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Des pitons du Carbet aux sommets de l’Europe : la fabuleuse ascension de Mathias Lessort

EuroLeague - Mathias Lessort est monté sur le toit de l'Europe le 26 mai dernier en remportant sa première EuroLeague avec le Panathinaïkos. Le Martiniquais a connu une ascension aussi phénoménale que sinueuse pour devenir à 29 ans, peut être, le meilleur pivot continental.
Des pitons du Carbet aux sommets de l’Europe : la fabuleuse ascension de Mathias Lessort

Mathias Lessort avec son trophée de champion d’Europe

Crédit photo : BeBasket

Chalon-sur-Saône, Nanterre, Étoile Rouge de Belgrade, Malaga, Bayern Munich, AS Monaco, Partizan Belgrade, Panathinaïkos Athènes. 8 clubs en 9 ans. Tel est le parcours de Mathias Lessort (2,06 m, 28 ans). Celui qui a mené le club athénien vers les sommets européens le dimanche 26 mai à Berlin, en finale de l’EuroLeague. Une odyssée et un parcours hors norme, dont le point de départ se situe à Morne-Vert, au cœur de la Martinique.

« On n’avait aucune chance d’être là »

« On vient d’un tout petit village en Martinique. Si petit que les gens ne le connaissent pas et ne savent pas où il est. On n’avait aucune chance d’être là, on n’avait zéro chance. » En quelques mots, Gregory Lessort, le grand frère de Mathias, rappelait les origines de la famille, établies au Morne-Vert, un village de moins de 2 000 habitants perché au milieu des pitons du carbet. C’est en suivant les traces de son grand frère, passé par le centre de formation d’Antibes au début des années 2000 avant de faire carrière entre la Pro B et la N1, où il évolue toujours à 39 ans (aux Sables Vendée Basket), que Mathias a envisagé une carrière dans le basket. Décidé à quitter son cocon pour prendre son envol, le cadet de la fratrie (qui outre Mathias et Gregory, compte aussi Gary, l’aîné) quitte les Antilles pour rejoindre la métropole et le centre de formation de l’Elan Chalon en 2011.

Mathias Lessort a été formé à Chalon entre 2011 et 2016 (photo : Sébastien Grasset)

En trois saisons sous les couleurs bourguignonnes, l’intérieur se fait un prénom. Discret lors de ses deux premières saisons Espoirs (U21), Mathias Lessort explose lors de la saison 2013-2014, signant 15,3 points et 11,4 rebonds de moyenne. Au point de signer son premier contrat professionnel dans la foulée et de s’installer en bleu l’été suivant lors de l’EuroBasket U20 2015 (après un premier Euro discret, en 2014) en Hongrie. L’histoire est en marche.

En progrès sur sa seconde saison pro à Chalon, le natif de Fort-de-France tape dans l’œil de Pascal Donnadieu et de Nanterre, qui décident de le signer. Le mariage fonctionne à merveille. L’Antillais réalise sa meilleure saison dans l’hexagone (10,3 points et 7,2 rebonds) sur le plan individuel, alors que la JSF ravit sa première FIBA Europe Cup. Une année remarquable et remarquée, synonyme d’opportunités par-delà les frontières de notre championnat alors qu’il est retenu en 50e position par les Sixers lors de la draft NBA (ses droits ont depuis été transférés aux Wolves). Désireux de parfaire son développement, Mathias Lessort opte, à l’instar de Leo Westermann, Joffrey Lauvergne, Timothé Luwawu-Cabarrot, Alpha Kaba ou encore Boris Dallo avant lui, pour la Serbie. Il signe alors à l’Étoile Rouge de Belgrade pour 3 saisons.

