ITW Julien Mahé : « On ne va pas s’ennuyer » avec Nolan Traoré
Julien Mahé et Nolan Traoré vont vivre une saison pleine ensemble.
Promu en Betclic ELITE l’an dernier, Julien Mahé a mené Saint-Quentin jusqu’en playoffs pour son retour en première division. Le technicien breton est revenu avec nous sur la belle saison du SQBB et sur la perspective de jouer la Coupe d’Europe l’année prochaine. L’occasion aussi d’évoquer le recrutement du club pour 2024-2025, à commencer par la prolongation de Nolan Traoré (1,91 m, 18 ans). Entretien.
Promu en Betclic ELITE l’été dernier, vous avez réussi à qualifier le SQBB en playoffs cette année. Quel bilan tirez-vous de cette saison ? Quelles sont vos satisfactions ?
Il n’y a quasiment que des satisfactions. On est arrivés sur la pointe des pieds. La montée n’était pas prévue donc on arrivait avec beaucoup d’incertitudes. On avait construit un effectif avec des paris, mais aussi cinq joueurs qui connaissaient déjà le club, donc on a pu construire autour d’eux et ça nous a aidé a aller dans la bonne direction dès le début. Il y a donc beaucoup de satisfactions. C’était l’année que tout le monde craignait et on a réussi à obtenir des résultats excellents, à emmener un peu de fraîcheur à la Betclic ELITE, et à surprendre beaucoup de monde. À la fois par la qualité du jeu proposé, mais aussi par le fait de mettre de jeunes joueurs sur le terrain. Sans même parler de l’ambiance dans notre salle, qui est, je pense, l’une des plus chaudes de la division. Ça fait donc beaucoup de satisfactions. C’est un beau parcours. Un parcours avec de la régularité. On a réussi à se qualifier pour la Leaders Cup, puis pour les playoffs. L’équipe a bien tourné tout de suite malgré un calendrier difficile qui nous a vu affronter Paris, Monaco et l’ASVEL sur nos 4 premiers matchs.
Êtes-vous surpris par ce que vous avez accompli pour votre première saison dans l’élite ?
Nous, on travaille. On a une méthode qui fonctionne. Il fallait l’adapter à la Betclic ELITE et au contexte. Évidemment que j’ai été surpris. Mes joueurs m’ont surpris. On avait une équipe très jeune et ils ont été capables d’aller chercher des gros matchs à domicile comme à l’extérieur, et de renverser des situations mal embarquées, etc. Donc oui, le scenario m’a surpris. Je ne m’attendais pas à ça. On a su se relever d’une seule mauvaise série qu’on a connu au mois de novembre. Et après, on a réagi contre Bourg-en-Bresse et c’était reparti. Clairement, on ne s’attendait pas à une telle saison.
« La BCL, je m’attends à quelque chose d’extraordinaire »
Vous allez jouer la Ligue des Champions (BCL) la saison prochaine. Qu’est cette coupe d’Europe va changer pour le club ? Comment vous y préparez-vous ?
Là-aussi, ça a été une surprise. Compte tenu des communications de la ligue, on savait que les équipes qui atteindraient les playoffs auraient la possibilité de jouer la coupe d’Europe. Mais on se qualifie directement à la BCL d’un rien puisque nous accrochons la 6e place du classement sur un point-average favorable par rapport à Cholet et au Portel. Maintenant c’est sûr que c’est une opportunité extraordinaire pour le club, de pouvoir se mesurer à une compétition qui a pris de l’ampleur cette dernière année. Quand on voit regarde les équipes engagées, c’est fou d’y voir le logo du SQBB y figurer (rires). C’est beau. C’est une magnifique opportunité. C’est comme ça qu’on prend les choses depuis le début. L’an dernier, l’une de nos forces, quand on a débuté en Pro A, c’était de n’avoir peur de personne. Tout le monde nous voyait redescendre donc on a joué sans peur. C’était une opportunité et on la saisit. Là, il va falloir faire de même. Évidemment, il faut s’y préparer, à commencer par le recrutement. On sait qu’il va falloir se préparer différemment car après on va enchaîner sur un rythme de deux matchs par semaine. On a l’habitude de prendre des jeunes joueurs, de faire des paris, notamment parce que notre budget ne nous permet pas de faire autrement. Donc on a l’habitude d’avoir une équipe qui progresse au fil de la saison par le travail. Là, il va falloir faire différemment. Mais c’est une magnifique opportunité, on va tous gagner en expérience, et ça va permettre à nos joueurs de disputer des matchs de haut niveau européen.
