Catastrophe avérée pour l’Élan Béarnais : rétrogradation confirmée !
Près de trois semaines après le refus d’engagement de l’Élan Béarnais, la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion des Clubs Professionnels (DNCCGCP) s’est de nouveau réunie ce lundi suite au retour gracieux formulé par l’Élan Béarnais. Le patron américain David Otto y était allé plein d’espoir en fournissant deux nouveaux éléments majeurs relate Sud Ouest : un extrait de compte de la Seattle Crédit Union crédité de 981 258 € en date du 6 juillet 2022, et 948 214 € d’actifs en cryptomonnaie. Mais le couperet est tombé, aux allures de deuxième déflagration, aux conséquences sûrement de plus en plus irréparables. Saisie en appel, le gendarme financier de la LNB n’a pas cru aux preuves apportées par l’EBPLO et a maintenu ses sanctions exprimées en première instance. Soit une rétrogradation, au mieux, en Nationale 1.
« SNCF will survive »
Quelques minutes après l’annonce, nos confrères de France Bleu Béarn Bigorre ont publié un autre document que Counterpointe Sports Group, propriétaire du club, aurait fourni à la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de gestion (DNCCG) avec les différents créanciers de l’Élan Béarnais. Au milieu des multiples « they can wait », une façon de souligner que les paiements ne sont pas imminents, une dette semble plus urgente que les autres, celle à la fédération, soulignée d’un « need to pay = federation basketball ». Y figure également une embarrassante mention : 58 200 euros réclamés par SNCF Voyageurs, accompagnés d’un « SNCF will survive ». Des dizaines de postes de dépense, auxquels il convient d’ajouter les 800 000 euros que CSG n’a jamais payé à la mairie de Pau.
L’Agglomération continue d’espérer des repreneurs
Désormais plus que jamais au bord de l’état de mort clinique, l’Élan Béarnais dispose désormais de dix jours pour faire appel auprès de la chambre fédérale. Et même si celui-ci est infructueux, il restera alors un ultime recours, avec une conciliation auprès du CNOSF, avec l’infime espoir que celui-ci ne déjuge la ligue et la fédération. Pendant ce temps, de nombreux clubs comme Orléans ou Rouen restent dans l’attente de l’inévitable jeu des chaises musicales.
Ancienne entité majoritaire de l’EBPLO, l’Agglomération de Pau (présidée par François Bayrou) n’a pas tardé à réagir, soufflant sur la flamme de l’espoir d’un projet de reprise afin de sauver le club. « La décision des instances nationales de Basket était prévisible dès l’instant que des garanties nouvelles n’étaient pas apportées par les propriétaires américains. L’étape qui s’ouvre maintenant est la recherche d’éventuels investisseurs qui pourraient proposer de reprendre le club. Un certain nombre d’entre eux se sont proposés mais il reste à vérifier la solidité des plans qu’ils pourraient présenter. Naturellement, il faut le faire vite parce que d’éventuels recours ou appels doivent intervenir dans un délai très bref. Bien que n’étant pas parties prenantes dans le club, la Ville et l’Agglomération sont assez attachées aux patrimoines sportif et culturel que représente l’Elan Béarnais pour apporter notre soutien à des solutions robustes. »
Sud Ouest émet l’hypothèse d’un projet franco-luxembourgeois, porté par l’entrepreneur mosellan Sylvain Bonnet, PDG de NL International, une société spécialisée dans les produits lyophilisés et diététiques, avec l’ancien ministre des Sports Thierry Braillard qui œuvrerait en coulisses. Au moins, rien ne sera plus néfaste que CSG et le tout-Pau plaide pour un repreneur, quel qu’il soit.
Un monument rayé de la carte en à peine un an…
Passé sous pavillon américain en juin 2021 avec des promesses d’un avenir sportif chantant accompagné d’un obscur projet environnemental et immobilier, l’Élan Béarnais a vécu une saison historique sur le parquet, avec un trophée (Coupe de France) et une demi-finale de playoffs. Presque une saison à crédit puisque le club a accumulé un déficit estimé entre deux et trois millions d’euros, sur un budget prévu de 7,8 millions. Les premières alertes ont commencé à surgir début mai, lorsque furent révélés les problèmes de retards de paiement des salaires et le départ du GM Tom Huston, sur fond de tensions internes. « Quand j’ai mis Pau et CSG en relation, je leur ai expliqué ce qui en fait un club spécial, l’histoire, qu’il fallait s’adapter à la culture et aux gens », racontait l’actuel directeur général Taqwa Pinero à La République des Pyrénées le mois dernier. « Tom Huston ne participait pas à ces discussions. Ensuite, j’ai été mis à l’écart du projet. Oui, ça avait l’air bien du point de vue américain, c’était impressionnant, mais j’ai aussi vu la déconnexion entre CSG et Pau. Selon moi il y avait un manque de respect de la part de M. Huston. A partir de là, on pouvait voir le projet reculer au lieu d’avancer. […] La plus grande erreur c’était d’abord de ne pas travailler aux liens avec les gens, comprendre Pau, sa culture. Ici, ce n’est pas Paris. Il pensait différemment et c’est vite devenu difficile. Il s’est mis dans une position où il faisait des promesses qu’il ne pouvait pas tenir. C’est pour ça que je suis là, pour réparer le plus de choses possibles. »
Mais la gestion était globalement hasardeuse depuis le début, à l’image de l’histoire rocambolesque de la fausse lettre d’intention à l’intention de François Bayrou, rédigée par Taqwa Pinero et signée par ses soins aux noms de Rick Pitino et Jamal Mashburn sans leur accord ! Le cas Sadio Doucouré est un autre exemple symptomatique : engagé au cours de l’été 2021 avant de voir le club lui fermer la porte au nez, l’international malien a gagné le procès aux prud’hommes et Pau-Lacq-Orthez a été condamné à lui verser l’intégralité de son salaire, plus 15 000 euros d’indemnités. Parallèlement, CSG s’est tapé sur le ventre en évoquant une « première mondiale », par la voix de Greg Heuss, au sujet des tokens, soit l’ouverture de son capital au public via l’acquisition de ces actifs numériques. Mais les heureux propriétaires de tokens ne sont plus si heureux que cela puisque La République des Pyrénées indiquait que les quelques 500 acheteurs (pour 400 000 euros souscrits par CSG) ne voyaient toujours rien venir…
En à peine une année, CSG a réussi les improbables accomplissements de perdre toute crédibilité, alors qu’ils étaient arrivés avec l’ambition de faire de l’Élan Béarnais un laboratoire de leurs ambitions NBA, et surtout de rayer de la carte un monument du basket tricolore, nonuple champion de France (troisième club le plus titré). Les Américains quitteront sûrement Pau aussi rapidement qu’ils y sont arrivés. Mais quand le basket de haut niveau y reviendra-t-il ? La lutte pour la survie de l’Élan Béarnais n’est pas terminée, mais l’avenir s’est soudainement obscurci…
Commentaires