Mais l’aventure dans les Balkans, bien qu’auréolée d’une seconde place à l’élection du meilleur jeune de l’EuroLeague derrière Luka Doncic, tourne court au bout d’un an. En froid avec son coach, qui lui place un concurrent dans les pattes en plein milieu de saison (Alen Omic), pris en grippe par les supporters, l’international rompt son contrat et file vers Malaga se relancer. Une porte de sortie et la découverte de la Liga Endesa, meilleur championnat d’Europe. Mais une fois de plus, Mathias ne s’éternise pas en Andalousie. Direction l’Allemagne et le Bayern Munich. L’occasion notamment de retrouver l’EuroLeague. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. En concurrence avec l’ex NBAer Greg Monroe au poste 5, peu responsabilisé par son entraîneur, Sasha Djordjevic, le Martiniquais ne fait pas long feu en Bavière et décide de se relancer en France à l’été 2020.

Performant sous le maillot de Monaco en 2020-2021, Mathias Lessort est retenu dans le meilleur 5 de l’EuroCup (Sebastien Grasset)

Mathias Lessort s’engage à Monaco et signe, à l’instar de son expérience nanterrienne, une saison convaincante sur le Rocher, tant à titre personnel que collectif. Élément majeur de la Roca Team (11,0 points à 61,5% de réussite aux tirs et 5,7 rebonds de moyenne), il remporte l’EuroCup et décroche ainsi son second titre continental. Pourtant, le médaillé de bronze à la coupe du Monde 2019 en Chine n’est pas conservé en principauté. Élu dans le 5 type de l’EuroCup, décrit par Wilfried Yeguete, son coéquipier d’alors, comme le « MVP de Monaco » sur la campagne européenne, Mathias Lessort et ses représentants ne parviennent pas à trouver d’accord pour prolonger l’expérience. Remplacé par Donta Hall (2,06 m, 26 ans), moins cher (300 000 euros, contre une demande d’un contrat de 600 000 euros pour Lessort), l’ex-Chalonnais retourne sur le marché. Sans club durant l’été, il s’engage finalement pour une pige médicale de deux mois au Maccabi Tel-Aviv pour y retrouver l’EuroLeague.

Et s’il est bien de retour au sein de la compétition reine avec le Club Nation, l’intérieur bondissant s’offre, surtout, une exposition sans pareil pour trouver un nouveau point de chute. Monstrueux d’efficacité sous la tunique jaune et bleue (7,4 points à 73,7%, 3,4 rebonds, et 1, 0 interception de moyenne en moins de douze minutes de temps de jeu), Mathias Lessort tape notamment dans l’œil de l’ennemi juré de l’Etoile Rouge, le Partizan Belgrade, qui, encore en EuroCup, décide de l’engager à plus long terme.

Le Français retrouve une ville qu’il connait bien et prend vite ses marques au sein de l’équipe coachée par la légende Zeljko Obradovic. Lessort poursuit son entreprise de démolition de l’EuroCup la première année (13,1 points à 63,4%, 6,4 rebonds et 1,0 passe décisive de moyenne), avant d’exploser véritablement aux yeux de l’Europe en 2022-2023, en EuroLeague cette fois. L’international tricolore enchaîne les perfs autant qu’il régale les 18 000 spectateurs de la Stark Arena de ses dunks rageurs, au point de devenir l’idole de tout un peuple. Et s’il échoue aux portes du Final Four d’un rien, la reconnaissance tant attendue est enfin arrivée : Mathias Lessort, retenu dans le cinq idéal de la compétition, est consacré meilleur pivot d’Europe par les spécialistes.

Première recrue du Panathinaikos à l’intersaison 2023

En fin de contrat à Belgrade, Mathias Lessort tente le pari du Panathinaïkos l’an dernier. « C’est notre premier transfert (l’été dernier). C’était ma décision. C’est un joueur d’énergie », a rappelé son coach Ergin Ataman lors du Final Four. Le pivot de 2,06 m rejoint une équipe qui sort d’une saison catastrophique sur le strict plan sportif, terminant à la 17e place, sur 18 devant l’ASVEL, du dernier exercice d’EuroLeague. Un résultat indigne de l’institution qu’a été, avec l’Olympiakos, l’autre équipe d’Athènes, des décennies durant. Il ne le sait pas encore, mais il vient de réussir un coup de maître.