Vous n’avez pas peur de vous mettre en danger pour le maintien, à courir deux lièvres à la fois ?
Je comprends l’approche, mais je n’ai pas envie de voir les choses de cette façon-là. C’est une aventure extraordinaire. On amène le SQBB en BCL. Peut être que nous aurons des difficultés à un moment donné mais je n’ai aucune envie de voir les choses de cette manière. Sinon il ne faut pas y aller ! On a tous envie de vivre cette aventure. Ça vaut le coup de la tenter. Aujourd’hui, il se passe quelque chose à Saint-Quentin autour du basket. C’est le retour de la Coupe d’Europe ici, pour 3 matches à domicile a minima. Et je m’attends à quelque chose d’extraordinaire. Dans ce club-là, on fait aussi ça pour le public. C’est une ville passionnée et je suis heureux de pouvoir leur offrir de nouveau de belles soirées européennes.
Saint-Quentin construit « autour » de Nolan Traoré
La Coupe d’Europe vous oblige-t-elle à vous doter d’un effectif plus fourni ?
Il y a deux aspects qui font que nous partirons avec un groupe de 11 joueurs. La BCL, mais aussi les nouvelles règles de la LNB applicables la saison prochaine (limitation à 3 changements maximum entre la 1ère journée de championnat et le 28 février inclus, moyennant le paiement d’un « coût de recrutement » par progressif). Une décision des instances que je comprends, et qui va permettre de fidéliser davantage les joueurs pour plus de lisibilité, mais qui désavantage quand même les clubs à faible budget. Car quand vous prenez un pigiste parce que les choses se passent mal et que vous devez pour cela payer 2 500€, 10 000€ ou 15 000€ en fonction du nombre de joueurs auquel vous faites appel, c’est dur. Pour certains cela ne change rien mais pour nous ce n’est pas négligeable. Pour autant la règle va dans la bonne direction. Mais il nous faut l’anticiper. Et la signature de Mohamed Diakite va aussi dans ce sens là. On va donc partir à 11.
Vous avez réussi à prolonger Nolan Traoré face à une rude concurrence. Qu’est ce qui a fait la différence selon vous ? Qu’attendez-vous de lui l’an prochain ? Sera-t-il titulaire ?
Il était à la recherche du meilleur environnement possible pour faire une année complète, avoir des responsabilités et se préparer au mieux pour la Draft. Je pense qu’il l’a trouvé. Évidemment, les semaines passées ensemble nous ont permis à chacun de voir comment ça fonctionnait, qu’il s’agisse du sportif ou de l’humain. On est un club à taille humaine, familial. Un club sain. Donc intéressant pour un jeune joueur. Et il sait qu’il aura des responsabilités. Concernant son développement, il y a encore beaucoup de choses à travailler. Et c’est ça qui m’intéresse. Évidemment, il a montré de très belles choses sur la fin de saison, mais ce qui m’a plu, c’est son envie de continuer de progresser et de travailler dur, et son envie de gagner. Il a progressé à chaque sortie ou presque et ça c’est très positif pour la suite. Mais il y a encore des aspects du jeu à améliorer, offensivement comme défensivement. On a rapidement su qu’il serait avec nous, donc c’est plus facile de construire autour de lui. Mais il y a évidemment des choses à lui faire travailler. Pour l’instant, il a très peu d’expérience des matchs de très haut niveau, qui se jouent sur des détails. Il y a beaucoup de points techniques et tactiques qu’il va encore devoir travailler. Et physiquement, il va encore devoir s’étoffer. On ne va pas s’ennuyer.
Mohamed Diakite, un « potentiel illimité »
Vous avez attiré un autre prospect français en la personne de Mohamed Diakite. Comptez-vous sur lui dès la saison prochaine ? Y a-t-il une volonté de continuer de s’inscrire dans un projet jeunes au SQBB ?
