c’est même plus que beau, c’est magnifique : ce n’était pas du tout prévu. C’est improbable ce qui nous arrive. Il faut vraiment féliciter les joueurs pour tout le travail entrepris depuis le 1er août. Au début, on jouait le maintien, et à juste titre. Mais on a bossé, on a eu une vraie dynamique de groupe. La joie est belle. De voir le Palais des Sports comme ça, c’est un vrai plaisir… Personnellement, je ne l’avais jamais vu comme cela (plus de 4 000 spectateurs pour le match du titre, ndlr). Pour les villes de Hyères et de Toulon, pour le département du Var, pour la région, c’est bien de retrouver le HTV dans la ligue professionnelle.
D’un repêchage in extremis à la montée en Pro B, le HTV vit presque un conte de fées…
Vous savez, ça fait longtemps que je ne crois plus aux contes de fées. Je crois beaucoup au travail, à l’abnégation, aux petits détails, à la vie de groupe, à la dynamique. C’est ça qui nous amène en Pro B…
« C’est vraiment improbable »
Vous êtes un historique du club. Où situez-vous cette soirée par rapport à la montée en Pro A en 2001, que vous aviez déjà vécu en tant que coach ?
Ça n’a rien à voir. C’était une finale en cinq manches contre Roanne, toutes jouées en moins de cinq points. On va gagner à Roanne le droit d’aller en Pro A donc il n’y a pas beaucoup de comparaison à faire. Toujours est-il que cette montée amène beaucoup de fierté parce que tout le monde a grandi, les joueurs en premier. Ils étaient revanchards, ils ne sortaient pas d’une très belle année la saison dernière puisque le club était relégué en Nationale 2. Quand on voit d’où l’on part et où l’on arrive, ça amène beaucoup de fierté et de satisfaction. Merci au président Mathieu Perrymond d’avoir cru en ce projet. J’ai passé 25 ans dans ce club. La seule chose que je vois aujourd’hui est que l’on part de très loin et qu’il y a le Graal au bout. C’est vraiment quelque chose d’improbable. Mais les joueurs l’ont mérité, ils sont allés le chercher. Je suis très fier d’eux.
Vous avez repris le coaching après huit ans de pause. Vous étiez venu voir le HTV lors de son premier match de Nationale 3 contre Montélimar en 2018. Qu’est-ce que cela vous fait de le voir s’extirper enfin du purgatoire ?
D’abord, il n’était pas prévu que je reprenne le coaching. C’était évident lorsque j’avais arrêté à Dijon. Mais franchement, j’avais mal au cœur de voir le HTV en difficulté. Je me demandais comment je pouvais faire pour les aider. Puis les proches, les amis, m’ont tanné pour reprendre. Aujourd’hui, il faut féliciter la famille Dumas qui a fait beaucoup de travail pour reprendre le club dans les moments difficiles. Il y a eu d’autres personnes évidemment, je pense à Vincent Masingue l’année dernière. Tout ça pour revenir en LNB, tout simplement : c’est beau, c’est un peu magique.
« Dès que je me suis remis sur le terrain le 1er août, c’était reparti »
Même après huit ans d’arrêt, les habitudes sont vite revenues sur le banc ?
Dès que je me suis remis sur le terrain le 1er août, c’était reparti… C’est la passion ça (il le répète). Après, il a fallu que je travaille sur des adaptations. Même si je regardais beaucoup de matchs, je ne connaissais pas la Nationale 1, ou le niveau des joueurs. J’ai dû voir jusqu’où je pouvais les amener, avec l’exigence qui est la mienne. L’exigence était claire, elle était défensive : on a construit notre montée là-dessus. Mais faire adhérer des gamins de Nationale 1, de 22-23 ans, à ce projet-là, ça a été un travail de tous les instants. Mais on est récompensés.
Serez-vous encore le coach du HTV en Pro B à la rentrée ?
A priori, oui. Je suis encore sous contrat.
Jean-Louis Borg, la raison n°1 de la montée du HTV ?
La cession des droits sportifs au Paris Basketball, les démissions à des moments inopportuns de Vincent Chetail ou Laurent Sciarra, les fermetures administratives des deux salles de Hyères, la menace de rétrogradation en ligue régionale, la relégation en Nationale 2… Ces dernières années, le HTV a accumulé un nombre faramineux de mauvaises nouvelles. Mais il parait que la roue finit toujours par tourner à un moment donné.
« Une sur-performance au niveau du coaching »
Pour Hyères-Toulon, tout s’est inversé en juin dernier, lorsque Lons-le-Saunier a refusé la montée en NM1, repêchant de fait le club varois, et lorsque Jean-Louis Borg a accepté de signer son retour aux commandes de l’équipe première. Meneur de l’OS Hyères entre 1981 et 1990, il avait ensuite officié sur le banc entre 1994 et 2005, propulsant le HTV de la Pro B vers le Top 10 de Pro A. Ces dernières années, en parallèle de son rôle de GM à Dijon, il tenait un rôle de conseiller dans l’ombre sur les bords de la Méditerranée. Chez lui, là où il est arrivé à l’âge de deux ans…
Novice complet en Nationale 1, il a su apprivoiser un groupe de jeunes loups revanchards et composer avec les multiples blessures ayant frappé l’effectif (Clifford Colimon, Mantyvdas Staniulis, Junior Ouattara, Thibault Daval-Braquet). « Ce qu’il a fait est incroyable et on le remercie 1 000 fois pour cela », applaudit le capitaine Maxim Eugene. Une équipe à qui personne ne prédisait un tel destin, loin, par exemple, des CV rutilants du Tours Métropole Basket, sa dernière victime (92-77 mardi). « Il a construit un groupe à son image : hargneuse, combative, défensive », énumère Vincent Masingue, ancien président du club. « Jean-Louis est un coach exceptionnel, il faut souligner son travail remarquable. Il n’y a pas de gros talent à la base mais une équipe qui arrive quand même à dominer la NM1. On bénéficie d’une sur-performance au niveau du coaching de la part de Jean-Louis qui n’a rien à faire dans cette division. »
Toujours aussi démonstratif
Du haut de ses 60 ans, Jean-Louis Borg n’a absolument pas changé sur un banc, même après huit ans de recul. Contre Tours, il a passé sa soirée à s’agiter, à faire les cent pas, à frémir de colère contre ses joueurs après une fin de première mi-temps mal gérée, à contester les décisions arbitrales douteuses, à exulter à chaque panier, à haranguer le public, etc. Soit la flamme de la passion qui ne s’éteindra jamais pour l’ancien entraîneur de la JA Vichy, heureux comme un gosse au buzzer final, courant directement vers ses joueurs sur le parquet en oubliant la main tendue de son homologue Cédric Heitz. « Si j’ai tout fait pour le faire revenir, c’est parce que c’est un mec qui n’a rien à foutre à la maison sur un canapé », souligne le manager William Dumas. « Il pue le basket. Que ce soit avec des poussins ou en NM1, ça doit être sur un terrain ces gens-là. » Et même en Pro B…
Ce que vient de réaliser Jean-Louis Borg est exceptionnel. Emmener jusqu’au titre de champion une équipe que tout le monde voyait descendre en N2. Et avec quasiment la moitié de l’effectif blessé.
Oui c’est mon ami, mais c’est objectivement l’un des 5 plus grands coaches français https://t.co/6G3eNzLdBp— David Cozette (@DavidCozette) April 17, 2024
À Toulon,
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