Fronde autour de la taxe salariale, la LNB nie toute « notion de limite de rémunération »
Par la voix de son directeur général Fabrice Jouhaud, interrogé par L’Équipe, la Ligue Nationale de Basket a indiqué ce jeudi qu’il n’était pas question d’instaurer un plafond salarial en Betclic ÉLITE. Ce n’est pourtant pas ce qui a été rendu public au sein du procès-verbal de la décision du 4 avril, où il était clairement fait mention de l’instauration d’un Salary Cap. Mais ce relevé de décisions a finalement été modifié dans l’après-midi, ne laissant place qu’à la Luxury Tax, Alain Béral ayant plaidé « une erreur » après de l’AFP.« Ce n’est pas un salary cap comme on l’entend dans d’autres sports pros », a indiqué Jouhaud dans les colonnes du quotidien sportif L’Équipe. « Il n’y a pas de notion de limite de rémunération d’un joueur ou d’une masse salariale. L’objectif n’est certainement pas d’entraver le développement des clubs mais d’éviter des déséquilibres qui pourraient devenir irréversibles et dommageables pour le Championnat. »
🔁 Il n'y aura donc bien pas de Salary Cap en #BetclicÉLITE, "seulement" une Luxury Tax.
📄 Le procès-verbal du Comité Directeur de la LNB réuni le 4 avril a été modifié, avec la suppression de la mention du Salary Cap.
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— BeBasket (@Be_BasketFr) April 13, 2023
La LNB instaure un plafond salarial : Salary Cap et Luxury Tax pour tous en Betclic ÉLITE
En revanche, l’objectif est bien de proportionner la masse salariale selon le budget de chaque club. Traditionnellement, cette part tourne autour d’un tiers. Mais pas pour l’AS Monaco, qui a atteint des records avec une masse salariale qui représente 52% de son budget (10,8 millions sur 20,7 millions). Derrière, même si les chiffres de l’ASVEL (27%) sont très douteux en raison des sanctions infligées, aucune autre équipe ne dépasse les 36%. Jusqu’à la fin de la saison 2025/26, une taxe de pénalité sera bien en vigueur en cas de dépassement du plafond.
Un droit d’accès au championnat déjà 272% supérieur
à celui des autres clubs pour Monaco
Entamé en 2014 au moment de l’accession de la Roca Team en Pro B, avec d’abord un refus de droit d’accès en Pro B qui avait duré tout l’été, les négociations entre la Roca Team et la LNB se sont enlisées depuis plusieurs mois. Alors que les autres clubs sont de plus en plus agacés par les avantages fiscaux du système monégasque, l’AS Monaco a déjà dû payer cette saison un droit d’accès supérieur de 272% à ceux de ses concurrents : soit 472 440€, contre 127 000€ pour les 17 autres équipes. En date du 4 novembre 2022, le Comité Directeur de la LNB avait préconisé un rapprochement avec la direction de la Roca Team avec l’objectif de trouver un accord sur le montant du droit d’accès pour la saison 2023/24, avec la nécessité de le trouver « au plus tard en mars 2023 ». À défaut, la ligue estimait que celui-ci serait déterminé de manière unilatérale par son Comité Directeur. Cinq moins plus tard, les parties ne sont pas parvenues à un terrain d’entente et cette Luxury Tax vise, en partie, à contrebalancer les avantages, jugés iniques, de Monaco. Contacté, le club de la Principauté ne souhaite pas encore s’exprimer.
Une avalanche de réactions négatives
Votée à l’unanimité par les membres du Comité Directeur de la LNB (qui regroupe des clubs comme l’ASVEL, Gravelines-Dunkerque, Strasbourg, Dijon, Le Mans, Saint-Chamond ou Denain), cette mesure est vivement contestée depuis sa révélation ce jeudi matin, avec la crainte d’un nivellement par le bas, résumé par l’ancien challandais Jordy Barham. « Je comprends la volonté d’équité mais Monaco est Golden State version LNB. Ils ont amené tellement d’attention et d’intérêt autour du championnat que cela serait vraiment dommageable si leurs gros joueurs n’étaient finalement inscrits qu’en EuroLeague à cause de cela. » Plus gros salaire de l’histoire du championnat avec ses deux millions annuels, Mike James préfère en sourire. « Je me sens un peu concerné lol », a tweeté la star de l’AS Monaco, vite rejoint par son dauphin au classement des joueurs les mieux payés, Jordan Loyd. « Pourquoi vouloir tenter d’arrêter la progression de la ligue ? Cela ne concerne pas que mes coéquipiers et moi. » D’autres comme Matt Morgan, Benjamin Sene, Matthew Strazel, Steeve Ho You Fat, Giovan Oniangue ou Kyle Allman ont également exprimé leur circonspection au mieux, leur rejet au pire. « C’est ridicule », affirme ainsi l’arrière parisien. « Je pense qu’on vient encore d’inventer un truc qui va faire l’unanimité contre lui », a ajouté Romuald Coustre, le GM du BCM Gravelines-Dunkerque, alors que son président Christian Devos fait justement partie de ceux qui ont voté en faveur de la décision. Enfin, même à l’étranger, les gros joueurs tricolores réagissent. « Vous devez faire mieux pour le basket français », a écrit directement Isaïa Cordinier (Virtus Bologne) à la LNB, pendant que Vincent Poirier (Real Madrid) ironise : « Limiter le développement du basket français, très bonne idée », avec un smiley levant les yeux au ciel. Et même Ivan Ljubicic, ancien tennisman n°3 mondial, y est allé de son message. « Ils sur-réagissent. Si la Roca Team gagne 10 titres d’affilée, d’accord, mais cela est juste une réaction de panique. »
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