De la NM1 au champion d’Europe, la transition inattendue de Valérie Garnier : « Un choix qui s’imposait »
Le mercredi 23 août, à peine une semaine après avoir repris l’entraînement avec Tours (NM1), Valérie Garnier (58 ans) se trouvait à l’autre bout du monde, à Manille, quand son destin a basculé. Destin personnel, en devenant la sixième française admise au Hall of Fame FIBA (« un rêve éveillé et un immense honneur que je n’aurais jamais pu imaginer », a-t-elle glissé lors de son discours d’intronisation), et destin professionnel, en recevant un coup de fil du Fenerbahçe Istanbul afin de succéder à Marina Maljkovic.
Soit un dilemme, mais pas trop non plus, au regard de l’envergure du club stambouliote, nouvelle superpuissance du basket continental, champion d’Europe en titre. « Je n’ai pas trop eu le temps de me poser la question », a-t-elle retracé jeudi dernier à l’Astroballe, après avoir remporté la SuperCoupe d’Europe contre l’ASVEL (109-52). « Je suis rentré le dimanche soir des Philippines pour faire mes valises le lundi à Tours, conduire le mardi dans le Sud de la France afin de prendre l’avion deux jours après pour Istanbul. Ça a été un choix difficile mais c’était un choix qui s’imposait. Revenir dans le basket féminin, au sein du meilleur club d’Europe, était une opportunité. Ça n’a pas été facile de lâcher mes garçons (à Tours) mais ça ne pouvait pas se comparer. J’ai déjà travaillé pour le Fenerbahçe par le passé et c’était déjà un club de cœur pour moi. »
« Tours, une bouffée d’oxygène incroyable »
Toujours est-il que la Choletaise a vécu son départ de Tours comme un déchirement, elle qui avait eu les coudées franches pour construire un groupe à son image, s’investissant longuement pour convaincre certains joueurs réticents à l’idée de descendre d’un niveau de s’engager au TMB, à l’image de Théo Leon, qui n’a jamais caché avoir accepté de signer en NM1 pour le discours de Valérie Garnier. « Je les ai regardé jouer, j’avais fait une très belle équipe », glissait l’entraîneure la semaine dernière dans un sourire, lorsqu’on évoquait le bilan immaculé, à l’époque, du TMB.
Signée en décembre 2022 par Tours, après avoir espéré en vain un poste en EuroLeague féminine et vu la porte du Galatasaray se refermer sous ses yeux, Valérie Garnier a vécu une expérience rafraîchissante à la tête des Knights. Sportivement, tout s’est bien passé avec un redressement du TMB, à créditer d’un bilan de 14 victoires en 21 rencontres sous sa tutelle. Et puis, surtout, elle a découvert un nouveau monde, le basket masculin, qui lui a permis d’adoucir les cicatrices nées de la fin de son mandat avec l’équipe de France (2013/21), entre un relationnel compliqué avec certaines joueuses et le non-renouvellement de son contrat par la fédération. « Ces six mois à Tours ont représenté une bouffée d’oxygène incroyable », admet la quadruple vice-championne d’Europe et médaillée olympique. « Il y a aussi eu le plaisir d’accomplir ce que j’ai toujours rêvé de faire dans le basket féminin. C’est à dire jouer à très haute intensité, avec tout qui va plus vite, tout qui va plus haut, tout qui est plus fort, tout qui est plus puissant. En fait, j’ai adoré… Si ce n’avait pas été le Fenerbahçe, je serais toujours à Tours aujourd’hui. »
Objectif EuroLeague
Débarquée du club stambouliote en 2019, malgré deux titres de champion de Turquie, à la suite d’une élimination prématurée en EuroLeague (dès les quarts de finale face à Prague), Valérie Garnier va retrouver la compétition reine ce mercredi, avec un premier match contre Valence. Aperçue à deux reprises au Final Four lors de son époque berruyère (troisième en 2013 et quatrième en 2014), l’ancienne joueuse de Mirande, Aix-en-Provence et Strasbourg aura une mission claire avec le Fenerbahçe : signer le doublé continental.
Un but évident lorsqu’on possède un tel effectif avec des stars comme Emma Meesseman, Natasha Howard, Kayla McBride, Napheesa Collier, etc, en têtes d’affiche. « Il n’y a pas que nous », tempère celle qui est assistée à Istanbul par Camille Aubert. « On est plusieurs à vouloir l’EuroLeague. C’est un championnat compliqué, je suis bien placée pour le dire pour l’avoir souvent joué, mais j’ai la chance d’avoir une équipe compétitive. Quand on est au Fenerbahçe, c’est pour gagner des titres. Quand vous ouvrez la porte du vestiaire, il y a une pancarte représentant tout le palmarès du club : une EuroLeague, 17 titres de champion de Turquie, 13 Coupe de Turquie et 12 Coupe du Président. Dessous, c’est marqué : « à continuer »… Le message est envoyé. La culture de la gagne fait partie de la vie de ce club qui veut toujours être dans l’excellence. L’objectif est de tout gagner à chaque fois. » On n’en attendrait pas moins d’une Hall of Famer…
À Villeurbanne,
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