Car sous la coupe d’Ergin Ataman, double vainqueur des EuroLeague 2021 et 2022 avec l’Anadolu Efes, débarqué comme lui à l’été au Pana, et à la faveur de renforts de choix (Juancho Hernangomez, Kendrick Nunn), les résultats ne se font pas attendre longtemps. La mayonnaise prend en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et le club athénien retrouve de sa superbe. Un retour sur le devant de la scène continentale auquel Mathias Lessort est loin d’être étranger. Dans la lignée de sa magnifique saison précédente, l’Antillais enchaîne les cartons (13,9 points à 62,6%, 6,4 rebonds, 1,3 passe décisive et 0,9 contre de moyenne) et prend une nouvelle dimension au sein d’une écurie qui termine dauphin du Real Madrid au classement de la saison régulière (23 victoires pour 11 défaites, à égalité avec Monaco).

La suite est plus belle encore. Le Pana se fraie un chemin jusqu’au Final Four de Berlin et rafle la mise au nez et à la barbe de Merengue KO debout face aux assauts de Kostas Sloukas (élu MVP) et, bien entendu, de Mathias Lessort. L’ancien Munichois crève l’écran et claque deux perfs XXL en demi-finales face au Fenerbahçe (17 points, 10 rebonds et 5 passes décisives pour 20 d’évaluation) puis en finale face au Real (17 points et 6 rebonds pour 22 d’évaluation). Mieux, en martyrisant la raquette turque, puis en muselant le duo Tavares/Poirier, limité à 12 points et 8 rebonds pour 14 d’évaluation cumulée, le meilleur défenseur de la Ligue Adriatique en 2023 s’impose naturellement comme le meilleur pivot continental. Une consécration tant individuelle que collective qui fait chavirer Mathias Lessort, ému aux larmes alors que les supporters du Pana, ivres de bonheur de voir leur équipe remporter l’EuroLeague pour la première fois depuis 2011, hurlent à tout rompre dans les travées de la Uber Arena de Berlin.

Mathias Lessort
Mathias Lessort et Kostas Sloukas ont roulé sur le Real Madrid en finale de l’EuroLeague pour offrir au Pana son 1er sacre en 13 ans (photo : EuroLeague)

Et puisque 2024 sera définitivement une année à marquer d’une première blanche, les semaines à venir s’annoncent tout aussi palpitantes pour le joueur de 28 ans. Qualifié pour la finale du championnat grec après leur promenade de santé face à Peristeri en demi-finales, le Panathinaïkos et Mathias Lessort affronteront leur grand rival, l’Olympiakos, pour le titre dès ce mercredi (5 juin). Une dernière marche où les Vert sont donnés favoris alors que Moustapha Fall (2,18 m, 32 ans), blessé, va rater l’intégralité de la série. L’occasion rêvée pour le Tricolore de glaner un deuxième championnat national après la Ligue adriatique en 2022.

Une mise en bouche avant le plat principal pour Lessort, qui retrouvera les Bleus en préparation des Jeux olympiques de Paris dès le 17 juin prochain. Présélectionné par Vincent Collet et logiquement pressenti pour prendre part à ses premiers J.O. au regard de ses performances et de son profil, le Martiniquais pourrait donc terminer la saison 2023-2024 en apothéose.

Mathias Lessort doit désormais s’imposer en équipe de France (photo : FIBA)

Dix années, aussi riches que sinueuses, se sont écoulées entre sa sortie du centre de formation de l’Élan Chalon et son sacre de Berlin le 26 mai dernier. Dix années pour surmonter les doutes et les échecs pour celui qui ne « devait pas être là ». Mais, surtout, dix années à travailler sans relâche pour s’établir, enfin, tout en haut de la hiérarchie des pivots du vieux continent. Et la folle ascension n’est peut être pas terminée. Sous contrat avec le club grec jusqu’en 2025, le natif de Fort-de-France aura l’occasion de tenter un back to back inédit dans l’histoire de l’institution hellène en EuroLeague. L’occasion peut être, aussi, de s’établir durablement au sein d’un club dont il est devenu, là encore, l’une des idoles.

Commentaires


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madaballer
Bèl article! Imaginez seulment Monaco actuel avec lui en plus !
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