De la galère limougeaude à une « fierté de ouf », la belle émotion de Mathieu Wojciechowski (Fos)
Mathieu Wojciechowski a éclaté en sanglots après le maintien de Fos
À force, Fos-Provence va bien devoir ériger une statue à Mathieu Wojciechowski (2,03 m, 31 ans). Il y a deux ans, le club des Bouches-du-Rhône avait déjà dû son maintien à l’ailier franco-polonais. Sauf qu’à l’époque, il jouait pour Le Portel et s’était vu siffler une faute technique à 0,5 seconde de la fin du dernier match (à 79-79) pour franchissement de la ligne en tentant de contester la remise en jeu de Jamar Diggs.
La victoire de Fos (et donc son maintien et la descente d'Orléans) s'est décidée par cette faute technique à 0,5 seconde pour franchissement de ligne… pic.twitter.com/VlgXivmUOa
— Yann Casseville (@Kasvilovic) May 17, 2022
Vendredi, Mathieu Wojciechowski (19 d’évaluation) a récidivé, mais sous les bonnes couleurs cette fois. Leader émotionnel de Fos-Provence depuis son arrivée en janvier, l’ancien joueur du Limoges CSP a pris les choses en main lorsque le bateau tanguait dangereusement à -6 à moins de trois minutes de la fin d’une finale improvisée pour le maintien contre Angers (75-72) : un tir primé dans le corner, pour revenir à 64-67, deux lancers-francs puis le and one (généreux ?) quasi décisif à 43,9 secondes du buzzer final (72-70). De quoi sauver Fos-Provence d’une catastrophe industrielle… Suffisant pour ensuite se laisser gagner par l’émotion.
⚡️ Avec 8 points dans les trois dernières minutes, Mathieu Wojciechowski a été le héros du maintien de Fos en #ProB.
🗣️ "Il s’est passé trop de trucs cette saison : j’ai galéré à Limoges, à y pourrir ma santé, pour finir sur une fierté de ouf !"
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— BeBasket (@Be_BasketFr) May 12, 2024
« Il s’est passé trop de trucs cette saison ! »
Mathieu, on vous a vu pleurer après le buzzer final. Que représente ce maintien à vos yeux ?
Tellement de choses ! C’est dur de trouver les mots… La saison a été vraiment dure pour moi, entre le début à Limoges, où tout était un peu voué à l’échec, mes deux mois de chômage, et mon arrivée ici. Rémi (Giuitta) m’a donné un rôle important, alors qu’il y avait vraiment un gros job à faire. On est vraiment parti de loin, j’aimerais bien voir combien de matchs de retard on avait sur Angers à l’époque (seulement un, mais quatre sur Évreux, l’autre relégable, ndlr). Mais on a réussi ! À la fin, j’ai mis les petits tirs pour passer devant, peu importe si j’ai eu de la chance : tout le monde m’a fait confiance, j’ai donné tout ce que j’avais à donner. Je suis fier de nous en tant qu’équipe car on aurait pu abandonner. On a eu des moments de galère, des blessures : Tim (Crusol), Damien (Bouquet)… C’est tout à notre honneur. C’est un match dur à jouer car c’est bizarre de se dire que l’on joue une finale pour qu’une équipe descende. En face, ce sont des pros, des mecs qui font leur taf du mieux qu’ils peuvent. C’était un mélange bizarre d’émotions. Mais c’est le sport, c’est blanc et noir, aujourd’hui c’est nous qui restons en Pro B !
🥲 Les larmes de Mathieu Wojciechowski : Fos assure son maintien en #ProB in extremis, après avoir été mené de 6 points à la 38e minute. pic.twitter.com/0i09E5UOIL
— Alexandre Lacoste (@Alex__Lacoste) May 10, 2024
On vous sent très ému…
Je fais ce sport parce que je l’aime ! Je le fais depuis tout petit parce que mes parents m’ont mis là-dedans. Il y a des hauts, des bas, c’est difficile parfois. On a connu des défaites très compliquées cette saison : Boulazac, Poitiers, j’en suis ressorti avec la haine, impossible de dormir. Et des victoires comme La Rochelle qui donnent le sourire. Toute l’année, c’était un roller-coaster, les montagnes russes. C’est une fierté de ouf parce que Fos-Provence est un club emblématique du basket français, ils sont en LNB depuis 15 ans. Ça fait partie des petits bastions du basket. Ils nous ont confié une mission, on l’a réussi et il faut en être fier.
L’émotion, c’est parce qu’on met notre corps tous les jours sur la ligne : tu ne sais jamais si ça peut être ton dernier entraînement parce que tu pourrais te péter un croisé. C’est un éternel recommencement tous les jours. Là, c’est la fin d’une saison, avec un objectif réussi, donc c’est magnifique ! L’histoire est belle, on se souviendra de ce vendredi 10 mai 2024 : on est bons derniers, on saute sur la dernière chaise musicale, au dernier soir, au dernier moment… On était à -6, on aurait encore pu abandonner. On peut juste être fiers de nous.
Pour le clin d’œil, c’est la deuxième fois que vous offrez le maintien à Fos-Provence mais cette fois…
(il coupe en rigolant) Du bon côté ! Cette action, je ne vais pas l’oublier. Et cette saison non plus. Je devais ça personnellement à Rémi. Je suis quelqu’un de très reconnaissant. J’ai beaucoup de respect pour sa carrière, pour tout ce qu’il a construit depuis quelques années. Je peux partir en vacances l’esprit tranquille, avec le sourire, en me disant que la maison est au bon endroit. Il faut que je débranche là, il s’est passé trop de trucs cette saison : j’ai franchement galéré à Limoges, à y pourrir ma santé, mais là je finis heureux, sans la boule au ventre que j’avais toute la journée !
Propos recueillis à Fos-sur-Mer,
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