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ITW Christian Corderas : « Ma passion, c’est entraîner des jeunes, leur transmettre des choses et avoir un vrai rapport humain »

Le basketball n’a pas été une évidence dans la jeunesse de Christian Corderas et ce malgré le fait que sa mère ait pratiqué ce sport étant jeune. Avant de tâter la balle orange, le natif d’Albertville s’est essayé au ski et au football. Ce n’est que vers l’âge de 13 ans qu’il a bifurqué vers le basket. « Tout est parti de là, se remémore-t-il, mais pour être franc je n’étais pas un très bon joueur ». Ayant commencé relativement tard, sa vision du basket et ses connaissances n’étaient « pas très développées » : « J’avais un retard, aussi bien tactique que technique ». Alors meneur, il était davantage orienté vers la passe que vers le scoring : « J’étais plus tourné vers un jeu collectif où l’équipe se passe la balle et où l’on joue à 5. C’est vraiment ce qui m’a plu dans le basket quand j’étais plus jeune et aujourd’hui c’est ce qui me plait en tant que coach ».

Christian Corderas a alors suivi un cursus classique, comme il le dit lui-même, débutant en tant que joueur, portant ensuite la double casquette de joueur et d’entraîneur pour finalement finir en tant que coach. Cette transition s’est faite assez tôt, alors qu’il n’avait que 17 ans. « J’ai commencé à entraîner des équipes dans les catégories jeunes (U9, U11). Ce n’est qu’un peu plus tard que j’ai commencé à réellement entraîner avec les filles dans le club où je jouais à Albertville. J’étais coach des cadettes et assistant de l’équipe première qui était en nationale ». En parallèle, il a poursuivi ses études de STAPS à la faculté de Grenoble. Un parcours scolaire qui lui a permis de débuter relativement facilement dans le monde du coaching : « Les connaissances théoriques que je pouvais acquérir, je les transférais sur le terrain ». Débuter dans le basket féminin a également été bénéfique pour le trentenaire, car il est parvenu à se rendre compte de ses erreurs rapidement. Erreurs qu’il s’est donc empressé de ne plus refaire par la suite : « Avec le recul, cette expérience dans le basket féminin a été une base de lancement vraiment intéressante ».

Trois ans plus tard, Christian Corderas s’est lancé dans le basket masculin, gérant un pôle cadet / senior à Thonon-les-Bains. Toujours en parallèle, il a pu passer et obtenir ses diplômes, après quoi il s’est réellement lancé à Charleville-Mézières, à 26 ans. « C’est le club qui m’a donné cette opportunité d’être assistant en Pro B alors que j’étais un jeune coach ». Aux côtés de Rodrigue M’Baye, alors entraîneur principal de l’Étoile de Charleville-Mézières, Christian Corderas a connu « une expérience franchement exceptionnelle » et pour cause, « le groupe était vraiment top, avec des joueurs qui bossaient et avec qui j’ai gardé de bons rapports alors que, paradoxalement, les résultats étaient catastrophiques ». À tel point que le club des Ardennes s’est séparé de Rodrigue M’Baye courant 2011. « Rodrigue M’Baye, c’est LE coach à qui je dois tout aujourd’hui. C’est lui qui m’a filé ma chance, avec le président Luc Torres également. Ce sont des personnes qui ont été importantes pour moi ». Assurant l’intérim, Christian Corderas a eu la chance de diriger des matchs avant l’arrivée du nouveau coach, Francis Charneux. Là-encore, Christian se dit extrêmement reconnaissant : « Francis m’a énormément appris sur tout ce qui est management, business etc. C’est un apport exceptionnel quand on est jeune et qu’on ne connaît rien de tout ça ». Les deux entraîneurs avec qui il a travaillé l’ont « beaucoup impliqué dans le projet », si bien que, pour le savoyard, « ça a été une vraie belle aventure avec les joueurs ». Parmi eux, Kris Morlende et Jonathan McClark étaient les leaders de l’équipe. Corey Rouse a par la suite été un joueur majeur en Pro B. Et il y avait également Gary Florimont, qui vient de signer dans l’élite, à Orléans. 

