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Aaron Cel, le treizième Français des quarts de finale

Né et domicilié en France jusqu'à ses 24 ans, Aaron Cel vit une histoire fantastique avec l'équipe de Pologne. Mercredi, l'Orléanais participera à un quart de finale d'EuroBasket contre la Slovénie. Gros plan sur le treizième tricolore en lice pour le titre de champion d'Europe 2022.
Aaron Cel, le treizième Français des quarts de finale
Crédit photo : FIBA

Quand Terry Tarpey vient prendre place en terrasse du Sheraton Hotel à la table voisine de la nôtre, Aaron Cel sourit. « Tu vois, lui non plus n’était pas forcément destiné à être un si bon joueur dans un EuroBasket, ça prouve qu’il faut toujours y croire. » Car oui, fut un temps où Aaron Cel (2,03 m, 35 ans) semblait s’enliser en Pro B, trop souvent embêté par des pépins physiques à Boulazac (5,8 points à 48% et 2,9 rebonds), au cours d’une saison 2009/10 qui était pourtant censée « le faire décoller ». Soit un ticket direct pour une carrière entière dans le costume de joueur de rôle en seconde division ? Douze ans plus tard, bien loin de l’intérieur anonyme qui avait terminé son passage au BBD par sept rencontres sans saveur (1,7 point et 2 rebonds après son retour de blessure), il s’apprête à croiser le fer avec la Slovénie au cours d’un quart de finale de championnat d’Europe. « Honnêtement, je n’aurais jamais cru que tout cela pourrait m’arriver », glisse-t-il.

Leader de la génération 87 des Bleus avec Nando De Colo

Aaron Cel, c’est l’histoire d’une double culture exploitée à son maximum. Celle d’un gamin né à Orléans, d’une mère polonaise et d’un père franco-polonais, « élevé à la polonaise en parlant polonais », ayant commencé le basket à l’ABC Saint-Jean-de-Braye, ensuite formé au Mans sous les ordres de Philippe Desnos (« il prend sa retraite, un gros bonjour ! »), sacré champion de France avec le MSB de Vincent Collet en 2006 dans le costume de l’Espoir qui rentre une fois que le match est plié et qui su prendre la meilleure décision de sa vie après avoir failli se casser les dents dans le monde professionnel. « J’ai un peu pataugé en Pro B alors que je pensais n’y rester qu’un an. » De fait, en 2011, le Loirétain choisit de s’émanciper, direction le PGE Turow Zgorzelec. « Le coup parfait, ça m’a fait décoller », se félicite-t-il encore aujourd’hui. « En fait, Aaron a toujours eu un talent de fou », indique Abdoulaye M’Baye, son ami d’enfance. « Dès ses années minimes à Orléans, on voyait que c’était un joueur élégant. Mais aller à l’étranger lui a permis d’ajouter de la dureté à son talent. J’étais allé le voir jouer un match amical contre Ostende à l’époque et ce nouvel aspect de son jeu m’avait marqué. » Ainsi, en EuroCup et en PLK, Cel brille immédiatement et tape dans l’œil du plus grand club du pays, Zielona Gora. « Je me retrouve dans le cinq de départ en EuroLeague. Deux ans avant, j’étais en Pro B… C’est extraordinaire ! »

Une aubaine pour la fédération polonaise qui observe d’un œil intrigué ce joueur binational, auparavant inconnu de leurs radars, régner sur les raquettes locales (11,1 points à 54% et 7,5 rebonds en 2012/13). International français dans toutes les catégories, leader de la génération 1987 lors de l’EuroBasket U20 en 2007 (14,4 points à 57% et 4,4 rebonds), Aaron Cel sait que son avenir sous le maillot bleu est obstrué par les présences imposantes de Boris Diaw et Florent Piétrus à son poste 4. Alors, la Pologne lui offre une perspective d’expression sur la plus grande scène internationale. « L’arrivée d’Aaron, en 2014, fut déterminante dans notre construction d’équipe », se rappelle l’ex-sélectionneur Mike Taylor, désormais reconverti en tant que commentateur pour la FIBA. « Il est très rapidement devenu un joueur clef pour nous. »

