La JL Bourg attendue dans l’enfer d’Istanbul : « Une ambiance dont on parlera encore dans 10 ans »
Les ultras du Besiktas lors du match disputé au Sinan Erdem Dome en décembre face au Fenerbahçe
« Déjà que l’ambiance allait être chaude, là ça va être l’enfer », prédit Romain Hanskens, spécialiste du basket turc… Les mésaventures vécues par les supporters turcs ayant parcouru 1 000 kilomètres en bus pour se retrouver refoulés à l’entrée d’Ékinox mardi, même parmi les rares possédant un billet, n’ont cessé de circuler à travers les boucles Telegram et les comptes Twitter des ultras du Besiktas Istanbul, les Çarşı, évidemment retravaillées à leur avantage, sans tentative d’entrée en force. Et quand un club se targue de posséder 20 millions de supporters à travers le monde, dixit Dusan Alimpijevic, cela fait du monde au courant désormais…
Nouveau n°2 du Besiktas Istanbul, président du conseil d’administration, Özkan Arseven a soufflé sur les braises dès mardi soir, dénonçant un match aller joué dans « des conditions inhumaines et antisportives », précisant que le Besiktas ferait valoir tous ses droits après cette rencontre. Vu que la démagogie a encore de beau jour devant elle, les réactions des supporters n’ont pas été beaucoup plus mesurées ensuite, allant même jusqu’à évoquer « l’attitude raciste et fasciste » de la JL Bourg et des forces de l’ordre dans un communiqué…
Pes etmek bizim ruhumuzda yok 🦅🦅
Rakip takımın salonlarına geldiğimiz andan itibaren başta Büyük Beşiktaş Taraftarımıza ve takımımıza uyguladığı spora ve insanlığa yakışmayan davranışlarının altında oynanan bu maçta tüm haklarımızı sonuna kadar arayacağımızı bildirmek… https://t.co/DIfqyTxusr
— Özkan Arseven (@ozkanarseven) March 26, 2024
Quand Timo Werner était contraint de sortir face à l’ambiance du Besiktas…
De quoi mettre sous pression une cocotte minute qui n’avait déjà pas besoin de ça pour exploser… Les supporters du Besiktas Istanbul font partie des plus impressionnants de la planète, capables de battre un record de décibels dans un stade de football (141 décibels en 2013), alors que le seuil de douleur est fixé à… 120 décibels. Demandez-donc au footballeur allemand Timo Werner, forcé de sortir à la 32e minute d’un match de Ligue des Champions en 2017 contre le Besiktas, victime d’étourdissements face au bruit infernal du Vodafone Stadium. « Timo a été victime de problèmes circulatoires et respiratoires », disait alors à l’AFP son entraîneur de l’époque, Ralph Hasenhüttl. « Il est impossible de préparer votre équipe à une ambiance comme ça. Le bruit est assourdissant. Mes joueurs ont été submergés par cela en première mi-temps. » Alors, que vaut-il mieux entre 43 000 fans dans un stade à ciel ouvert ou 16 000 dans une salle fermée ?
Club omnisport, le Besiktas Istanbul fonctionne sur le même modèle que ses homologues stambouliotes, le Galatasaray ou le Fenerbahçe. Sur les matchs lambda, seul le noyau de vrais fans de basket suit l’équipe, avec une moyenne de 2 000 spectateurs en saison régulière, mais sur les grandes rencontres, tous les supporters du club (et non de l’équipe) se mobilisent. D’autant plus quand le club sort d’une période déprimante : ainsi, le Besiktas n’a plus disputé de demi-finale européenne depuis son sacre lors de l’EuroChallenge 2012 (face à Chalon en finale) et a même frôlé la relégation en deuxième division turque l’an dernier (16e sur 18 de BSL) !
En finale de l’EuroCup 2016, face aux 11 400 furieux du Galatasaray, la SIG Strasbourg avait fait les frais de cette ambiance surréaliste, vite distancée en début de match par le Galatasaray, après avoir pourtant remporté la manche aller au Rhénus. « Avant même qu’on arrive là-bas, la salle était déjà remplie », nous racontait Romain Duport en 2018. « On entendait crier de dehors. Les supporters étaient complètement dingues, on n’avait jamais vu une ambiance pareille. Quand on arrive sur le terrain pour l’échauffement, on ne s’entend même pas parler. Et quand le match commence, c’est encore pire, on n’entendait même plus les arbitres siffler. C’était de la folie et je ne pense pas que je revivrais un jour quelque chose de similaire. »
« Un vrai moment de groupe, d’équipe, de club »
Si la JL Bourg a suggéré mardi (86-74) qu’elle était une meilleure équipe de basket, plus complète, cette ambiance sera véritablement un élément à prendre en compte vendredi. « On va en parler car ce n’est pas anodin comme contexte », acquiesce Frédéric Fauthoux, qui, lorsqu’il était meneur de Pau-Orthez, se nourrissait de ces accueils volcaniques. « J’ai déjà joué au Pionir plein à craquer et très hostile, ce sont des vraies bonnes ambiances qu’on a envie de vivre et de revivre ! » Le problème, c’est que personne n’en a trop l’habitude dans son groupe, avec des joueurs plutôt biberonnés à Ékinox, l’Astroballe ou la Halle Parsemain, pas vraiment les salles les plus bouillantes d’Europe… « Je garde ce que je vais dire pour mes joueurs mais j’ai déjà mes petits mots pour eux ! Ce sera un vrai moment de groupe, d’équipe, de club. »
À Bursa, où l’ambiance était déjà extrêmement agressive, ou à Ankara fin janvier (victoire 68-64), la JL Bourg a déjà goûté au traitement turc ces dernières saisons. Mais certainement rien de similaire à l’accueil de vendredi soir, dans une arène intégralement habillée en blanc, avec les ultras du foot attendus.. « À mon avis, les joueurs parleront encore de ce match dans 10 ans », prédit Romain Hanskens. « Ce sera une ambiance terrible. » En décembre, le Besiktas avait déjà rempli le Sinan Erdem Dome pour recevoir son voisin Fenerbahçe, avec un court succès à la clef (68-64). « On va recevoir une énergie folle des tribunes », se réjouit Dusan Alimpijevic. Mais au final, si le bruit pourra certes peser, la vraie décision se fera à cinq-contre-cinq. « Rassurez-moi, les 16 000 ne vont pas jouer non ? », rigolait Freddy Fauthoux lundi. Non, mais ils se feront entendre. Surtout que cette fois, tous devraient pouvoir entrer…
Commentaires