« Ma volonté, c’est d’être entraîneur, je pense que je ne suis pas vraiment fait pour être assistant »

À ce moment là de sa carrière, Christian Corderas prend conscience que ses ambitions sont bel et bien sur le banc, mais pas en tant qu’assistant. « Ma volonté première et ma passion, c’est entraîner des jeunes, leur transmettre des choses et avoir un vrai rapport humain comme j’ai pu avoir à Charleville-Mézières. C’est ça qui m’anime, pas forcément les matchs. C’est bien mais c’est pas ça qui fait que je me lève le matin ». À l’été 2011, sur la Côte d’Azur, Julien Espinosa allait prendre les commandes de l’équipe des Sharks Antibes. Une aubaine pour l’Albertvillois : « Je connaissais Julien et ça s’est fait de manière normale avec des entretiens etc ». Honoré de poursuivre sa carrière dans un club comme Antibes, Christian Corderas dit être arrivé « sur la pointe des pieds, très humblement, dans un monument du basket français ». À l’aube de la saison 2020/21, le temps est venu de faire les comptes : « Je me dis que je vais attaquer ma dixième année, c’est tout simplement super. J’ai essayé et j’essaie encore de donner le meilleur de moi-même ».

(©Sébastien Grasset)

Aux Sharks, Christian Corderas a eu l’occasion d’évoluer aux côtés de différents entraîneurs et cela s’est fait de manière « extrêmement simple » selon lui, que ce soit avec Julien Espinosa, Alain Weisz ou Jean-Aimé Toupane. Depuis le départ du premier, direction l’Élan Chalon, l’équipe professionnelle est dirigée par Nikola Antic, qui vient de rempiler pour deux saisons. « Ça se passe très bien et j’en suis très heureux, avoue Christian Corderas. Quand il est arrivé, il s’est directement intéressé au centre de formation et il a signé des jeunes joueurs. L’année passée, j’en avais six du centre qui s’entrainaient quotidiennement sous ses ordres. Il a fait une analyse de la structure du club. Il a un réel intérêt envers le travail qu’on fournit ». Le technicien serbe fait partie des personnes à qui le natif d’Albertville doit énormément, tout comme les coachs cités précédemment, à Antibes tout comme à Charleville-Mézières. Mais le responsable du centre de formation n’oublie pas ceux qui l’ont entouré au quotidien depuis son arrivée dans le sud de la France. « Quand je suis arrivé, on a monté le projet avec Gérard Louchet, le directeur de centre de formation. Sans lui, rien n’aurait été possible. Depuis, je suis souvent mis en avant et j’aimerais mettre en avant ceux qui font un énorme travail de l’ombre qui n’est pas simple : Yann Molinari, David Morabito (actuel responsable du centre de formation de l’ADA Blois), Jade Sage (actuelle analyste vidéo à l’ASVEL), Benjamin Paviani (adjoint de Christian Corderas) et Romain Dechant (nouvel entraîneur au sein du centre de formation des Sharks ». 

« Mon objectif ultime, c’est que les gamins qui peuvent y arriver passent professionnels »

Entouré par un staff, et des entraineurs adjoints, la tâche de Christian Corderas est loin d’être évidente, car elle s’étale sur plusieurs domaines : « On essaie de faire avancer les jeunes sur le plan sportif évidemment mais aussi sur le plan scolaire et social ». Et pour cause, les jeunes joueurs débarquent en centre de formation à l’âge de 15 ans et en ressortent la vingtaine passée. « On doit aussi en faire des hommes, surtout que pendant cette période, ils voient plus ma gueule que celle de leurs parents ». Éducation, vie en communauté, autonomie, la formation ne passe pas que par le sport pour lequel le coach de 37 ans dit ne faire « que le strict minimum, parce qu’à côté, il y a tous les entrainements invisibles qu’ils doivent gérer de manière autonome comme l’hydratation, la nutrition, les soins, le sommeil etc ».

Saison 2018/19 (©Sébastien Grasset)

L’aspect sportif paraît prendre que peu de place dans le double-projet que mène le centre de formation des Sharks. Le centre étant étroitement lié à un CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performances Sportives), l’intransigeance est de mise quant à l’aspect scolaire : « Un gamin qui ne travaille pas à l’école, il ne reste pas au centre de formation, c’est aussi simple que ça ». Car oui, avoir la cote de manière éphèmère sur les réseaux sociaux ne suffit pas. « Aujourd’hui, j’ai l’impression que les gamins bossent moins que par le passé. On a beau leur expliquer, il y a en qui ne le comprennent pas », et ça a de quoi inquiéter Christian Corderas qui, malgré la patience dont il fait preuve, ne peut aucunement forcer les jeunes à « être honnête envers eux-mêmes et à travailler pour réussir, sur le terrain comme en dehors ».

« Il n’y a que dans le dictionnaire que le talent et avant le travail », c’est avec cette phrase qu’il caractérise comme « bateau » que Christian Corderas souhaite faire passer l’un des messages les plus importants dans la formation. Mais le message ne semble pas convaincre tout le monde : « Des fois, je leur dis cette phrase et je les vois sourire. Je ne dis rien mais dans ma tête, je pense à tous ces gars à haut potentiel que j’ai vu passer et qui ont bossé comme des chiens pour y arriver ». 

