ITW Frank Kuhn, un coach français à Prague : « Je porte le désir de réussir à l’étranger »
Frank Kuhn est le coach de l’USK Prague cette saison.
Frank Kuhn fait partie des rares coaches français à être n°1 dans un club de première division étrangère. L’Alsacien, qui s’est fait connaître à haut-niveau en tant que préparateur physique – de l’équipe de France notamment – avant d’être assistant-coach à Limoges et Strasbourg, a signé à l’USK Prague en 2023. Alors que deux tiers de la saison ont déjà été joués, il fait le point avec nous sur son expérience tchèque.
Frank, la mi-saison est passée. Vous êtes 7e du championnat tchèque avec 13 victoires en 30 matches. Pouvez-vous nous dresser un premier bilan de votre saison en tant que coach principal de Prague ? On constate que vous avez joué 30 matches déjà. Comment se fait-il que les matches soient aussi nombreux ?
Pour moi, l’USK Prague était le meilleur choix pour se lancer en tant que coach principal. C’est un club qui possède une solide académie avec de nombreux jeunes joueurs talentueux (21 ans de moyenne d’âge pour l’équipe pro) mais c’est aussi le plus petit budget de la ligue, l’objectif principal pour le club était d’obtenir le maintien en première ligue. Mon challenge consiste à faire gagner de l’expérience à ces jeunes et à rendre l’équipe compétitive. C’est un projet qui m’a plu compte tenu de mon expérience dans le développement des jeunes joueurs. La formule tchèque s’apparente un peu à ce qui peut se faire en Nationale 1 (NM1), à l’issue d’un premier tour de 22 matchs, nous nous sommes qualifiés pour la poule haute (6e, 11 victoires / 11 défaites), ce qui est synonyme de maintien automatique du club en première division. C’est un excellent résultat qui nous a enlevé un peu de pression pour la suite de la compétition. En poule haute nous jouons 14 matchs supplémentaires pour déterminer le « ranking » des playoffs (au meilleurs des sept matchs).
Vous avez semblé célébré un succès en Coupe de Tchécoslovaquie. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce trophée qui s’est déroulé la même semaine que la Leaders Cup ou la Copa del Rey de la Liga Endesa ?
Pour fêter les 100 ans de la création du basketball en Tchécoslovaquie, les deux ligues ont décidé de créer un plateau qui rassemble les 4 finalistes de la coupe de République tchèque et les quatre finalistes de la Coupe de Slovaquie. Nous nous sommes qualifiés pour les demi-finales, ou nous avons été battus par Nymburk (vainqueur de la Coupe), puis en match de classement nous avons battu Decin et remporté la médaille d’argent de la Coupe de République tchèque et la médaille de Bronze de la Coupe de Tchécoslovaquie. C’est un résultat exceptionnel pour nous, qui permet d’offrir deux trophée au club dans le même week-end, suite au succès de l’évènement la Ligue a annoncé son souhait de ré-éditer la formule la saison prochaine.
Pouvez-vous nous dire comment vous, un Français, êtes arrivé à décrocher un poste de coach principal à l’étranger ?
Mon agent français a de nombreux partenaires à l’étranger. Après lui avoir expliqué mon projet de coaching, les contacts ont été pris et le projet USK s’est présenté rapidement.
Comment situez-vous le niveau de jeu / de professionnalisme / d’engouement du championnat tchèque ?
En République tchèque, le niveau de jeu des équipes est souvent corrélé avec la qualité de leur structures et leur niveau de professionnalisme. La ligue semble plus hétérogène que la Betclic ELITE. Je pense que des formations comme Nymburk ou Opava ont le standing de la Betclic ELITE, plusieurs équipes pourraient être compétitives en Pro B, et les plus petites écuries du championnat, dont nous faisons partie, ont des structures comparables à celles de la Nationale 1 en France.
Les récents bons résultats de l’équipe nationale ont-ils changé l’intérêt du basket en Tchéquie ? A Prague, l’équipe féminine joue les premiers rôles en EuroLeague, quel est l’intérêt de la population ? Dans une grande capitale y a-t-il un projet important ? Avec le Slavia Prague, y a-t-il un derby ?
Il y a un véritable engouement pour l’équipe nationale tchèque, les gens aiment le basket et viennent aux matchs, à la salle Folimanka de l’USK. L’équipe féminine de l’USK Praha, où évolue Valériane Ayayi, est l’une des plus performantes d’Europe et c’est une chance de pouvoir voir de l’EuroLeague féminine à Prague. Je pense qu’un projet d’équipe Euroleague masculine à Prague serait un succès, il y a un culture basket, c’est une capitale, il manque une belle enceinte et un beau projet, mais je suis certain que quelque chose se fera à l’avenir. Concernant le derby, le Slavia Prague a créé une équipe de basket il y a cinq ans, il y a donc un petit derby récent, pas aussi populaire que celui du football bien entendu.
Dans votre effectif figure désormais Junior Mbida. Votre ouverture sur les championnats français vous donne un avantage par rapport à vos collègues du championnat ?
C’est vrai qu’à travers mes expériences j’ai tissé un réseau de joueurs, d’agents, de collaborateurs qui m’a permis de faire venir Junior Mbida. On m’a aussi proposé de jeunes joueurs français de Betclic ELITE en quête de temps de jeu, qui, faute de moyens, ne sont pas venus. D’une manière générale, je pense que les agents français sont favorables au fait de placer de jeunes joueurs à l’étranger, dans un environnement nouveau, les motivations et le désir de prouver sont souvent décuplées, le joueur va devoir trouver les clefs pour performer et maturer son jeu.
Quelques mois après Cédric Heitz en Pologne, vous avez signé en tant que coach principal dans une équipe évoluant dans un championnat moins coté qu’en France. Pensez-vous que c’est la voie qui permettra aux techniciens français d’enfin s’exporter à l’étranger, alors qu’ils n’ont jamais été réellement considérés au niveau européen ?
J’ai travaillé avec beaucoup de coachs étrangers en France, mes trois dernières saisons à Strasbourg avec Luca Banchi et Lassi Tuovi, Kyle Milling et Alfred Julbe à Limoges. Autant d’expériences qui ont enrichi ma connaissance du jeu et m’ont permis d’avoir une vision et de définir un style de jeu. Je pense qu’il y a un effet global, c’est-à-dire que le basket se mondialise, il y a de nombreux coachs étrangers en France, et je pense que l’Europe est ouverte à recruter des coachs français. La question est de savoir si les coachs français veulent s’expatrier. Je porte le désir de réussir à l’étranger et de prouver que je suis capable de performer quel que soit le championnat et quelle que soit l’équipe que je coache.
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