Aux bons conseils de Nicolas Batum

À tel point que le Franco-Polonais compte désormais plus de 100 sélections sous le blason frappé de l’aigle, et des souvenirs en pagaille. Ce France – Pologne à Montpellier lors de l’EuroBasket 2015 où Mike Taylor le lance dans le cinq de départ pour la première fois, ce huitième de finale face à l’Espagne la même année où le plan anti-Pau Gasol (majoritairement basé sur les coudes de Marcin Gortat) a fonctionné à la perfection jusqu’à ce que le légendaire pivot catalan ne fasse tomber la foudre à trois points, cette Coupe du Monde 2019 (la première depuis 1967 !) conclue à la huitième place et par un accueil de champions au retour à l’aéroport… Et prochainement, il faudra ajouter cet EuroBasket 2022 à la liste, avec le premier Top 8 européen depuis 1997. « Cela peut sembler bizarre vu de France où l’on empile les médailles mais nous sommes en train de vivre les années dorées du basket polonais en ce moment. Il faut se rendre compte de ce que nous sommes en train de faire : nous n’avons ni joueur NBA ni joueur EuroLeague. On accomplit quelque chose d’extraordinaire, plus qu’inespéré pour nous. »

Si inespéré qu’Aaron Cel et ses coéquipiers s’interdiraient presque de rêver, à l’heure de défier Luka Doncic et la Slovénie pour une place dans le dernier carré. « Pour moi, il est actuellement le meilleur joueur du monde. On espère déjà réussir à les embêter et si on y arrive, on serait très contents. On aura besoin de l’aide des Dieux du basket, il faudrait que toutes les planètes s’alignent pour que l’on gagne d’un point. » L’ancien intérieur de Brest a quand même reçu un coup de pouce un peu plus rationnel : dimanche soir, son ex-compère du centre de formation manceau Nicolas Batum l’a appelé pour le féliciter puis la conversation a ensuite dérivé sur les meilleures façons de stopper Doncic. «  S’il y a un mec qui peut donner des conseils sur la façon d’arrêter la Slovénie, c’est bien lui », rigole-t-il.

« C’est fou de se dire que j’ai écrit l’histoire du basket polonais ! »

Treizième Français des quarts de finale (« mais j’ai eu peur d’être le seul ! »), Aaron Cel continue de vivre un rêve éveillé. « Jouer pour la Pologne est énorme d’un point de vue sentimental, car je sens la fierté de ma famille, et d’un point de vue sportif. C’est extraordinaire pour quelqu’un comme moi qui n’était pas destiné à vivre cela. Comme quoi il ne faut pas mettre les gens dans une case, comme j’avais l’impression de l’être à l’époque. À 23 ans, tu peux continuer à progresser… » Lui l’a fait jusqu’au statut de joueur emblématique d’un pays, joueur performant de la plus grande équipe de Pologne jamais assemblée. « Il s’est transformé en un stretch 4 remarquable », souligne Mike Taylor. « C’est devenu un vrai joueur de niveau international maintenant », ajoute Abdou M’Baye.

Hormis au cours des compétitions FIBA, la France n’aura plus jamais l’occasion d’être témoin de ses progrès. Revenu en Pro A en 2015, le vainqueur de la Leaders Cup 2016 (avec l’AS Monaco) a terni son image en LNB à cause d’une saison médiocre à Gravelines-Dunkerque. « C’est l’année que j’ai le plus en travers de la gorge. Parfois, il faut accepter que toutes tes ambitions ne peuvent pas devenir réalité. » Un échec compensé par une formidable histoire écrite à Torun depuis cinq ans, et par l’incroyable tournure prise par son parcours depuis l’envol de 2011. « Je me demande des fois si j’aurais eu la moindre sélection en équipe de France », se questionne-t-il. « Peut-être avec les fenêtres, mais quand je vois qu’à mon poste, mon pote Adrien Moerman n’a quasiment jamais joué avec les Bleus malgré sa carrière exceptionnelle… J’en reviens toujours au mec de Pro B qui n’était pas censé faire tout ça. Ma carrière est reconnue en Pologne, j’ai quand même écrit l’histoire du basket polonais, c’est fou de se dire ça ! » Mais plus pour très longtemps ? « Je n’avais pas tilté qu’on pouvait rencontrer les Bleus en cas de qualification », s’exclame-t-il, alors qu’on lui soumet cette possibilité, avant de nous quitter sur une dernière promesse dans un éclat de rire. « Si j’affronte l’équipe de France en demi-finale de l’EuroBasket, j’arrête ma carrière là-dessus ! »

À Berlin,

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