Selon lui, l’erreur à ne pas faire mais que tout coach a déjà faite, c’est de parler à ces gamins comme si c’était des hommes alors que ce ne sont encore « que des enfants qui ont des peurs et du stress ». Car souvent, ils arrivent en étant « déjà formés physiquement mais ils ne l’assument pas forcément mentalement ». La limite est tellement fine qu’elle est souvent dépassée.

La Draft NBA 2016 : « Une vraie consécration car j’ai atteint mon objectif ultime »

Parmi les nombreuses générations de joueurs qu’il a vu défiler, Christian Corderas est bien incapable de ne pas parler de Timothé Luwawu-Cabarrot et Isaia Cordinier : « Je suis très proche d’eux et je les entraîne encore ». Son indétrônable plus beau souvenir professionnel n’est autre que la Draft NBA 2016. « J’étais comme un gosse. À mes débuts, je me disais que si j’arrivais à mettre un des jeunes à la Draft, ce serait incroyable. La même année, j’en ai mis deux. Avoir eu l’opportunité de vivre ça de l’intérieur, c’est ma plus belle joie professionnelle. Mais ça a aussi été un stress. La soirée était très longue et dure à vivre. Je pourrais en parler pendant des heures. C’est une vraie consécration puisque j’ai atteint mon objectif ultime. Et puis, c’était une fierté incroyable pour eux ». Et pourtant, ces deux jeunes avaient deux parcours bien différents, presque aux antipodes : « Tim’ est devenu bosseur avec le temps et Isaia est arrivé avec une éthique déjà professionnelle ». Et puis, comment ne pas évoquer Killian Tillie également ? L’occasion de rappeler qu’il est passé par les Sharks : « Quand il était U15 et U16, c’était un délire. On gagne la Coupe de France U17 avec lui, il était injouable. L’été suivant, il est MVP de l’Euro U16. Je suis content d’en parler car on oublie souvent l’année qui précède ce titre ». Et Christian Corderas n’hésite pas à venter le frère Tillie : « Il avait des mains qui ne s’achètent pas, des mains en or et ce malgré quelques petites fragilités ». Pour répondre aux louanges et les remerciements que peuvent lui adresser les joueurs, le savoyard leur renvoie la pareille : « Ces joueurs m’ont appris et m’ont renvoyé énormément de choses que j’ai pu leur apporter par le passé ». 

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Draft NBA 2016 : I.Cordinier, J.Louchet, T.Luwawu Cabarrot, C.Corderas, P.Lecurieux Lafayette (©Christian Corderas)

Tous les ans, des joueurs marquent le trentenaire. Pas forcément pour leur talent, pas forcément les jeunes qui finiront professionnels, mais de ceux qui font preuve d’une mentalité ou d’une éthique de travail irréprochable. « Dans la génération à Tim’ et Isaia, j’ai eu Jean Louchet et Paul Lecurieux Lafayette par exemple qui m’ont marqué parce que ce sont des personnes exceptionnelles et des grands bosseurs ». Et même s’ils n’ont pas intégré le circuit professionnel, leur réussite est indéniable, dans le marketing aux États-Unis pour l’un et dans les études de médecine pour l’autre. 

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Équipe Espoirs des Sharks Antibes, saison 2013/2014

Plus récemment, le formateur pense avoir vu passer un trio de jeunes pour qui l’avenir se veut radieux : « Je pense qu’ils peuvent finir professionnels et aller loin ». Par ce « ils », Christian Corderas pointe les trois jeunes joueurs qui ont intégré le groupe professionnel lors de la saison 2019/20 : Vincent Amsellem, Shawn Tanner et Benedikt Maukner. « Ce sont trois joueurs à potentiel que Nikola peut faire éclore car il croit en eux et en leur talent ». Sans oublier de les pousser encore et toujours à travailler, l’Albertvillois a un mot presqu’affectueux sur le talent de chacun, en commençant par Vincent Amsellem : « Quand je vois le niveau qu’il a déjà à son âge (17 ans), c’est déjà un patron. Les matchs qu’il a joué avec moi en U18 ou en Espoirs, il dominait. C’est un garçon hyper intelligent, qui travaille bien et qui a le sens du sacrifice. Shawn est plus un électron libre. Offensivement, il a des facilités énormes. Il plantait des 35 pions en Espoirs. Il a un talent inné. Beni, poste 5 qui fait 2,10 m, c’est pareil, il a eu une maturité tardive. À 20 ans, il a déjà fait des matchs dans le cinq ».

Épanoui dans ce qu’il réalise, Christian Corderas a pour ambition de poursuivre l’aventure qu’il a débuté au sein du centre de formation d’Antibes, sans pour autant fermer de portes à d’autres opportunités.

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