Blois dans le dur : « On n’est pas dans le combat d’une équipe qui veut se maintenir »
« Ce qui est pris n’est plus à prendre », disait Mickaël Hay après un succès étriqué contre Fos-Provence le 8 octobre, soir où Blois trônait en tête de Betclic ÉLITE, fort de ses quatre victoires d’affilée. Le technicien blésois ne croyait certainement pas si bien dire. Depuis cette série initiale, l’ADA présente le pire bilan du championnat (13 défaites en 15 matchs) et c’est uniquement grâce à cette entame tambour battant que le promu n’est pas largué dans la course au maintien. Qu’il est curieux de constater à quel point le paysage a changé sur les bords de Loire, d’un match contre les BYers à l’autre… À l’époque, les Blésois nageaient en plein rêve, avec une page de L’Équipe comme symbole de leur début de saison idyllique. Vendredi, à Parsemain, les mines étaient déconfites après avoir perdu le match de la peur (73-77). « On aurait aimé écarter Fos de la course pour mieux respirer. Or, ils sont de retour et cela va rendre les choses plus intéressantes », ironise Jaime Smith.
« À 4-0, on avait le sentiment que l’on pouvait jouer en EuroLeague »
L’ancien meneur de Sassari sait d’ailleurs quand tout a tourné dans le mauvais sens pour l’ADA. Cela remonte « à la blessure du grand Brice (Dessert) ». Opéré de la cheville en novembre, le jeune pivot présentait effectivement une rentabilité remarquable lors des quatre premiers matchs (6,3 points à 77% et 3,3 rebonds en 15 minutes de moyenne). Ensuite, il a joué 3 minutes contre Dijon, 7 à Levallois, et plus rien. « Je crois vraiment que cela a été un tournant, son absence nous a beaucoup affectés », répète-t-il. Depuis, qu’il y ait un lien ou non, Blois se débat dans le vide et la situation commence à peser. « Gagner seulement deux matchs en presque quatre mois, c’est vraiment difficile à vivre », souffle-t-il. « Il ne faut pas que l’on se concentre que sur Pau ou Fos, je pense que nous sommes capables d’embêter des équipes bien mieux classées. Il nous faut juste une petite série pour inverser notre dynamique. On en a besoin pour notre confiance collective. Quand nous étions à 4-0 en début de saison, que l’on battait l’ASVEL, on avait le sentiment que l’on pouvait jouer en EuroLeague (il rit). Notre confiance était vraiment à ce niveau-là. Et maintenant, c’est l’exact inverse. »
Pourtant, en 2023, l’équipe de Mickaël Hay donnait vraiment l’impression d’être reparti du bon pied avec plusieurs performances encourageantes, comme ces combats livrés au Mans et à Cholet, et ce succès autoritaire contre l’Élan Béarnais (107-93 le 15 janvier). Mais dans un vrai match à pression, les pensionnaires du Jeu de Paume se sont écroulés, mangés dans l’intensité par les sur-athlètes fosséens (21 rebonds à 47 !). L’ADA a aussi payé l’absence de ses cadres : à eux quatre, Thomas Cornely, Paul Rigot, Robert Johnson et l’icône Tyren Johnson ont cumulé 9 points à 2/17 ! « Il fallait que certains joueurs soient bien meilleurs que cela », ne cache pas l’entraîneur. Mais cela ne résume pas entièrement les défaillances blésoises. Si Amadou Sow a été l’arbre cachant la forêt d’un point de vue offensif (31 points à 11/17), permettant notamment à son club de préserver le panier-average sur un dernier tir primé, le rookie malien a aussi incarné les manques de l’autre côté du parquet, trop faible défensivement. « Pour l’instant, nous sommes trop softs mentalement et physiquement », regrette Mickaël Hay. « On savait que ça allait être un match âpre, très physique, mais ce sont eux qui ont avancé sur nous. Il faut être meilleur que cela : nous ne sommes pas dans le combat d’une équipe qui veut se maintenir. Ce que l’on fait est insuffisant. Dès que l’on nous rentre dedans, on est en difficulté. Défensivement, cela part de l’individu. Tous les ballons qui traînent par terre n’ont jamais été pour nous par exemple… Notre saison est vraiment bizarre. »
Au moins, il y a l’état d’esprit…
Si Blois est un néophyte dans l’élite, reste que le club a l’expérience de ce type de situation. Pas plus tard qu’en janvier 2022, après un début parfait (4 victoires en 4 matchs, tiens tiens), l’ADA avait craint pour sa survie en Pro B, du propre aveu du président Seignolle, avec une série de sept revers en neuf matchs, mais avait su inverser la dynamique, jusqu’à valider sa montée en première division. Cette saison, le groupe est différent mais demeure sain humainement, selon Jaime Smith, un premier ingrédient déjà primordial pour ce genre de sauvetage. « Même si nous avons énormément perdu ces derniers temps, je suis heureux de voir que notre équipe reste soudée. Dans la plupart des cas similaires, les groupes se disloquent. Ce n’est pas facile mais on veut gagner et on reste ensemble, tout le monde veut faire en sorte que ça fonctionne. Si l’on arrive à lancer une petite série de deux victoires, je pense que cela changera tout. » Tout un programme lorsqu’on n’a justement remporté que deux matchs en 111 jours…
À Fos-sur-Mer,
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