Mohamed Diakite (2,05 m, 18 ans) est un projet pluriannuel. Il a un potentiel illimité. Physiquement, il est très intéressant. Aujourd’hui, on a besoin de polir le diamant pour voir comment il peut se développer dans un basket professionnel. Ça va nous demander du temps. Combien ? On ne sait pas. Mais s’il est bon, il jouera. Quoiqu’il arrive il aura sa chance. Il le sait. C’est un garçon qui sait aussi qu’il va falloir faire preuve de patience. On a développé une certaine expertise en la matière au SQBB. On l’a fait dès la Pro B. C’est quelque chose que le club va poursuivre. Après, ça dépend de la qualité des jeunes qu’on est capables d’attirer. La différence, c’est qu’aujourd’hui on est sollicités pour accueillir de jeunes prospects. Il y a quatre ans c’était l’inverse (rires). Tâche à nous d’être exigeants sur le profil de ces jeunes joueurs pour les faire avancer. Là on a deux projets différents. L’un avec davantage de précocité, mais les deux sont très excitants. Est-ce que le club continuera dans cette voie ? Je l’espère. On ne peut jamais savoir à l’avance. On ne mise pas sur des jeunes par principe. On le fait parce qu’on pense avoir les bons joueurs pour le faire. On n’est plus en Pro B. Le niveau d’exigence est monté d’un cran.
Vous avez prolongé de nombreux joueurs et enregistrez par ailleurs les arrivées de Giovan Oniangue et Marcus Santos Silva (entretien réalisé avant la signature de Noah Kirkwood, ndlr) ? Êtes-vous satisfait de votre recrutement jusque-là ? Y a-t-il d’autres mouvements à venir ?
Oui, on est satisfaits du recrutement jusqu’ici. On a déjà eu une première phase de prolongations contractuelles très importante, qu’il s’agisse de Lucas Boucaud, Nolan Traore, Loïc Schwartz, ou William Pfister. C’était pour nous la priorité et on est très heureux d’y être parvenus, car ce sont des garçons qui ont montré beaucoup de qualités cette saison. D’autant qu’on savait qu’on ne pourrait pas lutter pour garder Mathis Dossou-Yovo (2,06 m, 23 ans) et Melvin Ajinca (2,02 m, 20 ans), qui ont fait un travail exceptionnel et qui sont des super mecs. Ça, c’était la première phase de notre recrutement, et on est très contents de ce qui a été réalisé. Ensuite, il a fallu se concentrer sur le recrutement de joueurs français car il nous en manquait. Je suis donc très heureux de l’arrivée de Giovan Oniangue (1,98 m, 33 ans), un joueur avec qui j’ai apprécié travailler à Gravelines. Je suis très content qu’il nous rejoigne. C’est un JFL référencé dans notre championnat, qui a gagné des titres et ce n’est pas rien. Ça montre aussi l’attractivité qui est la nôtre aujourd’hui. Maintenant, on s’évertue à trouver les joueurs étrangers qui viendront compléter notre effectif. On travaille pour continuer de proposer une équipe avec des qualités d’énergie, d’intensité et de collectif.
Mathis Dossou-Yovo a quitté le club pour Oldenbourg en Allemagne. Avez-vous tenté de le retenir ? Qu’est ce qui a bloqué ?
On n’a aucun regret. On connaît notre rôle à Saint-Quentin. Et notre rôle, c’est de prendre des garçons, de les faire évoluer et de leur permettre d’aller vers des projets de meilleur niveau, plus rémunérateurs, etc. Mathis c’est un garçon pour qui j’ai une affection toute particulière. On a vécu deux saisons magnifiques. Il était assez naturel pour lui d’aller vers autre chose. On n’avait pas véritablement la capacité à lui offrir quelque chose qui corresponde à sa valeur d’aujourd’hui. Il était hors de question de lui manquer de respect, car c’est un joueur qui a marqué le club de son empreinte, en étant élu MVP de Pro B la saison passée et meilleur marqueur de l’équipe cette année. Il avait cette envie en lui, de partir à l’étranger, et il a été très transparent avec nous. Il va jouer dans un club très organisé avec un des meilleurs coachs du championnat allemand, donc il a tout pour continuer sa progression et je suis très heureux pour lui.
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