[Vidéo] Deux Nuits Avec Lisa Berkani
Turquie, Espagne, Italie, Allemagne : quand les Françaises envahissent l’Europe
Lou Lopez-Sénéchal joue en Espagne, à Jairis
En 2024, ce sont pas moins de cinq vice-championnes olympiques qui ont quitté la LFB, en rejoignant deux autres, Valériane Ayayi (1,86 m, 30 ans) et Iliana Rupert. Après Marième Badiane (1,90 m, 29 ans) en février, Marine Johannes (1,78 m, 29 ans) et Marine Fauthoux (1,74 m, 23 ans) ont quitté l’ASVEL Féminin pour rejoindre Mersin où elles ont retrouvé Iliana Rupert (1,94 m, 23 ans), qui arrivait elle du club italien de la Virtus Bologne. Gabby Williams (1,80 m, 28 ans) a elle retrouvé Marième Badiane et le duo de coachs françaises Valérie Garnier – Camille Aubert au Fenerbahçe Istanbul. Janelle Salaün (1,88 m, 23 ans) a signé à Schio. De la même génération et également vue en équipe de France, Kendra Chery (1,88 m, 23 ans) est partie en Espagne, à Guernica.
Comme leurs homologues masculins, les joueuses françaises de basketball s’exportent de plus en plus. Attirées par un autre contexte basket et humain, des moyens financiers parfois nettement supérieurs (pour le Fenerbahçe et Mersin), elles bénéficient aussi de l’exposition liée aux résultats des Bleues sur la scène internationale. De plus, avec Internet, le marché est plus ouvert. Car voir jouer les meilleures Françaises à l’étranger est loin d’être nouveau. Dans les années 90, Isabelle Fijalkowski a par exemple joué trois saisons à Côme en Italie. Depuis, les leaders des Bleues ont toute ou presque connu diverses expériences hors des frontières de l’Hexagone. Mais avec les efforts financiers de l’ASVEL Féminin, la LFB concentrait la plupart des internationales français ces dernières années. Et tout d’un coup, la donne s’est inversée.
« Beaucoup de joueuses ont quitté la France cet été, a rappelé le sélectionneur Jean-Aimé Toupane à Ouest-France, avant France – Israël à Caen. Je vais beaucoup me déplacer à l’étranger ces prochains mois. On a déjà 5 joueuses en Turquie, d’autres en Italie ou à Prague. Pour un sélectionneur, c’est important de garder le lien et donc de ne pas voir les joueuses que lors des fenêtres internationales. Il y a les échanges que l’on peut avoir au quotidien, par téléphone, mais il faut aussi du présentiel. Les filles ont besoin qu’on soit avec elles, qu’elles soient en forme ou en méforme. Notre volonté est de garder ce lien-là qui fait que lorsqu’on se retrouve, on a l’impression qu’on ne s’est pas quitté. »
Mais ce qui est nouveau c’est que les stars françaises sont loin d’être les seules à évoluer à l’étranger. Depuis les années 80, certaines se testent en NCAA, le championnat universitaire étasunien. Et comme pour les garçons, elles sont toujours plus nombreuses. Là-bas, elles ont ainsi la possibilité de se faire un nouveau réseau et de se faire connaître auprès des agents locaux, qui ont l’habitude de placer des Américaines un peu partout en Europe. C’est ainsi que Lou Lopez-Sénéchal a lancé sa carrière européenne en Tchéquie avant de rejoindre Jairis en Espagne où elle est revenue une fois sa saison WNBA terminée avec Dallas. L’Espagne accueille donc également Kendra Chery mais aussi Clémentine Samson (1,81 m, 33 ans) joueuse du Celta Vigo depuis 2023. En deuxième division, de nombreuses jeunes joueuses se sont installées, notamment après avoir fait leurs études en Espagne. On pense à Faustine Parra (1,65 m, 24 ans), aujourd’hui joueuse du Barça CBS. Arrivée à Gérone comme étudiante en kinésithérapie, l’ancienne joueuse d’Orthez en a profité pour intégrer le club professionnel local, au point d’évoluer en EuroLeague. A son image, Pauline Laurenson (1,68 m, 20 ans) joue à Séville. Christelle Diallo (1,93 m, 31 ans) s’est également affirmée en Espagne, à Saragosse, avant d’intégrer la diaspora française du championnat turc à l’intersaison, en signant pour le club de Kayseri. Kadiatou Sissoko évolue également en Turquie, après une saison rookie chez les Flammes Carolo, pour le club d’Ormanspor.
17 points de moyenne pour India Farcy, c’est le troisième du championnat
La tendance montre également une hausse de ressortissantes françaises en Allemagne. Telle Joyce Cousseins-Smith – avant sa retraite – ou Margaux Claveau, qui ont respectivement joué en Allemagne, Espagne et Lettonie, on retrouve des tricolores en DBBL. Les jeunes Françaises d’India Farcy (1,76 m, 22 ans) et Eloïse Pavrette (1,91 m, 22 ans) sont pour beaucoup dans le bon début de championnat du TK Hanovre Luchse, troisième de première division avec une victoire de plus que Nördlingen et Mariam Hasle-Lagemann (1,80 m, 23 ans, 3,8 points et 1,7 rebond en 21 minutes). La première tourne à 17 points, 6 rebonds et 4,4 passes décisives de moyenne. Quant à Eloïse Pavrette, son rôle est moindre (3,2 points et 4 rebonds en 15 minutes) mais elle grandit après avoir été au centre de formation de Villeneuve d’Ascq puis en deuxième division italienne.
En deuxième division italienne, c’est là où on retrouve Alexandrine Obouh Fegue (1,90 m, 27 ans). A sa sortie de l’Université de San Diego, la native de Châteauroux a joué en Espagne avant d’arriver en deuxième division italienne. Reconnue pour ses performances en 2023-2024, elle confirme à Udine cette saison (14,8 points et 15 rebonds pour 23,4 d’évaluation). En première division, on retrouve non seulement Janelle Salaün mais également Lisa Berkani (1,75 m, 27 ans), championne avec Venise au printemps dernier, et Sara Roumy (1,81 m, 21 ans). L’ancienne joueuse de Basket Landes s’est émancipée à Keltern en Allemagne la saison passée avant de rejoindre Faenza. Intenable en octobre, elle a été élue MVP du mois.
En Europe de l’Est, on retrouve bien entendu Valériane Ayayi à Prague, en Tchéquie, mais aussi l’internationale française Ana Tadic (1,95 m, 26 ans) à Miskolc, en Hongrie. Deux clubs bien installés en EuroLeague. L’EuroLeague, Madère en est loin. Mais le club portugais a également fait venir une joueuse française, Maëlys Martinet (1,87 m, 25 ans), ancienne joueuse d’Angers, du BCSP Rezé et de Montbrison en Ligue 2.
La notoriété du basketball français et un marché toujours plus international amènent ainsi à ce que de plus en plus de Françaises sortent de nos frontières et des championnats limitrophes (Belgique, Suisse) pour continuer leur carrière.
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